LA DOULEUR SE CALME
Les traitements contre l’arthrose sont portés par la notoriété des marques et l’innovation. Entre prescription et automédication, les patients sont en recherche d’efficacité et de facilité d’utilisation.
LE MARCHÉ DES ANTI-ARTHROSIQUES AFFICHE ENCORE UNE TENDANCE BAISSIÈRE, MAIS IL SEMBLE REDÉMARRER. S’agit-il d’une stabilisation ou d’une inversion de tendance ? Suite à leur déremboursement, en 2015, qui a conduit au lancement de compléments alimentaires aux promesses proches, les communications des marques et leur capacité à innover font la différence et permettent de conquérir de nouveaux patients. Certaines substances, tel le collagène, en apport exogène, apparaissent dans quelques formules et viennent compléter l’arsenal thérapeutique existant. « La nouveauté est importante pour se différencier, mais encore s’agit-il de tout mettre en musique : formule de qualité, efficacité, conseil du pharmacien et visibilité sur le point de vente », commente Leslie Martin, chef de groupe chez EA Pharma.
Les marques s’activent.
Une poignée de marques phares, poids lourds du secteur, font le jeu et bataillent pour rester dans le peloton de tête. Clairement, les laboratoires qui battent le rappel de leur notoriété, notamment en télévision, média de masse, gagnent des points. La variété des présentations (boîtes de 60 et 90 gélules pour des traitements en cure, formes sèches et liquides) va dans le sens du développement du marché.Caracolant toujours en tête, le médicament Piascledine 300 (laboratoire Expanscience), pour l’arthrose de la hanche et du genou, réalise un quart des ventes du secteur avec 25,1 % de parts de marché en valeur (Ospharm). Un succès qui s’explique non seulement par sa formule unique (insaponifiables d’avocat et de soja), mais aussi par son nouveau business model amorcé fin 2019. « Notre plan à 360 degrés passe à la fois par une communication active dirigée vers les médecins (généralistes et rhumatologues), une forte visibilité en pharmacie, avec une augmentation du nombre de facings derrière le comptoir, des formations pour les pharmaciens et depuis deux ans, une publicité en télévision pour faire connaître et mémoriser notre produit », explique Nathalie Charpentier, directrice marketing chez Expanscience. Une stratégie gagnante : Piascledine 300, proposé dans 3 formats (30, 60 et 90 gélules,), enregistre une croissance de + 3,5 % en valeur (en cumul annuel à fin août 2021, source fabricant). La prescription est l’autre levier de vente : à la seconde place du podium, le médicament Chondrosulf (laboratoire Genevrier), à base de chondroïtine sulfate purifiée, « une formulation recommandée par la société savante ESCEO
Les compléments alimentaires drivent le secteur.
Les compléments alimentaires (54 % de parts de marché en valeur, Ospharm) tirent la croissance du marché, quand les médicaments OTC régressent et réalisent, sauf exception, des parts de marché plus faibles (tels Structum et Structoflex de Pierre Fabre Médicament). Cette sphère de produits affiche des formulations diverses, avec une base commune qui repose sur deux actifs stars : la chondroïtine et la glucosamine. « Nous sommes sur un marché de complémentation mature. Le secteur se volumise avec des prix qui tendent à baisser. Très peu de nouveautés viennent apporter de la valeur au marché », remarque Pierre Lafitte, directeur marketing, R&D et innovation au sein du laboratoire Les 3 chênes. Quelques best-of se détachent. Commercialisé à un prix ultra concurrentiel (25 à 40 % moins cher que ses concurrents), le complément alimentaire Alvityl Chondroflex (Urgo), avec une formule complète et soutenu par une PLV ad hoc, se maintient dans le top 5 produits (4,5 % de pdm en valeur). Parmi les autres meilleures ventes, on retrouve GCA 2700 Articulations de Santé Verte (3,7 % de pdm en valeur, Ospharm) et Chondrostéo+ du laboratoire des Granions, qui compte pas moins de 10 ingrédients. « Cette année, nous avons mis les bouchées doubles, soit un mix d’actions – visibilité en pharmacie, pub TV et formation des pharmaciens – qui nous font renouer avec la croissance. Historiquement soutenue par la prescription, notre marque se tourne vers le grand public et le conseil du pharmacien », expose Leslie Martin. Dans l’escarcelle du même laboratoire, l’oligoélément Granions de Cuivre, modificateur de terrain, prescrit avec l’indication “arthrose”, reste une valeur sûre du marché (2,7 % de pdm en valeur, Opsharm). Nouvelle, la solution buvable Chondrostéo + 1 000, à base de camomille, curcuma, cuivre et manganèse, s’adresse aux personnes âgées qui présentent des troubles de la déglutition. Le goût pomme-cassis a été travaillé dans le sens d’une meilleure observance.
