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Les comptes seront-ils dans le rouge en 2023 ?

Publié le 1 juillet 2023
Par Francois Pouzaud
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Cette année, l’économie de l’officine ne sera pas portée par une suractivité liée au Covid-19 et elle doit, en plus, faire face à une inflation élevée. L’impact risque de peser lourd sur les comptes de résultat. Joël Lecoeur, expert-comptable du cabinet LLA et président du groupement CGP, s’est livré à une étude prévisionnelle des comptes d’une pharmacie lambda en 2023. Il faut se préparer à vivre un choc !

Joël Lecoeur, expert-comptable du cabinet LLA et président du groupement CGP, a d’abord analysé les effets de la neutralisation des activités ­Covid-19 sur le compte de résultat d’une officine qui a réalisé un peu plus de 2 M€ de chiffre d’affaires (CA HT) en 2021. Hors tests antigéniques (TAG) et vaccination Covid-19, le CA HT aurait augmenté de 8,59 % en 2022, contre une hausse de 10,92 % activités Covid-19 incluses. « Hors Covid, entre 2021 et 2022, la marge aurait seulement progressé de 49 100 € (30,34 % du CA HT) et l’excédent brut d’exploitation (EBE) n’aurait crû que de 6 000 €. L’enjeu pour les pharmaciens en 2023 sera de se passer des revenus liés aux TAG et d’absorber une baisse de la marge dans un contexte de forte augmentation des charges externes et des frais de personnels », annonce d’emblée Joël Lecoeur.

Un risque de perte sur la marge.

Dans ses projections 2023 (voir les tableaux ci-contre), réalisées à partir de la marge 2022 hors activités Covid, Joël Lecoeur parvient à la conclusion suivante : « La pharmacie perd 24 k€ de marge pour un CA HT quasi identique et perd pratiquement un point de taux de marge. » L’expert met donc en garde les titulaires contre les conséquences induites de l’inflation : « Dans ce contexte de baisse de pouvoir d’achat des consommateurs, on peut s’attendre à une contraction des activités de parapharmacie et de conseil. De plus, la hausse des prix pratiquée par les laboratoires a crispé les relations commerciales et entraîné une baisse des remises, ce qui aura au final un impact direct sur la marge. D’autant que les titulaires éprouvent des difficultés à répercuter les hausses du coût d’achat dans le prix de vente. » Pour compenser le fléchissement de la marge en 2023, Joël Lecoeur lance trois pistes de réflexion : « Revoir et réduire l’assortiment pour optimiser sa marge et ses négociations ; avoir un mixte produits leaders/marques différenciantes ; développer les MDD (marque de distributeurs) via les groupements. »

Une probable baisse de l’EBE.

Dans un deuxième temps, Joël Lecoeur a étudié l’impact de l’inflation des frais généraux (hausse des prix de l’énergie, etc.) et des frais de personnel sur la rentabilité de l’officine en 2023. Pour amortir le choc des augmentations de salaire, et a fortiori dans un contexte de pénurie de personnel, l’expert-comptable estime que le titulaire aura cette année fort à faire. Sans perdre de vue l’impérative nécessité de fidéliser son équipe : « Il faut octroyer des primes avec des objectifs qualitatifs et quantitatifs, se souvenir que les heures supplémentaires sont défiscalisées jusqu’à 7 500 €, proposer des chèques vacances et/ou des titres-restaurants, donner la prime transport, mettre en place un plan épargne entreprise (PEE) intéressement, verser une prime de partage de la valeur (PPV), etc. », conseille-t-il.

Certaines charges moins volatiles.

Néanmoins, l’expert mise en 2023 sur une stabilité des charges externes et des frais de personnel. « Les excédents de trésorerie accumulés pendant la crise sanitaire ont permis aux titulaires d’investir dans la productivité et l’outil de travail, en automatisant par exemple le back-office. D’autre part, le ralentissement des TAG nécessite de moins recourir aux contrats à durée déterminée ou aux heures supplémentaires », explique-t-il. Résultat : la perte en valeur sur l’excédent brut d’exploitation (EBE) est identique à celle de la marge (- 24 k€), selon les prévisions du cabinet LLA.

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