Dispositif Sophia : un bilan nuancé pour l'Assurance maladie

Plus de 10 ans après le lancement du dispositif d’accompagnement Sophia, quels sont les résultats obtenus ? C’est ce qu’a voulu mesurer l’Assurance maladie en réalisant plusieurs études. Pour les diabétiques, Sophia a permis d’augmenter le taux moyen de réalisation du bilan rénal sur 5 ans, notamment pour les patients en écart de soins. Ainsi, avant leur adhésion au dispositif, seulement 29,2 % des diabétiques en écart de soins réalisaient un bilan rénal. Après 5 ans, le pourcentage s’élève à 48,6 %, contre 50,3 % pour l’ensemble des adhérents. Une autre étude porte sur les taux de réhospitalisation des patients diabétiques versus un groupe témoin la 7^e année après l’adhésion à Sophia. 19 jours d’hospitalisation pour le diabète et ses complications sont évités en moyenne. Enfin, les dépenses de soins des adhérents diabétiques depuis 7 ans ont évolué à la baisse : - 289 € en 2017 et 2018. « Des résultats encourageants », estime l’Assurance maladie qui, pour autant, reconnaît que le taux recommandé par la Haute Autorité de santé (HAS) pour le bilan rénal est de 80 % et qu’il faut attendre 7 ans de suivi avant d’observer des changements de comportement de la part des patients. Quant aux asthmatiques, une étude montre une dégradation de l’observance légèrement moindre pour les adhérents Sophia (8 500 personnes inscrits au dispositif depuis 2014) que pour le groupe témoin (6 jours de plus couverts par les délivrances médicamenteuses). 

Le dispositif Sophia, qui a coûté depuis son lancement 210 millions d’euros et revient aujourd’hui à 46 € par patient, va se poursuivre. Pour l’Assurance maladie, Sophia est complémentaire des autres actions des professionnels de santé, notamment de celles des pharmaciens auprès des patients asthmatiques. 

Lancé en 2007, Sophia comptait, à fin décembre 2018, 873 044 adhérents, dont 791 663 diabétiques, 71 960 asthmatiques et 9 412 patients souffrant des deux pathologies. L’Assurance maladie estime à 3 millions le nombre de patients éligibles, c’est-à-dire ciblés notamment en fonction de leur consommation de médicaments. Les patients éligibles reçoivent alors un courrier de l’Assurance maladie les invitant à adhérer à Sophia. L’adhésion est en effet basée sur le volontariat. Le dispositif consiste en un accompagnement « standard » (livret, site Internet, contact avec les infirmiers-conseillers en santé) et personnalisé (courriers personnalisés sur les examens de suivi, questions/réponses avec un infirmier via le site e-coaching, appels des infirmiers-conseillers). L’objectif est d’amener le patient diabétique à réaliser les examens de suivi en particulier pour le diabète (fond d’œil, bilan rénal, examen dentaire) afin d’éviter les complications et d’améliorer pour le patient asthmatique l’observance du traitement. En 2015, l’Assurance maladie a décidé de viser plus particulièrement les patients diabétiques en « écart aux soins recommandés », c’est-à-dire ceux qui n’ont pas réalisé un bilan rénal, un fond d’œil et un examen dentaire à la fréquence recommandée. 120 00 diabétiques dans ce cas rejoignent ainsi Sophia. En 2018, ce sont les asthmatiques éloignés des soins qui ont été invités à adhérer au dispositif. 24 000 personnes répondent à l’incitation (soit 66 % des asthmatiques adhérents en 2018).