Le moteur du remboursable cale, l’économie officinale tousse

© Getty Images

Le moteur du remboursable cale, l’économie officinale tousse

Publié le 19 juin 2025
Par Christelle Pangrazzi
Mettre en favori
À + 4,3 % sur les cinq premiers mois de 2025, la croissance du marché des médicaments remboursables en ville marque nettement le pas par rapport à 2024. Brevets expirés, baisses de prix, transferts d’approvisionnement, mais aussi montée en puissance de la maîtrise médicalisée : les officines encaissent un ralentissement silencieux, mais bien réel.

Selon le GIE Gers Data, les achats de médicaments remboursables en ville ont plafonné à 2,3 milliards d’euros par mois entre janvier et mai 2025. La croissance du marché officinal recule ainsi à + 4,3 %, contre + 7 % à la même période en 2024. Une inflexion nette, d’autant plus significative qu’elle intervient dans un contexte d’inflation des charges et de stagnation des honoraires.

Plusieurs classes thérapeutiques contribuent à cette baisse de régime :

– Xarelto (Bayer) et Liptruzet (Organon), tombés dans le domaine public, chutent de 24 %.

– les traitements de la mucoviscidose de Vertex reculent de 6 %, du fait de baisses tarifaires.

– les produits de contraste pour IRM, désormais distribués auprès des radiologues et services de radiologie disparaissent totalement du circuit officinal (- 100 %, soit 20 millions d’euros de pertes).

Publicité

Quelques moteurs encore actifs

Certaines classes résistent. En tête :

Shingrix (GSK), vaccin viral contre le zona remboursé depuis fin 2024, contribue à hauteur de + 121 M€.

– les vaccins antibactériens (notamment Prevenar, Pfizer) progressent de + 65 M€.

– les traitements du SNC : + 103 M€, et les antidiabétiques : + 65 M€.

Ces hausses ponctuelles ne suffisent toutefois pas à compenser les pertes structurelles sur les segments à fort volume.

Un marché toujours plus concentré

Novartis reprend la tête du classement des laboratoires en ville, avec 6,8 % de part de marché, devant Pfizer (soutenu par Prevenar et Vyndaquel). Viatris et Biogaran (groupe Servier) bénéficient de l’élan générique. GSK poursuit sa progression grâce à Shingrix.

À l’hôpital, l’oncologie domine

Le marché hospitalier continue de croître, tiré par les anticancéreux, qui occupent six des dix premières places. Parmi eux :

Keytruda (MSD)

– Opdivo (BMS)

– Darzalex (J&J)

– Enhertu (AstraZeneca / Daiichi Sankyo), en forte croissance dans le cancer du sein HER2-faible.

– Merck & Co domine toujours, suivi de J&J, Roche, BMS et Sanofi.

Maîtrise médicalisée : les premiers effets se font sentir

Le GIE Gers Data a livré un premier point d’étape sur la mise en œuvre des objectifs fixés par la convention médicale 2024, qui en comprend quinze au total. Plusieurs indicateurs montrent déjà une inflexion des volumes, en partie portée par les officines.

– Sur l’antibiorésistance, une baisse des prescriptions est constatée, sans chiffre précis à ce stade. Pour les biosimilaires, la pénétration atteint 50 % en ville en mai, avec un pic à 70 % pour Humira, contre un objectif conventionnel fixé à 80 %.

– Concernant les antalgiques de palier II, la mise en place de l’ordonnance sécurisée a provoqué une chute de 12 % des délivrances, traduisant un changement net dans les habitudes de prescription et de dispensation.

– Enfin, les IPP (inhibiteurs de la pompe à protons) restent à des niveaux stables depuis trois ans, avec une légère baisse amorcée début 2025, alors que l’objectif est une réduction de 20 % chez l’adulte.

« Ces premiers résultats vont bien dans le sens d’une baisse réelle des volumes. Nous continuerons à suivre l’évolution des pratiques », a commenté Sophie Manuel de Condinguy, responsable des études institutionnelles au Gers.