« Pharmacy first » : Vincent Guiraud-Chaumeil défend un accès fluide aux soins

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« Pharmacy first » : Vincent Guiraud-Chaumeil défend un accès fluide aux soins

Publié le 10 juin 2025
Par Charlotte Nattier
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Alors que le système de santé français fait face à une pression croissante, le rôle des pharmaciens et des laboratoires de premier recours apparaît plus que jamais stratégique. Dans ce contexte, NèreS entend renforcer sa position d’acteur clé du parcours de soins. Fraîchement élu à la tête de son conseil d’administration, Vincent Guiraud-Chaumeil partage sa vision, ses priorités et les chantiers à venir.

Pouvez-vous rappeler les principaux objectifs et la mission de NèreS ?

NèreS est une organisation professionnelle qui représente les laboratoires pharmaceutiques qui produisent et commercialisent des produits de santé et de prévention de premier recours disponibles en pharmacie sans ordonnance dont des médicaments, des dispositifs médicaux et des compléments alimentaires.  Sa mission est claire : faciliter l’accès à la santé pour tous en s’appuyant sur l’expertise officinale et les acteurs de proximité. L’objectif est de désengorger les parcours de soins, en simplifiant la prise en charge des maux du quotidien, tout en apportant une réponse rapide, accessible et de qualité aux besoins des patients. NèreS défend également une vision pragmatique du système de santé : il s’agit de recentrer le soin sur le patient, tout en intégrant les pharmaciens comme maillons essentiels, aux côtés des médecins généralistes. Cela répond à des enjeux cruciaux : tensions territoriales, pénurie médicale, surcharge des urgences et des cabinets médicaux. NèreS est un partenaire des pharmaciens et de tous les acteurs de santé dont la volonté est de préserver le système français qui arrive à bout de souffle et qui nécessite donc des aménagements.

Vous présidez désormais son conseil d’administration. Pouvez-vous expliciter votre parcours et la genèse de cette nomination ?

Je suis médecin, issu d’une famille de médecins, et j’ai ensuite complété mon parcours par une formation à l’École des hautes études commerciales (HEC). Depuis 30 ans, j’évolue dans l’industrie pharmaceutique, principalement à l’international et depuis cinq ans à la direction française de Pierre Fabre Medical Care. Je suis engagé depuis plusieurs années au sein de NèreS, dont je suis membre du conseil d’administration. Ma nomination à sa présidence s’inscrit donc dans une continuité naturelle, portée par mon expertise de terrain et ma vision des enjeux contemporains de santé publique.

Qu’en est-il de l’arrivée de Ségolène de Marsac, nouvelle présidente-directrice générale d’Opella France, au sein du conseil d’administration ?

L’arrivée de Ségolène de Marsac au sein du conseil est une excellente nouvelle pour NèreS. En tant que représentante d’Opella – acteur majeur de l’over the counter (OTC) –, elle succède à Paul-François Cossa, figure reconnue du secteur, et apporte une expertise précieuse. Son profil est en parfaite adéquation avec les valeurs et ambitions de NèreS.

Quelle est votre vision pour NèreS ?

Ma vision est résolument tournée vers l’action concrète. Il s’agit d’apporter des réponses efficaces à des problématiques bien identifiées, comme celle des difficultés d’accès aux soins. Pour qu’un système de santé fonctionne, les voies d’accès primaires doivent être efficientes. Or, il faut 4 à 7 jours en moyenne en France pour consulter un médecin généraliste. Nous défendons le modèle « pharmacy first » qui permettrait d’accélérer la prise en charge en première intention et d’éviter des consultations médicales. Nous devons faire de la pharmacie un point d’entrée dans le système de santé, capable de prendre en charge de manière autonome certains maux courants, en collaboration avec les autres professionnels de santé, notamment les médecins. Cela repose sur la montée en compétences des pharmaciens, la clarté des protocoles, davantage d’outils thérapeutiques à leur disposition et un accompagnement administratif adapté. Les nouvelles missions y contribuent. Pour l’heure, il reste encore l’administration à convaincre, le patient à éduquer et le pharmacien à rassurer.

Quels objectifs vous fixez-vous ?

L’un des enjeux majeurs est l’amélioration et la sécurisation du système de soins, en le rendant plus agile et mieux adapté aux réalités du terrain. Les pharmaciens doivent pouvoir assumer pleinement leur rôle de professionnels de santé de premier recours, avec des missions élargies, claires et reconnues. Chaque fois qu’un patient peut être pris en charge directement en officine, ce sont des heures gagnées pour les médecins généralistes, qui peuvent se consacrer à leurs missions prioritaires. Chaque euro dépensé pour des produits de santé et de prévention de premier recours achetés sans ordonnance génère 9,31 € d’économie pour le système de santé (dont 6,08 € pour la Sécurité sociale, 2,9 € pour les mutuelles et le reste, 0,31 €, pour le patient). Le maillage territorial officinal est un atout que peu de pays possèdent. Il faut le valoriser pour répondre aux besoins des patients, notamment dans les zones sous-dotées. Cela passe aussi par une meilleure reconnaissance des compétences des pharmaciens dans le parcours de soins global.

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Les pénuries de médicaments relèvent-elles de votre champ d’action ? Qu’en est-il également de la question de la souveraineté nationale, régulièrement mise en avant par le gouvernement ?

Oui, les pénuries font pleinement partie de notre champ d’action. C’est un travail de fond que nous menons de concert avec les adhérents. Grâce à l’engagement de nos laboratoires, les pénuries ont peu touché les médicaments de prescription médicale facultative. Cette résilience est sans doute liée au fait que 70 % de ces médicaments sont produits en France. La souveraineté sanitaire est un enjeu central qui implique aussi de travailler en étroite collaboration avec les autorités, notamment l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé. NèreS est pleinement mobilisée pour jouer son rôle dans cette sécurisation du modèle de santé français.

Bio express

Depuis 2005 : Groupe Pierre Fabre

Depuis 2020 : administrateur de NèreS

Depuis 2022 : administrateur de Leem (Les Entreprises du médicament)