Quand le chiffre d’affaires monte, mais que le reste fléchit

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Quand le chiffre d’affaires monte, mais que le reste fléchit

Publié le 30 avril 2025
Par Laurent Lefort
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Que recèle l’édition 2025 de l’analyse des moyennes professionnelles proposée par Rydge Conseil ? Après 2021 et 2022, deux années portées par l’élan des missions en lien avec le Covid-19, 2023 a confirmé le retour à une croissance plus contenue et 2024 se distingue par un ralentissement de la dynamique économique, une pression constante sur les marges et une montée en puissance des tensions en lien avec les ressources humaines. Détails.

Comment évolue le chiffre d’affaires (CA) du secteur ? Il s’agit sans doute là de la première question que se pose tout titulaire lorsqu’il se penche sur les indicateurs économiques de son officine.

Et bien, ce CA moyen reste en croissance dans l’échantillon des pharmacies passé sous le microscope de Rydge*. Il progresse de + 4,4 %, porté notamment par le segment du médicament remboursable (+ 5,8 %), lui-même tiré par les médicaments chers. Le CA à TVA à 2,1 % représente 74,5 % du CA total. A contrario, celui lié aux missions spécifiquement liées au Covid-19 (tests et vaccins) est en repli de 55,9 % et ne s’élève plus qu’à 13 400 euros en 2024.

Bien que réelle, la croissance globale est toutefois très hétérogène, avec plus de 30 % des officines affichant une baisse de leur activité, signe d’un marché sous tension.

Une marge en repli

Le CA progresse mais la marge officinale signe un repli de 1,1 % en valeur (597,8 k€ HT). La rentabilité brute se dégrade donc. 56 % des pharmacies de l’échantillon subissent une baisse et le taux de marge chute à 28,3 %, son plus bas niveau depuis 8 ans. 10 % des officines affichent même un taux inférieur à 24,5 % tandis que les officines les plus performantes maintiennent, elles, des taux supérieurs à 32 %.

Il est à noter que les honoraires de dispensation représentent désormais 47,4 % de la marge dégagée sur les médicaments soumis à la TVA à 2,1 %.

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Des coûts à la hausse

Cette dégradation de la marge intervient dans un environnement de coûts en hausse. Les charges externes augmentent de 6,2 % tandis que les frais de personnel progressent de 4,9 % confirmant une tension sur les salaires plus qu’un renforcement des équipes. Cette dernière augmentation plus modérée qu’en 2023 (+ 8 %) traduit certes un ralentissement mais demeure significative. Elle est étroitement corrélée à la dynamique conventionnelle (augmentation de la valeur du point) et à la nécessité de fidéliser les équipes.

Les frais de personnel s’élèvent en moyenne à 236 100 euros. La masse salariale représente près de 11,2 % du CA HT et absorbe 39,5 % de la marge.

Une rentabilité à la baisse

La performance commerciale et de gestion (241 800 euros) ou PCG, indicateur clé de rentabilité, recule de 7,6 % en moyenne. Elle retrouve ainsi son niveau de 2019, ce qui souligne une stagnation sur 5 ans. Près des deux tiers des officines enregistrent une baisse de leur rentabilité en 2024. « C’est la conséquence logique de l’augmentation faciale du chiffre d’affaires, d’une marge en forte diminution et surtout d’une progression des charges, principalement de personnel, plus importante que la marge », analyse Rydge Conseil.

La diminution de la PCG ne s’étant pas traduite par une baisse de la rémunération des titulaires, les trésoreries baissent. Si elle est en recul (188 600 € versus 200 600 € en 2023), la trésorerie moyenne reste toutefois confortable. Cela ne doit toutefois pas faire oublier que 6,5 % des officines présentent une trésorerie négative en 2024 (contre 4,9 % en 2023).

« Nous restons très prudents sur ce qui est susceptible de se passer en 2026, face à des chiffres aussi contraignants », conclut en guise d’avertissement Emmanuel Leroy, associé Rydge Conseil et Leader national santé

*Sur les 1 600 officines clientes de Rydge, 876 ont été incluses dans l’échantillon retenu. Tous les niveaux de chiffre d’affaires sont représentés (avec une majorité entre 1 100 et 2 200 k€ HT par an). Les localisations sont urbaines (432), rurales (390) et en centre commercial (54). Elles sont majoritairement soumises à l’impôt sur les sociétés (759).