Confinements : et aussi une hausse inquiétante des médicaments cardiovasculaires et antidiabétiques

Les délivrances des médicaments en ville au cours des derniers mois sont inquiétantes. Dans son 6^e rapport sur l’usage des médicaments pendant l’épidémie de Covid-19 publié ce 27 mai (chiffres du Système national des données de santé arrêtés au 25 avril), le groupement d’intérêt scientifique (GIS) EPI-Phare (ANSM et Cnam) constate depuis début 2021 une nette hausse par rapport à l’attendu du nombre de traitements prescrits et délivrés d’antidiabétiques et de médicaments cardiovasculaires.Tout particulièrement des instaurations de traitement chez des patients non traités auparavant : + 14,7 % pour les antihypertenseurs, + 11 % pour les antidiabétiques et + 24 % pour les statines. « Ces augmentations marquantes peuvent notamment s’expliquer par les effets délétères sur la santé de la baisse contrainte de l’activité physique imposée par la succession des différentes mesures de restrictions nécessaires au niveau national pour lutter contre l’épidémie », explique le GIE, ainsi que par une modification des régimes alimentaires (et la prise de poids consécutive).

Dans le même temps, l’augmentation des délivrances d'antidépresseurs (+ 7,3 % de janvier à mars 2021, période de couvre-feu, mais + 10,3 % depuis avril et le troisième confinement), antipsychotiques (respectivement + 4,4 % puis + 6,6 %), anxiolytiques (+ 9,7 % puis + 12,5 %) et hypnotiques (+ 11,9 % et + 15,5 %) constatée en 2020 s’accentue, notamment chez les moins de 60 ans. 2021 voit en plus une « hausse marquée » de la délivrance de médicaments de la dépendance à l’alcool (+ 7,8 % puis + 13,5 %), pourtant globalement stable en 2020. « Cette augmentation reflète, sur le plan médical, l’impact psychologique majeur de l’épidémie de Covid-19 sur la population et de ses conséquences sociales, professionnelles et économiques », conclut l’enquête.

Autre constat d'EPI-Phare, la vaccination anti-Covid-19 menée tambour battant ne doit pas faire oublier les autres vaccinations, notamment chez les enfants. « La vaccination des enfants continue d’accuser un fort déficit en ces 4 premiers mois de l’année », avec une nouvelle chute des délivrances des vaccins penta/hexavalents pour nourrissons et de ROR, (respectivement - 3,7 % et - 14,2 % de délivrances de ces vaccins par rapport à l’attendu), ainsi des vaccins anti-HPV chez les jeunes filles, (- 27,1 %).

Enfin, la reprise de la délivrance et l’utilisation de produits de préparation aux actes de coloscopie, IRM et de scanner depuis le milieu de l’année dernière, après un effondrement lors de la première vague de l’épidémie de Covid-19, pourrait être une bonne nouvelle. Mais « le retard accumulé l’an dernier n’est pas comblé. (…) La chute durant le début de la pandémie, parfois de plus de 80 % de ces trois derniers actes indispensables pour diagnostiquer et suivre certains cancers ou maladies graves en poussée, conduisent toujours avec l’ensemble de la filière de cancérologie et de médecine de spécialité à des retards conséquents de prise en charge. »

Reste que la prescription de l’antibiothérapie poursuit sa « baisse spectaculaire » (-24,8 %), « en lien avec la diminution de la circulation des virus (hors Sars-CoV-2) et autres agents infectieux consécutive à la distanciation sociale et au port du masque ».