Lors des 15es Rencontres de l’officine qui se sont déroulées les 18, 19 et 20 juin à Paris (Palais des congrès), les syndicats pharmaceutiques ont rappelé à Julie Pougheon, directrice de l’offre de soins à la Caisse nationale de l’Assurance maladie (Cnam), d’inscrire urgemment le volet économique à la convention nationale pharmaceutique de 2022. En cause, l’inflation galopante. « Les baisses de prix vont se poursuivre et les projets annoncés sur les médicaments et les dispositifs médicaux sont très inquiétants pour la rémunération et par ricochet pour le patient, alors que nous venons par deux fois de revaloriser de 3 % la valeur du point salarial et qu’un point coûte 60 millions d’euros au réseau », expose Fabrice Camaioni, vice-président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), pour expliquer que le « compte n’y est pas ! ».
La convention de 2022 représente un investissement substantiel de l’ordre de 130 M€ de la part de l’assurance maladie obligatoire et complémentaire, n’a pas manqué de rappeler Julie Pougheon. Un montant qui vise à rémunérer l’ensemble de ces nouvelles missions. « Les discussions sont ouvertes et le travail n’est pas fini sur l’accentuation du rôle du pharmacien dans le dépistage et l’accompagnement des patients », ajoute-t-elle.
Le principe de travail plus pour gagner plus atteint ses limites dans un contexte de pénurie de personnel et de manque de moyens pour recruter de nouveaux talents et se lancer dans les nouvelles missions. Renaud Nadjahi, vice-président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), démontre que les honoraires de professionnels de santé sont difficilement conciliables avec les coûts de l’entreprise. « Tout ce que l’on nous demande de détecter (dépistage du cancer colorectal…), sur la dispensation adaptée, etc., ce sont des coûts en moins pour l’Assurance maladie et du chiffre d’affaires en moins pour l’officine, alors que les charges de nos entreprises vont bien au-delà de l’action individuelle du pharmacien », explique-t-il.
Economies et écologie sont liéesLa convention pharmaceutique intègre pour la première fois la prise en compte des enjeux environnementaux dans l’activité des pharmaciens, axe que l’Assurance maladie souhaite développer avec les pharmaciens… et qui peut aussi être facteur d’économies. Pour relever le pari de la transition écologique, Numan Barhoun, président de l’Association nationale des étudiants en pharmacie de France (Anepf), mise sur une fusée à 3 étages (respect des engagements de la responsabilité sociale des entreprises, prise en compte par le pharmacien des impacts environnementaux des produits de santé et adaptation par ce dernier des posologies en fonction de l’environnement. « Par exemple, baisser les doses de diurétiques en période de canicule », illustre-t-il. Le troisème étage de la fusée de l’Assurance maladie est quelque peu différent. Il doit être dévolu à un travail de sensibilisation des patients pour limiter les émissions de déchets pharmaceutiques et les alerter sur la dangerosité des médicaments, et, notamment chez la femme enceinte, sur la toxicité des produits ménagers pour leur future progéniture. Comme le souligne Renaud Nadjahi, le volet écologique peut générer beaucoup d’économies qui sont contraires à l’intérêt économique des officines : « Il faut faire évoluer notre rémunération mais aussi nous faire un peu confiance en ne nous imposant pas des systèmes trop contraignants (comme c’est le cas sur la délivrance de la fosfomycine dans l’infection urinaire), en nous laissant, par exemple, modifier les prescriptions d’antibiotiques lorsqu’elles ne sont pas conformes à l’AMM afin d’éviter la dispensation à l’unité tout en répondant aux besoins des patients. »
François Pouzaud
Pourrez-vous respecter la minute de silence en mémoire de votre consœur de Guyane le samedi 20 avril ?
1Healthformation propose un catalogue de formations en e-learning sur une quinzaine de thématiques liées à la pratique officinale. Certains modules permettent de valider l'obligation de DPC.
Vous avez des questions ?
Des experts vous répondent !