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Décret Trump sur le médicament : des ruptures en vue pour l’Europe ?
Le 6 mai, Donald Trump a signé un décret visant à supprimer les obstacles réglementaires freinant l’ouverture d’usines pharmaceutiques aux États-Unis. Objectif affiché : réduire la dépendance du pays aux importations de médicaments, dans un contexte de montée en puissance du discours souverainiste autour de la sécurité nationale.
Le texte donne à la Food and Drug Administration (FDA) pour mission de simplifier les procédures d’autorisation, d’éliminer les exigences redondantes, et de collaborer plus étroitement avec les fabricants dès les phases de conception. Il demande également à l’agence d’augmenter les inspections des usines situées hors des États-Unis – et d’en majorer les coûts pour les laboratoires concernés.
En parallèle, l’Environmental Protection Agency (EPA) devra accélérer les permis de construire pour les sites de production de médicaments, de principes actifs et de matières premières. Chaque agence fédérale impliquée devra désigner un « point de contact unique » pour centraliser les demandes, sous l’égide directe de la Maison-Blanche. « Un délai de cinq ans pour construire une usine est inacceptable pour notre sécurité nationale », indique le communiqué présidentiel. « Nous devons produire nos médicaments ici, pour garantir notre indépendance », a martelé Donald Trump.
Des mesures protectionnistes à double détente
Le décret s’inscrit dans une série d’annonces destinées à durcir les conditions d’accès au marché américain. Donald Trump a réitéré sa menace d’imposer des droits de douane sur les médicaments importés, après avoir ouvert mi-avril une période de consultation publique de 21 jours. L’objectif, selon la Maison-Blanche : protéger la sécurité nationale en réduisant l’exposition aux fournisseurs étrangers.
Ce signal protectionniste, déjà appuyé par des investissements massifs annoncés par plusieurs groupes pharmaceutiques (Roche, Novartis, Lilly, J & J) aux États-Unis, pourrait à terme bouleverser les chaînes d’approvisionnement mondiales.
Quel impact pour l’approvisionnement européen ?
Pour l’Europe, et notamment pour la France, ce virage américain n’est pas sans risque. En durcissant l’accès au marché intérieur pour les produits fabriqués hors des États-Unis, Washington pourrait inciter les industriels à réorienter leurs flux vers le marché américain, au détriment d’autres zones, dont l’Europe.
En parallèle, la hausse des coûts réglementaires et des exigences sur les sites situés à l’étranger pourrait fragiliser la position des sites européens exportateurs de principes actifs vers les États-Unis – un débouché stratégique pour de nombreux sous-traitants français.
Vers un nouvel arbitrage mondial des priorités ?
En rendant plus attractif le marché américain pour les producteurs, tant sur le plan réglementaire que fiscal, les mesures de Trump pourraient accentuer la polarisation des investissements industriels. À court terme, cela pourrait accélérer la relocalisation… mais sur le sol américain, et non européen.
Dans ce contexte, les appels à une stratégie industrielle pharmaceutique coordonnée au niveau européen – incluant relocalisations, garanties d’achat public, et stockage stratégique – prennent une nouvelle urgence. La « relocalisation des productions » ne saurait rester un slogan sans réponse à la stratégie offensive de Washington.
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