Nouvelles missions : sont-elles contraires à l’intérêt économique de l’officine ? - 20/06/2022 - Actu - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
20/06/2022 | Le Moniteur des pharmacies.fr ..

Nouvelles missions : sont-elles contraires à l’intérêt économique de l’officine ?

Getty Images/iStockphoto

Lors des 15es Rencontres de l’officine qui se sont déroulées les 18, 19 et 20 juin à Paris (Palais des congrès), les syndicats pharmaceutiques ont rappelé à Julie Pougheon, directrice de l’offre de soins à la Caisse nationale de l’Assurance maladie (Cnam), d’inscrire urgemment le volet économique à la convention nationale pharmaceutique de 2022. En cause, l’inflation galopante. « Les baisses de prix vont se poursuivre et les projets annoncés sur les médicaments et les dispositifs médicaux sont très inquiétants pour la rémunération et par ricochet pour le patient, alors que nous venons par deux fois de revaloriser de 3 % la valeur du point salarial et qu’un point coûte 60 millions d’euros au réseau », expose Fabrice Camaioni, vice-président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), pour expliquer que le « compte n’y est pas ! ».

La convention de 2022 représente un investissement substantiel de l’ordre de 130 M€ de la part de l’assurance maladie obligatoire et complémentaire, n’a pas manqué de rappeler Julie Pougheon. Un montant qui vise à rémunérer l’ensemble de ces nouvelles missions. « Les discussions sont ouvertes et le travail n’est pas fini sur l’accentuation du rôle du pharmacien dans le dépistage et l’accompagnement des patients », ajoute-t-elle.

Le principe de travail plus pour gagner plus atteint ses limites dans un contexte de pénurie de personnel et de manque de moyens pour recruter de nouveaux talents et se lancer dans les nouvelles missions. Renaud Nadjahi, vice-président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), démontre que les honoraires de professionnels de santé sont difficilement conciliables avec les coûts de l’entreprise. « Tout ce que l’on nous demande de détecter (dépistage du cancer colorectal…), sur la dispensation adaptée, etc., ce sont des coûts en moins pour l’Assurance maladie et du chiffre d’affaires en moins pour l’officine, alors que les charges de nos entreprises vont bien au-delà de l’action individuelle du pharmacien », explique-t-il.

Economies et écologie sont liées

La convention pharmaceutique intègre pour la première fois la prise en compte des enjeux environnementaux dans l’activité des pharmaciens, axe que l’Assurance maladie souhaite développer avec les pharmaciens… et qui peut aussi être facteur d’économies. Pour relever le pari de la transition écologique, Numan Barhoun, président de l’Association nationale des étudiants en pharmacie de France (Anepf), mise sur une fusée à 3 étages (respect des engagements de la responsabilité sociale des entreprises, prise en compte par le pharmacien des impacts environnementaux des produits de santé et adaptation par ce dernier des posologies en fonction de l’environnement. « Par exemple, baisser les doses de diurétiques en période de canicule », illustre-t-il. Le troisème étage de la fusée de l’Assurance maladie est quelque peu différent. Il doit être dévolu à un travail de sensibilisation des patients pour limiter les émissions de déchets pharmaceutiques et les alerter sur la dangerosité des médicaments, et, notamment chez la femme enceinte, sur la toxicité des produits ménagers pour leur future progéniture. Comme le souligne Renaud Nadjahi, le volet écologique peut générer beaucoup d’économies qui sont contraires à l’intérêt économique des officines : « Il faut faire évoluer notre rémunération mais aussi nous faire un peu confiance en ne nous imposant pas des systèmes trop contraignants (comme c’est le cas sur la délivrance de la fosfomycine dans l’infection urinaire), en nous laissant, par exemple, modifier les prescriptions d’antibiotiques lorsqu’elles ne sont pas conformes à l’AMM afin d’éviter la dispensation à l’unité tout en répondant aux besoins des patients. »



