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Substituts nicotiniques : un marché en pleine santé
Dopés par leur remboursement à 65 % (sur prescription), depuis le 1er janvier 2019, les substituts nicotiniques ont encore et toujours le vent en poupe, réalisant une croissance de + 7,1 %, en valeur (source Gers, décembre 2024). Une progression « colossale », estime Jonas Imbertesche, chef de produits au sein des laboratoires Pierre Fabre, si l’on se réfère au poids du marché (191,3 millions d’euros, Gers). Représentant 91,9 % de parts de marché (PDM) à + 9,1 % (en valeur, Gers), les produits éligibles au remboursement drivent le secteur (versus les références non remboursables, en baisse avec – 11,2 %, Gers). « Depuis 2020, leur part n’a cessé de progresser (+ 43 %, en volume) et permet d’élargir le nombre de patients traités. D’année en année, nous observons une belle dynamique », constate Florence Masson, responsable communication et marketing chez EG Labo. Leur commercialisation ne procède cependant pas systématiquement d’une prescription médicale (58,4 % des ventes, en volume, Gers), les formes buccales étant vendues autant sur prescription qu’en over the counter (OTC). Cette dynamique n’est pas près de s’éroder alors que le vivier de fumeurs qui veulent décrocher reste considérable : en 2022, un quart des Français déclaraient fumer quotidiennement et, parmi eux, une majorité (59,3 %) indiquait souhaiter arrêter de fumer (Observatoire français des drogues et des tendances addictives, « Carrières tabagiques et expériences d’arrêt », mars 2024). Aussi, la bonne visibilité de la catégorie à proximité des équipes officinales est-elle jugée essentielle, car elle permet de « déclencher une discussion au comptoir », explique Jonas Imbertesche.
Des politiques de santé publique efficaces
Autrement dit, les substituts nicotiniques sont adoptés et approuvés par de nombreux patients. Les politiques successives de santé publique contre le tabagisme expliquent l’embellie durable du marché étudié et l’adhésion des fumeurs aux traitements nicotiniques : communications ciblées (campagnes gouvernementales, opération annuelle « Mois sans tabac »), mise en place du dispositif téléphonique Tabac Info Service, interdiction de fumer dans de plus en plus de lieux publics, instauration du paquet neutre et hausse récurrente et notable du prix du tabac (le prix moyen du paquet de cigarettes sera porté à 13 € d’ici 2027). Hausse « qui constitue un puissant facteur dissuasif de l’entrée dans la consommation », note l’Agence nationale de santé publique. Mais aussi un motif pour arrêter : « À chaque hausse du prix du paquet de tabac, nous observons une forte augmentation de nos ventes », indique Jonas Imbertesche. L’interdiction récente des cigarettes électroniques jetables (« puff »), prisées des plus jeunes, dans le cadre du programme national de lutte contre le tabac 2023-2027, parachève cette politique agressive.
Chiffres clés
- + 7,1 %, en valeur. Le remboursement des substituts nicotiniques par l’Assurance maladie soutient le marché officinal. La possibilité qui sera donnée aux pharmaciens de prescrire ces traitements en direct devrait accroître le dynamisme du secteur.
- + 6,2 %, en volume. Formes buccales et patchs progressent de concert, la bithérapie faisant office de voie royale pour décrocher du tabac. Si les solutions naturelles ne contribuent pas (encore) à l’essor du secteur, elles ont l’avantage de répondre à la demande de certains patient
- 70 %. Un fumeur a 70 % de chances supplémentaires de réussir à arrêter de fumer quand il est accompagné par un professionnel de santé (association Santé respiratoire France)
Top 5 labos (PDM en valeur et évolution du CA) :
1. Pierre Fabre Médicament : 47,6 % (CA à + 7,2 %)
2. Kenvue : 34,6 % (CA à + 10,2 %)
3. Haleon France : 10,3 % (CA à + 10,5 %)
4. EG Labo : 4,4 % (CA à + 20 %)
5. Perrigo : 2,9 % (CA à – 34,6 %)
Top 5 produits (PDM en valeur et évolution du CA) :
1. Nicopatchlib 21 mg : 14,8 % (CA à + 12 %)
2. Nicopass 1,5 mg menthe : 12,5 % (CA à – 7,6 %)
3. Nicopatchlib 14 mg : 8,1 % (CA à + 9,9 %)
4. Nicopass 1,5 mg eucalyptus : 4,4 % (CA à + 48,7 %)
5. Nicopatchlib 7 mg : 4,1 % (CA à + 13,6 %)
Segmentation du marché (PDM en valeur) :
- Formes buccales (gommes à mâcher, pastilles, comprimés à sucer, etc.) : 56,4 % du marché en valeur
- Patchs : 39,5 % du marché en valeur
- Sprays : 4 % du marché en valeur
- Oraux (« inhaleurs ») : 0,1 % du marché en valeur
(Gers, décembre 2024)
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