Emeutes : comment réagir quand la pharmacie est prise pour cible ?

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Emeutes : comment réagir quand la pharmacie est prise pour cible ?

Publié le 30 juin 2023
Par Anne-Charlotte Navarro et Laurent Lefort
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Les destructions et actes violents se multiplient suite au décès du jeune Nahel mardi 27 juin à Nanterre (Hauts-de-Seine). Les pharmacies, comme d’autres commerces de proximité, sont prises pour cible. Que doit faire un titulaire quand sa pharmacie a été vandalisée ?

« Travaillant depuis 14 ans dans cette belle officine, la dirigeant depuis 6 ans, je n’ai jamais fermé une seule journée, même pendant deux mois de travaux, même en plein cœur d’une crise sanitaire pendant laquelle mon équipe et moi-même nous sommes mobilisées pour les patients. Même après des dégradations de vandalisme ou pour des congés d’été. Nous avons toujours su agir et ré-agir. Ma pharmacie a été victime collatérale de l’incendie intégral de la banque mitoyenne à mon officine lors des heurts dans la nuit du 28 au 29 juin. Mon officine émet des vapeurs et fumées toxiques pour nous-mêmes et pour les patients. Je suis donc en perte d’exploitation depuis le 29 juin. J’attends le passage d’un expert mandaté par l’assurance, une société de décontamination. Mais je ne sais pas combien de temps le navire sera paralysé (…). » Ce témoignage, c’est celui qu’a publié Delphine Bossut, titulaire à Meudon-la-Forêt (Hauts-de-Seine), le 30 juin sur son compte LinkedIn. Des mots justes, une émotion justement partagée qui traduit le contexte ambiant après le décès de Nahel, à Nanterre (Hauts-de-Seine) le 28 juin.

Le titulaire confronté à de telles conséquences matérielles pour son entreprise doit évidemment déposer une plainte à la gendarmerie ou au commissariat. Afin de gagner du temps, il peut établir une pré-plainte en ligne. Mais il faudra se déplacer auprès des forces de l’ordre pour signer la plainte.

Muni du récépissé, il doit contacter son assurance pour mettre en route la réparation du préjudice. Il peut aussi fournir des photos ou le rapport des pompiers (s’ils sont intervenus) pour permettre à l’assureur de prendre la pleine mesure des dommages. Fréquemment, l’assurance mandatera un expert qui appréciera la situation sur place.

Les modalités de réparation des dommages matériels dépendent des clauses prévues dans le contrat d’assurance. Il est donc impératif de lire le contrat.

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Certains contrats autorisent le chef d’entreprise à contacter directement l’artisan de son choix, alors que d’autres l’obligent à solliciter les artisans recommandés par l’assurance, ou encore prévoient que l’assurance choisisse elle-même l’artisan. Si ces modalités ne sont pas respectées, l’assurance peut refuser la prise en charge.

Au-delà des réparations proprement dites, si de la marchandise a été volée, il est important de rassembler les factures d’achats, bordereaux de livraison et toutes pièces justificatives permettant d’attester de la présence des produits dans l’officine.

Pendant la fermeture liée aux travaux de remise en état, la pharmacie peut être indemnisée et les salaires pris en charge. Cette garantie n’est pas obligatoire. Le pharmacien doit avoir souscrit une assurance « perte d’exploitation ». Là encore les modalités d’indemnisation (montant, durée, charges prises en compte, etc) dépendent du contrat.