Téléconsultations : des patients jeunes et urbains

Un an après son remboursement par l’Assurance maladie, la téléconsultation est-elle entrée dans les mœurs ? Pas complètement, mais ce mode de consultation se développe effectivement. Mais pas forcément dans les déserts médicaux ou auprès des personnes ne pouvant pas se déplacer. C’est ce qui ressort de la 2^e édition du baromètre B3TSI – Chronic Panel – Egora sur les usages de la téléconsultation médicale en France, diffusé le 11 septembre 2019.

Pour la 1^ère édition du baromètre, seulement 8 % de Français avaient, en novembre 2018, consulté à distance au moins une fois au cours des 12 derniers mois. Aujourd’hui, ils sont 12 %. Mais 52 % des téléconsultations réalisées ont lieu dans les agglomérations de plus de 100 000 habitants dont 27 % pour la seule région parisienne contre seulement 16 % en zone rurale, alors que cette part de la population représente 26 % de l’échantillon sondé. Autre constat surprenant : 48 % des téléconsultations ont été réalisées par des Français ayant moins de 40 ans alors qu’ils ne représentent que 35 % de la population. Plusieurs motifs expliquent ces chiffres. Les téléconsultants mettent plus de temps pour se rendre au cabinet de leur médecin traitant (14 % mettent plus de 30 minutes versus 6 % pour ceux n’ayant jamais téléconsulté dans les 12 derniers mois). De plus, 39 % ont eu recours aux services d’urgence d’un hôpital ou d’une clinique dans les mêmes 12 derniers mois (versus 21 % pour ceux n’ayant pas téléconsulté) et 42 % sont touchés par une maladie chronique ou permanente les obligeant à un traitement régulier (versus 33 % des non téléconsultants). Enfin, dans 41 % des cas, les personnes ressentaient une douleur, et dans 48 % les délais de rendez-vous étaient trop long. Dernier point : seulement 20 % des téléconsultations entraient dans le cadre de la prise en charge par l’Assurance maladie.

Sur un rythme de 3 300 téléconsultations par semaine

Les principaux résultats de ce baromètre sont corroborés par les statistiques dévoilées par l’Assurance maladie ce 12 septembre 2019. Elle estime à plus de 60 000 le nombre de téléconsultations facturées au 15 septembre 2019, sur l’ensemble du territoire. Surtout, les facturations s’accélèrent nettement depuis le début de l’année 2019. Leur nombre est passé de 2 000 en janvier à 7 000 en mai, pour dépasser les 10 000 téléconsultations mensuelles depuis l’été. Et depuis la rentrée 2019, le nombre de téléconsultations se situe autour de 3 300 par semaine. 85 % des actes sont facturés par des médecins libéraux dont 63 % par des généralistes. Leur répartition est cependant inégale selon les territoires : seuls quelques départements concentrent la grande majorité des téléconsultations dont l’Île-de-France (44 % de l’ensemble des téléconsultations avec 15 % à Paris, 8 % dans le Val-de-Marne, 6 % dans les Yvelines comme dans les Hauts-de-Seine) et l’Hérault (13 % du total). Enfin, un tiers des téléconsultants a moins de 30 ans et 56 % moins de 40 ans. Au final, 12 % des téléconsultations concernent des patients de 70 ans et plus. A noter cependant que 27 % des téléconsultations facturées concernent des patients en affection longue durée (ALD).

Pour l’Assurance maladie, « la dynamique observée devrait s’amplifier », notamment grâce aux avenants signés avec les pharmaciens et les infirmiers, mais également par le déploiement des organisations territoriales de proximité (maisons et centres de santé, équipes de soins primaires et CPTS). Le 2^ème baromètre B3TSI – Chronic Panel – Egora est plus nuancé. Si plus de 7 Français sur 10 indiquent que la téléconsultation est au moins aussi bien que la consultation classique (14 % la jugent même meilleure ou bien meilleure) et si 63 % de ceux qui ne l’ont pas utilisé comptent le faire, seuls 7 % des répondants sont tout à fait d’accord avec l’affirmation selon laquelle la téléconsultation sera à terme le principal mode de consultation de leur médecin traitant.