Des reformulations qui visent plus d’efficacité.
Autre produit phare du secteur, Chondro-Aid Arkoflex Fort (2,9 % de pdm en valeur, Ospharm) d’Arkopharma, rebaptisé Chondro-Aid 100 % Articulations, a vu sa composition modifiée pour gagner en efficacité et s’inscrit désormais dans une gamme qui s’assortit de Chondro-Aid Flash Caps, pour les poussées d’arthrose et de topiques. « Nous menons régulièrement des études auprès de panels de consommateurs et avons relevé un grand nombre d’abandonnistes, non satisfaits de l’efficacité des formules, qui se reportent vers des antalgiques pour un soulagement immédiat. C’est pour cette raison que nous sommes sortis du modèle connu, soit l’association de chondroïtine et d’harpagophytum, que tout le monde vend, pour aller vers des ingrédients nouveaux », explique Florian Bourdelles. La nouvelle formule se déleste de la chondroïtine, remplacée par du collagène de type II, auquel s’ajoutent de la glucosamine, du manganèse, les vitamines C et D, mais aussi de la boswellia, un anti-inflammatoire naturel, en lieu et place du curcuma, que l’on retrouve dans nombre de produits, susceptible « d’entraîner une toxicité lors d’une prise au long cours », relève notre interlocuteur.
Le collagène a le vent en poupe.
L’actif central et nouveau de cette formule, le collagène (apport de 10 g/jour), « est très recherché par les patients », affirme Florian Bourdelles, responsable santé naturelle au sein du Laboratoire Arkopharma. Sa promesse : redensifier le cartilage. On le retrouve dans quelques formules, dont Alvityl Chondroflex (Urgo), Forté Flex Max articulations (Forté Pharma) ou encore Chondrostéo+Collagène Activ (Granions). Ce produit, à base de collagène de type II non dénaturé, qui relance la synthèse endogène de collagène, est « une solution alternative pour les patients diabétiques, asthmatiques et sous anti-coagulants pour lesquels les formules à base de glucosamine et d’harpagopyhtum sont déconseillées », souligne Leslie Martin. Des versions en poudre sont également disponibles. Commercialisée dans environ 1 000 pharmacies, la gamme Colpropur Active, tournée vers les sportifs, est l’une des rares à enregistrer une hausse aussi forte (+ 172 % en valeur, Ospharm) : « Nous avons vendu en septembre dernier la même quantité de produits que durant toute l’année 2019 », avance Geoff roy d’Antras, directeur général France au sein du groupe Protein S.A., leader européen de la fabrication de collagène hydrolisé. Les formules intègrent du magnésium, de l’acide hyaluronique, de la vitamine C et du collagène hydrolisé soit « des peptides de collagène bovin fragmentés qui sont assimilés par l’organisme à plus de 90 % », développe notre interlocuteur. De son côté, le laboratoire Biocyte, propriétaire du produit Collagen Flex, un complément alimentaire en poudre à base de biopeptides de collagène de type II et d’harpagophytum, enregistre une hausse de 40 % de ses ventes (source fabricant). « La démocratisation du collagène en nutricosmétique rejaillit sur la sphère articulaire », pointe Chloé Gazengel, chef de produit au sein du laboratoire Biocyte.
Le naturel à la rescousse.
Si la plupart des anti-arthrosiques renferment des actifs naturels, principalement pour traiter la douleur (harpagophytum, boswellia), certains acteurs poussent cette démarche un cran plus loin, pour correspondre à un public en quête de naturalité. A titre d’illustration, le laboratoire Les 3 Chênes, détenteur de Chondrofast et de l’apaisant articulaire Condycalm, a lancé au sein de sa gamme de phytothérapie Aromicell’R bio en ampoules une référence spéciale Articulations. « Nous avons associé l’huile essentielle de genévrier bio, dont l’efficacité anti-inflammatoire immédiate, en voie orale, a été démontrée par des études cliniques, et des extraits aqueux de plantes qui apaisent les articulations et favorisent une meilleure résistance du cartilage : la prêle, l’harpagophytum et le cassis », explique Pierre Lafitte. Un alliage qui combine l’approche flash et anti-douleur de l’huile essentielle et l’action au long cours des plantes. Citons également Naturactive Articulation (Pierre Fabre), à base d’extraits fluides de bambou, d’ortie et de curcuma, mais aussi EPB Ribes bio (Weleda), au cassis. De son côté, le laboratoire Biocyte lance, en janvier prochain, Inflacell une formule 100 % végétale associant curcuma, boswellia, cumin et gingembre, positionnée sur la lubrification et le confort articulaire (gamme Lifegen). Au global, les anti-arthrosiques démontrent une vraie capacité à rebondir : variété de l’off re et nouvelles réponses thérapeutiques.
