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De faïence

Publié le 23 janvier 2021
Par Laurent Lefort
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Avenue des Ternes à Paris. Sephora, Gap et Celio annoncent leur fermeture prochaine. De grands magasins pratiquement à côté les uns des autres, tous trois victimes annoncées de la crise sanitaire et économique. Et pourtant, aussi surprenant que cela puisse paraître, le nombre de défaillances d’entreprises – 32 184 procédures enregistrées – a atteint en 2020 son plus bas niveau depuis 1987. 20 000 procédures collectives de moins qu’en 2019, selon le cabinet d’études Altares. Ne nous y trompons pas, dans un pays où le PIB a plongé de 9 % en quelques mois, cette résistance ressemble plus à une mise sous perfusion qu’à un pronostic déjoué. L’aide des pouvoirs publics et l’adaptation du droit ont incontestablement servi de coussin protecteur. Les pharmacies épousent cette tendance générale avec, selon Interfimo, une baisse de 40 % des ouvertures de procédures collectives à fin juin 2020, par rapport au premier semestre de l’année précédente. Un résultat encourageant à mettre à l’actif de la restructuration en cours du tissu officinal. Pour autant, les baisses de chiffre d’affaires constatées mois après mois dans certaines métropoles françaises interrogent. D’autant que les coûts de fonctionnement importants ne trouvent plus l’indispensable compensation qu’offrent un trafic et une fréquentation dynamiques. Ce qui aboutit à des situations d’ores et déjà inévitablement tendues pour des pharmacies qui ont fait de l’activité touristique une « spécialisation ». Résistante à l’usure, l’officine, mais avec un émail parfois fragile. Comme une faïence.

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