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Economie officinale : le ton des négociations conventionnelles est donné
Quel avenir pour la pharmacie ? Lors du Congrès national des pharmaciens organisé les 10 et 11 juin par la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), la première table ronde a donné un avant-goût des négociations conventionnelles qui débuteront à l’automne prochain.
L’économiste et essayiste Olivier Babeau a rappelé les enjeux pour le réseau officinal. « Hors période Covid, on observe depuis 2012 une baisse tendancielle de la marge provoquée par l’augmentation de la masse salariale, et aggravée ces derniers mois par l’augmentation des coûts de l’énergie, a-t-il expliqué. Comme les pharmaciens ne peuvent pas fixer librement leurs prix, ils sont confrontés à un effet de ciseau entre les dépenses et les recettes. Ajoutez à cela une bipolarisation pour la valorisation des pharmacies, entre celles de plus ou moins 1,2 M€ de chiffre d’affaires, ces dernières n’arrivant bien souvent pas à trouver de repreneurs, et vous obtenez une baisse continue du nombre d’officines et de titulaires. Il est donc essentiel de pérenniser le réseau officinal en mettant en place des mécanismes de revalorisation régulière des honoraires, avec des clauses de revoyure afin de pouvoir rediscuter des recettes quand les dépenses augmentent de façon importante. »
Un avant-goût de négociation
La suite du débat a ressemblé à une répétition générale des négociations conventionnelles qui démarreront à l’automne entre les chambres patronales et l’Assurance maladie. Philippe Besset, le président de la FSPF, a d’abord égrené ses priorités. « Nous souhaitons dans cette négociation conventionnelle nous recentrer sur le cœur de métier, la délivrance des médicaments. Nous allons soumettre une demande de revalorisation de l’acte de délivrance de 0,80 centime à 1,30 €, quand les médecins aimeraient, eux, voir leur acte de base passé de 25 à 50 €, a malicieusement rappelé le président de la FSPF. Nous allons également demander la création de quatre nouveaux honoraires qui participeront à la revalorisation de notre métier. Nous réclamerons ainsi 10 € pour le renouvellement de trois mois des ordonnances expirées, 15 € pour la dispensation protocolisée de médicaments à prescription médicale obligatoire, 5 € pour une intervention pharmaceutique sur ordonnance, et 200 € par jour pour les officines de proximité dans des déserts médicaux. Au total, cela représente une enveloppe de 750 M€ pour compenser l’inflation, soit 10 % de la rémunération des pharmaciens en 2019. »
Cap sur la sobriété
Directrice déléguée de la Caisse nationale de l’Assurance maladie (Cnam), Marguerite Cazeneuve a elle aussi choisi l’humour pour répondre au président de la FSPF. « Sur les perspectives de la négociation conventionnelle, je suis 100 % d’accord avec Philippe, sauf peut-être sur les tarifs, a-t-elle plaisanté avant d’enchaîner plus sérieusement. Je pense effectivement que nous devrons travailler cet automne sur le cœur de métier des pharmaciens, à savoir la délivrance sécurisée et pertinente des produits de santé. Et que nous devrons aussi tenir compte de cet effet ciseaux qui pèse sur la remunération des pharmaciens. Ceci étant dit, dans un contexte inflationniste, tous les acteurs sont obligés de rogner sur leurs marges pour pouvoir tenir sur la durée. Ce sera aussi le cas pour les pharmaciens. »
Marguerite Cazeneuve a ensuite dévoilé le cap qu’elle entend fixer aux futures négociations. « Après la désensibilisation de la rémunération des pharmaciens au prix des médicaments, nous allons entrer dans une décennie où il faudra engager la désensibilisation aux volumes. Nous connaissons tous les enjeux de sobriété écologique qui se présentent à nous. La santé concentre 8 % des émissions de gaz à effet de serre, 50 % de ces émissions étant liées au médicament. C’est donc autour de la juste prescription et de la juste délivrance que nous allons devoir construire de nouveaux honoraires. En nous interrogeant notamment sur comment valoriser l’intervention pharmaceutique, lorsqu’elle va dans le sens d’une meilleure sécurité ou d’une diminution de la polymédication, et comment faire décoller les bilans partagés de médication, un très bel objet, mais qui reste purement pharmaceutique » a annoncé la directrice déléguée de la Cnam.
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