* ESCEO : European society for clinical and economic aspects of osteoporosis and osteoarthritis.
– 7,2 %
4,6 millions d’unités vendues
La nouveauté permet de se différencier sur ce marché très concurrencé. Formule de qualité, efficacité, conseil du pharmacien et visibilité sur le point de vente… sont les ingrédients d’une recette gagnante.
– 2,6 %
89,6 M€
Au global, les compléments alimentaires tirent la croissance du marché, quand les médicaments OTC sont en régression.
Source : Iqvia, en cumul annuel mobile à novembre 2021 sur le périmètre des médicaments et compléments alimentaires.
2/3
Des arthrosiques se déclarent satisfaits de l’ensemble des traitements pris pour soulager leur maladie.
(Source : Arcane Research, février 2021).
Des compléments alimentaires en croissance. Leurs formules complètes continuent de tirer la croissance du marché (+ 9,1 %, en valeur, Opsharm) quand les médicaments OTC sont en régression (- 3,4 %).
Le CBD, prochain ingrédient phare ? Si le CBD entre dans les formules de nombreux cosmétiques, dont les topiques Chondro-Aid Flash d’Arkopharma, il n’est pas encore autorisé dans les compositions des compléments alimentaires. S’il venait à l’être, il pourrait bien s’imposer comme un ingrédient phare du marché, alors que son rôle dans la baisse de l’inflammation et de la douleur a été démontré.
Arthrocoach, pour mieux vivre son arthrose. Lancée en mai 2021 par le laboratoire Expanscience, l’application Arthrocoach cartonne. Cet outil d’accompagnement au quotidien propose une prise en charge globale des patients arthrosiques autour de trois volets : nutrition, activité physique et bien-être.
Des topiques au bénéfice immédiat
Rares sont les topiques indiqués spécifiquement dans le traitement de l’arthrose. L’emplâtre médicamenteux Flector TissugelEP 1 % (Genevrier), à base de diclofénac épolamine, prend la première place du podium. Citons également la référence spécial arthrose VoltarenSpé 1 % (GlaxoSmithKline). Ils coexistent avec d’autres produits antiinflammatoires, utilisés pour calmer la douleur, des références chauffantes, ou encore, des remèdes naturels. Leur atout : ces solutions apportent un bénéfice immédiat. Côté galéniques, les topiques se composent majoritairement de gels et crèmes (70 % de parts de marché en volume, Ospharm), d’emplâtres et de patchs (20 % de pdm), ainsi que des lotions (10 % de pdm). Nombre de marques présentes sur les voies orales ont sorti leur version topique, tel Arkopharma qui propose, en complément de son offre, les deux produits Chondro-Aid Flash, un roll-on et une crème, aux formules proches associant arnica, huiles essentielles et CBD, autorisé dans la composition des cosmétiques. Autre nouveauté : le roll-on Chondrostéo Fort Articulations (laboratoire des Granions), un dispositif médical porteur de l’allégation « douleur forte » à l’effet froid, pour les poussées d’arthrose.
CHIFFRES-CLÉS
TOP 5 DES LABOS
PARTS DE MARCHÉ, EN VALEUR, EN CUMUL ANNUEL MOBILE, À FIN SEPTEMBRE 2021.
Source : Ospharm
49 %
Des arthrosiques considèrent la réassurance du pharmacien comme l’un des critères d’achat essentiels, derrière la bonne tolérance et les formulations spécifiques des produits.
(Source : Arcane Research, février 2021).
RÉPARTITION DU MARCHÉ, EN VALEUR, DES ARTHROSIQUES PAR SEGMENTS. EN CUMUL ANNUEL MOBILE À FIN SEPTEMBRE 2021.
Source : Ospharm
TOP 5*
DES PRODUITS
PARTS DE MARCHÉ, EN VALEUR, EN CUMUL ANNUEL, À FIN SEPTEMBRE 2021.
Source : Ospharm
1 Piasclédine 300 25,2 %
2 Chondrosulf 12,4 %
3 Alvityl Chondroflex 4,5 %
4 Santé Verte GCA 2700 3,7 %
5 Chondro-Aid 100 % Articulation 2,9 %
37 %
Des arthrosiques ont acheté des produits accessibles sans ordonnance (+ 5 % versus 2015). Si la pharmacie demeure le circuit privilégié, la fréquentation est en baisse (68 % vs 76 % en 2015) au profit des parapharmacies et des commandes sur internet.
(Source : Arcane Research, février 2021).
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