Carine Wolf-Thal (CNOP) : « L’expression «nouvelles missions» ne me convient pas » - 14/08/2020 - Actu - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
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Carine Wolf-Thal (CNOP) : « L’expression «nouvelles missions» ne me convient pas »

officine, ordre, pharmaciens, présidente, cancer, entretiens, accompagnement Philippe Castaño

« Que faire de son métier ? Cela vaut le coup de se poser la question. » En cette période estivale, Carine Wolf-Thal, présidente de l’Ordre national des pharmaciens, invite à s’interroger sur l’engagement de chacune et chacun vers les nouvelles missions –une expression qu’elle récuse. Ceci d’autant que le suivi des patients sous anticancéreux oraux vient de s’ajouter à la palette officinale.

 

L’entretien pour les patients sous anticancéreux oraux est acté dans l’avenant n°21 à la convention pharmaceutique. Cet accord signé le 29 juillet par l’Assurance maladie et les syndicats de titulaires doit désormais passer entre vos mains. Allez-vous l’adopter en l’état ?

Notre intervention se limite à nous assurer que la mise en œuvre de cet entretien soit conforme au plan déontologique. C’est rare mais il est arrivé par le passé que nous ayons quelques observations. Le document est actuellement en circulation dans les sections concernées : titulaires, adjoints et pharmaciens d’outre-mer. La délibération du conseil national interviendra courant septembre.

Les nouvelles missions se sont multipliées ces dernières années. Hormis la vaccination, elles n’ont pas encore vraiment trouvé leur place dans les pratiques officinales. Comment voyez-vous cette situation évoluer ?

L’expression « nouvelles missions » ne me convient pas. Ce n’est pas nouveau pour un pharmacien d’accompagner un patient atteint de cancer. Cela ne l’était pas non plus, dans une moindre mesure, pour les entretiens précédents. Désormais, oui, la démarche est formalisée, encadrée, tracée et rémunérée. Cela prend peut-être un peu plus de temps mais il ne faut pas s’en effrayer. Nous sommes là pour ça. Qui le ferait à part nous ? Que dirait-on de nous si on délivrait les anticancéreux comme des bonbons ?

Quel profil d’officines peut mettre en place ces entretiens ?

Ces trois dernières années ont ouvert le champ des possibles. C’est difficile de mettre en place toutes ces missions de manière systématique. Rien n’est imposé, il faut choisir selon sa typologie et sa patientèle. Si la population est principalement âgée, cela peut être des bilans de médication. Dans une pharmacie de passage, on pourra proposer des Trod Covid. Près d’un centre spécialisé dans le cancer, les pharmaciens vont prendre en charge les patients concernés. Je l’ai dit : bien souvent, c’était déjà le cas.

Reste que pour s’investir il  faudrait plus de temps pharmaceutique…

Cela n’est évidemment pas simple. Les syndicats négocient de nouvelles rémunérations pour permettre d’embaucher davantage. J’incite les titulaires qui le peuvent à recruter des pharmaciens et notamment parmi la nouvelle génération, qui est formée à cela. Ce sont souvent les stagiaires de 6e année qui initient des bilans de médication. Nous sommes à un carrefour d’orientation stratégique. Cela vaut le coup de se poser la question de ce que l’on veut faire de son métier. On peut passer son temps à faire du référencement, on peut rester pousseur de boîte. On peut aussi s’impliquer davantage comme professionnel de santé et accompagner les patients dans le parcours de soins.

Ces missions ne sont-elles pas sources de fragmentation du réseau ? 

Toutes les officines ne peuvent ou ne souhaitent pas tout faire. Cependant, il faut donner les moyens à celles qui veulent faire et les accompagner. Les groupements y participent, mais il n’est pas nécessaire d’être groupé pour se lancer. Ce que nous ne voulons pas, c’est l’apparition d’un « réseau dans le réseau » qui exclurait certaines pharmacies dans l’impossibilité de réaliser ces suivis.

Quel est votre point de vue sur les Trod Covid-19 ?

Leur intérêt est limité aux recommandations de la Haute Autorité de santé. Les indications sont restreintes. Le Trod permet une première orientation diagnostique qui peut être utile à certains patients. Dans mon officine, après échange et explication, deux tests sur trois ne sont finalement pas réalisés. Un autre intérêt aurait été statistique si l’enregistrement systématique des résultats dans une banque de données nous avait été demandé.



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