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32 P-dg de laboratoires pharmaceutiques interpellent Bruxelles et menace de plier bagage
Le ton est ferme, l’échéance posée : « Des actions fortes doivent être prises rapidement », écrivent les dirigeants de l’industrie pharmaceutique dans une lettre adressée à Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne. Les Échos, qui ont obtenu le document, en révèlent le contenu. Faute de mesures de soutien, 16,5 milliards d’euros d’investissements prévus dans les trois prochains mois pourraient être redéployés hors du continent.
Parmi les signataires, Albert Bourla (Pfizer), Paul Hudson (Sanofi), Pascal Soriot (AstraZeneca), David Ricks (Eli Lilly) : l’intégralité de la Big Pharma mondiale est représentée. Le courrier relaie notamment les conclusions d’une enquête interne menée par la Fédération européenne des industries et associations pharmaceutiques (Efpia) auprès de 18 laboratoires. Résultat : 85 % des investissements européens (soit 50,6 milliards d’euros) et 50 % des dépenses de R & D (52,6 milliards) sont aujourd’hui remis en question. L’ensemble représente plus de 100 milliards d’euros menacés sur la période 2025-2029.
L’Europe décroche face aux États-Unis
Derrière cette offensive, un constat : l’érosion continue du poids du marché européen dans la pharma mondiale. En 2004, l’Europe représentait 29,6 % des ventes pharmaceutiques mondiales. Elle n’en pèse plus que 22,7 % en 2024, quand l’Amérique du Nord capte désormais 53,3 % du marché.
La lettre, révélée par Les Échos, avertit : « La poursuite de tensions commerciales accélérera encore l’érosion des investissements en R & D et en production en Europe ». Les entreprises redoutent en particulier les droits de douane américains, actuellement à l’étude dans l’entourage de Donald Trump.
L’industrie demande un choc de compétitivité
Les revendications des laboratoires s’articulent autour de trois axes : prix du médicament, simplification réglementaire et propriété intellectuelle. « Depuis dix ans, l’industrie innovante a entièrement remboursé la hausse des dépenses liées aux médicaments innovants », affirment les signataires. Ils dénoncent une politique de ponctions financières qui freine l’innovation : dans plus des deux tiers des États membres, les contributions de l’industrie sont passées de 15 à 22 % des dépenses publiques pharmaceutiques. À cela s’ajoute l’écocontribution sur les micropolluants : les industriels contestent cette directive européenne à venir qui imposerait aux laboratoires pharmaceutiques – mais aussi aux cosmétiques – de financer le traitement des eaux usées.
Une Europe trop lente et trop tatillonne
Deuxième grief : un environnement réglementaire jugé dissuasif. Les patrons de la pharma réclament la fin d’un empilement de textes « parfois contradictoires » et demandent un assouplissement du cadre des essais cliniques multipays. Ils exigent également le respect strict de la directive Transparence, qui impose un délai maximal de 180 jours entre l’autorisation européenne de mise sur le marché (AMM) et la fixation du prix dans les pays membres. Un cadre théorique, largement piétiné en pratique : selon le cabinet Iqvia, la France affichait en 2022 un délai médian de 461 jours, contre 358 en Italie et 613 en Espagne. Seuls le Danemark et l’Allemagne respectent le délai de 180 jours.
Réviser le cadre pharmaceutique
Autre point de tension : la réforme de la législation pharmaceutique européenne. Les industriels rejettent le projet de réduction des périodes de protection de la propriété intellectuelle. Actuellement fixée à dix ans en Europe, celle-ci pourrait être raccourcie dans la nouvelle directive. « Nous demandons un renforcement des mesures de propriété intellectuelle à un niveau comparable à celui des États-Unis », insistent-ils. Leur exigence : douze ans de protection totale, contre dix aujourd’hui.
À Bruxelles de choisir : délocalisation ou relance
En guise de conclusion, les patrons de la pharma appellent la Commission à transformer leurs propositions « en réalité au bénéfice des patients de l’Europe et de son développement économique ». Trump brandit le bâton, les industriels tendent la carotte. À Bruxelles de décider de mordre à l’hameçon.
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