François Pouzaud

Les dernières réactions

  • 20/06/2022 à 20:54
    drlouzou
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    Nouvelles missions : sont-elles contraires à l’intérêt économique de l’officine ?
    Rien que le titre m'irrite au plus haut point … Comme faire son métier c’est perdre de l’argent …
  • 21/06/2022 à 07:32
    idiotduvillage
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    En 2020 les nouvelles missions ont représenté 24 millions d'€ de chiffre d'affaires, soit 0,07% du chiffre d'affaires du réseau pour moins de 1% des actes réalisés..
    Pour être contraires à l'intérêt économique de l'officine, encore faudrait t'il que les nouvelles missions représentent autre chose qu'un poids économique insignifiant
  • 21/06/2022 à 09:28
    TERMINATOR
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    Arreter de vous prendre pour des pseudo-medecins
    Les nouvelles missions vont nous couter de l'argent , irriter tout le monde , patients compris
    c'est un cache misere pour faire passer la pillule de la baisse des prix
    une fois de plus on s'est fait arnaquer
  • 21/06/2022 à 10:32
    Jeum37
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    Tout à fait d’accord avec Terminator !
    900 millions d’euros d’économies sur le médicament et potentiellement 130 millions à gagner, à condition de bosser bien plus. Pas besoin d’être un génie pour comprendre que la pharmacie s’est encore mal défendue !
    Tous les ans c’est la même rengaine: rabotage de nos ressources pour combler les dérapages de la sécu et nos syndicats qui s’empressent de signer notre mort à petit feu, LFSS après LFS. Rendez-vous à la rentrée pour la prochaine saignée dans nos bilans…
  • 21/06/2022 à 15:43
    erwann
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    Tout est dit.
    Ces "nouvelles missions" prennent du temps et de l'énergie (à condition d'avoir suffisamment de personnel pour les faire) pour une aumône payée à la saint glinglin, pour un intérêt quasi nul pour les patients et pour entrer en conflit avec les autres professionnels.
    Tant que les syndicats sont fiers d'avoir "éviter pire" tout va bien...
  • 22/06/2022 à 17:46
    BREZHONEG
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    On se rappelle l'action des grosses pharmacies pour que les specialités cheres soient sorties du C.A qui declanche l'obligation d'embauche d'un Diplomé (effet de seuil). Eh bien, l'augmentation de C.A combattue revient "par la fenetre" avec ces nouvelles missions peu rentables egalement !!. Seules les petites et moyennes officines peuvent avoir interet à gonfler leur chiffre avec (un peu) de medoc' chers et peu de missions (sur rendez vous)..
  • 22/06/2022 à 18:11
    idiotduvillage
    alerter
    Avant d'être une rémunération, les honoraires des nouvelles missions sont des recettes qui font partie intégrante du chiffre d'affaires. Au maximum les honoraires des nouvelles missions représenteront 130 M€ sur les 35 Mds€ de C.A du réseau, soit une moyenne de moins de 7000 € par officine.
    En termes d'activité les nouvelles missions représenteraient en moyenne 3 actes journaliers alors qu'une pharmacie réalise en moyenne 330 actes de dispensation de médicaments par jour.
  • 30/06/2022 à 09:52
    pierricks
    alerter
    Comment subventionner de nouvelles missions que les pharmaciens s'empresseront d'effectuer!!!!!! C'est très simple, en baissant les rénumérations qu'ils avaient sur la distribution du médicaments.... et pendant qu'ils s'investissent sur ces nouvelles tâches, ils ne parlent pas trop des LPP bloqués alors que ces articles voient leurs prix de vente flamber avec l'inflation, ni des contraintes permanentes qui leur
    sont imposées..... Mais au final, nous n'avons que ce que nous méritons et les instances de la sécurité sociale doivent se frotter les mains d'avoir de bons petits soldats serviles à souhait.

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