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Patchs, gommes, sprays : état des lieux des substituts nicotiniques
Alors que le sevrage tabagique reste un enjeu majeur de santé publique, le marché des substituts nicotiniques connaît une forte dynamique, portée par des leaders bien établis, l’essor de la bithérapie et de nouvelles perspectives de prescription en officine. Mais les acteurs en lice ne sont pas à égalité et l’écart se creuse. Le laboratoire Pierre Fabre (Nicopatch et Nicopass) et le groupe Kenvue (Nicorette) maintiennent leur position de leader sur les deux segments clés du secteur : les dispositifs transdermiques pour le premier (70 % de PDM, en valeur, source fabricant), et les gommes pour le second (86 % de PDM, en valeur, source fabricant). En revanche, les deux autres marques historiques du marché sont fortement challengées. Le portefeuille Nicotinell (10,4 % de PDM, + 10,5 %, en valeur, Gers), jusqu’alors propriété d’Haleon, a été cédé à l’entreprise pharmaceutique Dr. Reddy’s, basée en Inde. Quant à la marque Niquitin (Perrigo), dont la présence se réduit (2,9 % de PDM, en valeur, Gers), elle décroche nettement (- 34,6 %, en valeur, Gers). La force des deux marques phares tient, semble-t-il, à leur positionnement très affirmé. L’offre Pierre Fabre « bénéficie d’un large réseau de “prescripteurs” (médecins, pharmaciens, etc.) et se démarque par son expertise médicale », souligne Jonas Imbertesche, chef de produits au sein des laboratoires Pierre Fabre. Pour sa part, la marque Nicorette se distingue, sur le segment des gommes, par « sa grande variété de goûts, de dosages et de boîtes (30, 105 et 210 gommes) », précise Myriam Vuong, responsable marketing au sein du groupe Kenvue. Quant au génériqueur EG Labo (4,4 % de PDM, en valeur, Gers), il affiche la plus forte croissance du secteur (+ 20 %, en valeur, Gers) due majoritairement à la vente de ses patchs (70 % de son portefeuille produits). « Elle s’explique par notre proximité avec les pharmaciens pour accompagner les patients dans leur démarche de sevrage tabagique grâce, notamment, à des services (affiches, brochures, etc.). Il y a aussi le fait que nous ayons été les pionniers au niveau de la demande de remboursement de ces références de sevrage tabagique, dans l’intérêt des patients », indique Florence Masson, responsable communication et marketing chez EG Labo.
Bithérapie : la voie à suivre
Pour augmenter les chances de se sevrer, la bithérapie nicotinique, qui associe une forme orale à un dispositif transdermique, est de plus en plus prescrite, conformément aux recommandations de la Haute Autorité de santé. Les gommes, comprimés à sucer, sublinguaux et autres pastilles composent toujours le premier segment du marché (56,4 % de PDM, en valeur, + 7,3 %, Gers) : elles répondent au besoin d’oralité des fumeurs et permettent, également, de gérer les envies irrépressibles de fumer. Assurant la délivrance de nicotine en continu, les patchs réalisent 39,5 % de PDM, en valeur (+ 7,1 %, Gers). Les deux segments sont en progression : « La croissance de l’un tire la croissance de l’autre », souligne Jonas Imbertesche. Fait notable : les trois premières marches du podium sont occupées par le laboratoire Pierre Fabre, leader du secteur (47,6 % de PDM, + 7,2 %, Gers), devant Kenvue (34,6 %, + 10,2 %, Gers). Les références Nicopatchlib (21, 14 et 7 mg) et Nicopass (1,5 et 2,5 mg) caracolent en tête. Les autres traitements (« inhaleurs », sprays) sont à la marge. Toutefois, le spray buccal (4 % de PDM, en valeur, + 4,3 %, Gers), proposé par les marques Nicorette, EG Labo et Nicotinell, garantissant une excellente biodisponibilité, a ses aficionados. Seule ombre au tableau : l’absence de nouvelles solutions nicotiniques.
Le pharmacien, bientôt prescripteur ?
Pourtant prévue par le programme national de lutte contre le tabac (PNLT) 2023-2027, la prescription directe (sans ordonnance) de substituts nicotiniques par le pharmacien n’est pas encore actée mais… commence à poindre son nez. Trois régions (les Hauts-de-France, la Nouvelle Aquitaine et la Provence-Alpes-Côte d’Azur) ont été désignées pour participer à une expérimentation de prescription de traitements nicotiniques de substitution, sur deux ans. Elle a été lancée début 2025. Les modalités pratiques de l’expérimentation (quelle rémunération et quel mode d’accompagnement) seront fixées par décret d’ici l’été. Clairement, cette possibilité donnée aux pharmaciens de prescrire des substituts nicotiniques aura pour effet, à terme, d’améliorer l’accès aux traitements, dans un contexte de pénurie de médecins et de déserts médicaux. L’autre impact probable : « On pourrait s’attendre à ce que ça dynamise encore plus le marché des substitutifs nicotiniques », estime Myriam Vuong, responsable marketing au sein du groupe Kenvue.
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