Economie de l’officine : les comptes d’une année marquée par la crise sanitaire

« Sur l’année 2020, la pharmacie d’officine a montré sa capacité à se mobiliser et à absorber une grande quantité de patients du jour au lendemain, à répondre aux nouveaux besoins liés à la crise sanitaire du Covid-19 (masques, vaccination, tests antigéniques…) », résume David Syr, directeur général adjoint de GERS Data, à l’issue du premier atelier virtuel du GERS de 2021 consacré au bilan 2020. Cette « élasticité » de la réponse du réseau officinal aux demandes de la patientèle lui a permis de finir l’année écoulée sur une croissance de chiffres d’affaires de +0,2 % à 36,089 Mds€.

Le Covid-19 a redistribué les cartes de la croissance. Les évolutions de CA de l’officine par statut sont toutes positives (médicament remboursable : +0,3 %, dispositifs médicaux : +0,3 %, cosmétiques : +0,5 %, compléments et denrées alimentaires : +5,6 %, vétérinaire : +15,3 %, divers/accessoires : +9,6 %), à l’exception du médicament non remboursable (-10,1 %). Un zoom par taux de TVA montre une activité à 2,1 % à -0,1 % sur l’année 2020 en raison de la baisse des prescriptions de ville (-3 %) bien compensée toutefois par la hausse des prescriptions hospitalières avant et après le premier confinement (+5 % sur l’année). Le CA à TVA 5,5 % et 20 % augmente respectivement de +4 % et de +1 %. En revanche, les ventes à TVA 10 % ont connu une annus horribilis à -11 %.

Le « stop and go » sanitaire imposé par le gouvernement s’est traduit par une baisse générale du trafic en officine de -3 % sur l’année et de -6 % de la semaine 13 (semaine du 23 mars) à la semaine 53 (semaine du 28 décembre), qui a frappé plus durement les pharmacies de plus de 7 M€ de CA (-17 % sur 2020, -22 % à partir du premier confinement) et les pharmacies de centre commercial (-7 % sur l’année, -10 % à partir de la semaine 13). Mais la hausse du panier moyen, induite par la concentration des achats lors de visites moins fréquentes en officine, remet à flot la pharmacie sur le plan économique.

Un jeu d’équilibre que David Syr constate sur plusieurs segments du marché officinal : « Le gain de marge généré par le top 10 des contributeurs à la croissance équivaut à la perte engendrée par le top 10 des contributeurs à la décroissance sur les marchés du selfcare et de la nutrition et, à un moindre degré, sur le marché de la dermocosmétique (hors gels hydro-alcoolique) ». En revanche, sur les produits d’automédication, la balance penche défavorablement du côté du top 5 des contributeurs à la décroissance (-111 M€ pour les produits du mal de gorge, du rhume/état grippal, de la toux grasse, de la diarrhée et de la toux sèche) contre +32,4 M€ pour le top 5 des contributeurs à la croissance. Sur les produits des pathologies hivernales, David Syr prédit des baisses record de vente en 2021.