Compression veineuse : un marché sous pression

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Compression veineuse : un marché sous pression

Publié le 6 janvier 2025
Par Carole De Landtsheer
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Inflation oblige, les dispositifs de compression veineuse sans reste à charge décollent, ceux avec baissent… et le marché, lui, se stabilise. L’enjeu : donner plus visibilité aux produits qui suscitent déjà l’envie.

Après des années d’embellie, liées au déremboursement des veinotoniques, le marché de la compression médicale marque le pas et se resserre autour de ceux appartenant à la liste des produits et prestations remboursables (LPPR). Plusieurs motifs sont avancés pour expliquer cette stabilisation du secteur : la limitation du nombre de paires remboursées par an (alors que l’inflation grève le budget des Français) ; une population pas toujours prise en charge (près de 18 millions de Français souffriraient d’insuffisance veineuse chronique contre 3 millions de patients traités) ; enfin, une faible sensibilisation des patients au large éventail de dispositifs de compression existants. Résultat : la compression médicale en pharmacie, majoritairement vendue après une prescription médicale (95,5 % des ventes, Gers, cumul annuel mobile [CAM], juillet 2024), affiche une petite forme avec + 2 %, en volume et + 0,9 %, en valeur (source Gers). Le secteur est clairement drivé par les produits sans dépassement (+ 7,9 %, en valeur, CAM septembre 2024, source fabricants), quand ceux induisant un reste à charge connaissent un déclin (- 5,3 %, en valeur, CAM septembre 2024, source fabricants), chaque catégorie, au global marché, s’arrogeant la moitié des ventes.

Des produits plus rapides à délivrer

« En raison d’une pénurie de personnel, les équipes officinales manquent de temps au comptoir et ont tendance à proposer des produits sans reste à charge. Ceux-ci sont plus rapides à délivrer car ils ne vont pas occasionner d’explications supplémentaires à propos d’un éventuel surcoût et, de ce fait, soulèvent moins d’objections de la part des patients », observe Nathanaël Molard, responsable marketing au sein des laboratoires Innothera. Un état de fait qui dévaloriserait mécaniquement le marché et l’empêcherait de décoller. Le risque : « Ne pas délivrer le dispositif le plus adapté, ce qui ne favorise pas, à terme, le renouvellement des produits car ils n’auront pas été portés, faute d’être appréciés », poursuit-il. « Seulement un tiers des patients souffrant d’insuffisance veineuse observent leur traitement ; cette mauvaise observance est d’abord liée au manque de sensibilisation des patients, au caractère chronique et évolutif de l’insuffisance veineuse et, ensuite, à la délivrance d’un produit qui n’est pas adapté, d’où l’importance de prendre le temps de comprendre les usages et les attentes des porteurs », renchérit Isabelle Micol, directrice marketing monde au sein du groupe Sigvaris.

La percée des chaussettes

« Pierre angulaire de l’insuffisance veineuse et seul dispositif remboursé », indique Rachel Ferrand, directrice marketing chez Thuasne, la compression veineuse sans reste à charge garde donc la tête hors de l’eau. En comparaison, les veinotoniques, déremboursés en 2008, poursuivent leur décrue : – 4,8 %, en valeur, et – 7,9 %, en volume (source Gers). Ainsi, le top 3 des meilleures ventes reflète cette tendance puisqu’on retrouve, en pole position, des chaussettes de compression pour femmes, de classe 2 : Venoflex Secret noires (+ 12,5 %, en valeur, Gers) et beige doré (+ 15,8 %) de Thuasne, et Dynaven transparentes beiges (+ 12,8 %) de Sigvaris.

Plus faciles à enfiler, les chaussettes – avec ou sans dépassement – tirent, en effet, leur épingle du jeu : leur poids, en volume (62,2 % de parts de marché, Gers), dépasse de loin les autres segments (avec respectivement 27,7 % de parts de marché et 7,8 % de parts de marché, en volume, pour les bas et les collants). Une percée qui s’explique par la praticité de ce format mais aussi par les habitudes vestimentaires des femmes qui portent moins de collants et de bas (et plus de jeans et baskets qui appellent la chaussette plus qu’un autre produit)…

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Chiffres clés

  • + 2 % en volume

Le marché de la compression médicale s’essouffle. Une meilleure prise en charge des Français souffrant d’insuffisance veineuse chronique et une plus grande sensibilisation des patients au large éventail de dispositifs existants pourraient redonner une impulsion au marché.

  • + 0,9 % en valeur

Drivé par les produits sans reste à charge, le marché se dévalorise. Une croissance atone qui contraste fortement avec l’embellie des années 2010/2020.

Top 5 labos (PDM, en valeur) :

  • Sigvaris : 32,5 %
  • Thuasne : 23,8 %
  • Innothera : 21,5 %
  • BSN Medical-Essity : 12 %
  • Cizeta Medicali : 5,5 %

Segmentation du marché (PDM, en valeur) :

  • Chaussettes : 53,5 %
  • Bas : 31 %
  • Collants : 12,2 %
  • Collants maternité : 2,4 % 
  • Bandes de compression : 0,9 %

Top 5 produits (PDM, en valeur) :

  • Chaussettes Venoflex Secret noir classe 2 : 0,5 %
  • Chaussettes Dynaven transparent beige classe 2 : 0,4 %
  • Chaussettes Venoflex Secret Beige doré classe 2 : 0,4 %
  • Chaussettes Dynaven transparent beige pied ouvert classe 2 : 0,4 %
  • Bas-cuisse Venoflex antiglisse Secret noir classe 2 : 0,3 %

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