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Télésoin : il n’attend que vous !
À l’instar de la téléconsultation qui met en relation patients et médecins ou sages-femmes, le télésoin permet de bénéficier d’un soin à distance avec un pharmacien ou un auxiliaire médical. Techniquement, les pharmaciens utilisent la vidéotransmission pour, notamment, accompagner leurs patients chroniques ou effectuer des bilans de traitements médicamenteux. Alors que la rémunération des accompagnements en télésoin est identique à celle des accompagnements en présence du patient, cette pratique reste encore dans un flou technique et réglementaire. Contrairement à la téléconsultation et bien qu’inscrit dans le Code de la santé publique depuis juillet 2019, le télésoin ne fait, pour l’heure, pas l’objet de certification ou d’agrément.
Certifications techniques à la traîne
« Un vieux référentiel a, certes, été établi en 2021 sur la télésanté en général… mais il nous faut le dépublier. Il n’est plus du tout à jour. Sur le télésoin, nous n’avons pas conçu de cadre opposable [ensemble de règles dont l’inobservation entraîne des conséquences voire des sanctions, NDLR] », admet Jean-Marc Chevilley, directeur de projets à la Délégation au numérique en santé (DNS). « Après le Covid-19, c’est la téléconsultation qui a été notre priorité. Voulant mettre un peu d’ordre dans ce qui avait été fait, nous avons donc privilégié l’élaboration de certifications dans ce domaine. Quant au télésoin, pour l’instant, l’utilisation d’outils, tels que fournis par les groupements régionaux d’appui à l’e-santé [Grades], est tout à fait pertinente en attendant que nous nous penchions sur un référentiel de certification. » Sur les 27 pages de sa feuille de route 2023-2027 du numérique en santé, le mot télésoin n’étant employé que dans une courte phrase, cette certification pourrait demander du temps.
Les pharmaciens ont le champ (plutôt) libre…
Pour l’heure, les pharmaciens ont donc une certaine latitude quant à cette pratique. Interrogée, la Haute Autorité de santé (HAS) indique tout de même qu’« un appel téléphonique n’est pas considéré comme un télésoin » et recommande « la vidéotransmission qui permet aux interlocuteurs à la fois de s’identifier et de communiquer plus aisément ». Elle ajoute que « la vidéotransmission est un critère déterminant pour constituer un “télésoin” qui permet le remboursement par la Sécurité sociale ». Pour encourager le développement de la pratique, les Grades des Hauts-de-France, d’Auvergne-Rhône-Alpes, d’Occitanie et des Pays de la Loire ont mis à disposition des pharmaciens des plateformes permettant les échanges en télésoin. « La nôtre est gratuite et satisfait techniquement aux obligations de sécurité sur les données de santé, indique Thierry Durand, administrateur du groupement technique du Grades d’Auvergne-Rhône-Alpes. Mais alors que 10 000 téléconsultations sont réalisées par mois, le nombre d’actes réalisés en télésoin reste infime. »
… et plutôt vide
Promesse d’augmentation de l’efficacité des soins et de la rémunération des missions, et alors qu’il n’est quasiment pas régulé, le télésoin reste donc peu développé. « Dans notre région, les missions qui auraient pu donner lieu à du télésoin ont été peu nombreuses et les patients se déplacent encore en pharmacie », poursuit-il. Titulaire dans les Hauts-de-France, Grégory Tempremant avait persuadé son agence régionale de santé durant la crise du Covid-19 d’ouvrir l’outil Prédice aux pharmacies, outil initialement prévu pour les téléconsultations, afin de pouvoir poursuivre les entretiens en vidéotransmissions. Si ce télésoigneur de la première heure admet à présent une faible pratique par manque de temps et d’organisation, il mise volontiers sur son développement à mesure que les missions se développeront, notamment celle sur les anticancéreux au long cours.
À associer aux nouvelles missions ?
« Ces médicaments étant chers et souvent absents des stocks, les officines qui les commandent peuvent répondre à leurs patients qu’elles les recevront le lendemain et que lors de leur délivrance – s’agissant de ces médicaments particuliers –, un entretien d’une dizaine de minutes notamment sur les effets indésirables serait à envisager. Les patients sont souvent demandeurs. C’est le traitement idoine pour entamer un entretien en présence, puis en télésoin », poursuit-il. Facilement identifiable et générant des difficultés de technique d’inhalation, l’asthme se prête aussi, selon Grégory Tempremant, quoique dans une moindre mesure, aux entretiens en présentiel et en télésoin. Moins considéré que la téléconsultation et la téléexpertise par les pouvoirs publics et les pharmaciens eux-mêmes, le télésoin en pharmacie est encore à l’état embryonnaire, alors qu’il promet d’être un excellent levier d’efficacité des soins et de rentabilité de l’officine. Une fois la téléconsultation et les missions aux patients chroniques entrées dans les mœurs, peut-être finira-t-il par trouver sa place ?
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