Autotest Covid-19 : le prochain défi ?

Alors que des autotests antigéniques Covid-19 vendus en grande distribution en Allemagne ont remporté un vif succès, faut-il s’attendre à l’arrivée d’un produit similaire en France ? « Pour le moment, cette commercialisation n’est pas prévue ici », précise un porte-parole de l’enseigne Lidl, concernée outre-Rhin.

En pharmacie, c’est une autre histoire. Federgy, la chambre syndicale des groupements et enseignes de pharmacie, entend encourager non pas des autotests mais des tests antigéniques réalisés par auto-prélèvement nasal ou salivaire, selon son président Alain Grollaud. « Les autotests ont été refusés par la Haute Autorité de la santé (HAS) au début de l’été », rappelle-t-il d’emblée. « Toutefois, aujourd’hui nous voulons poursuivre l’étude Covipharma pour montrer que les tests salivaires antigéniques et les tests avec prélèvement nasal antigéniques à pratiquer avec un petit écouvillon de 2 cm seulement, tous deux donnant une réponse sous 15 minutes, sont très fiables. Nous voulons procéder à un pilote dans la quinzaine qui vient, durant lequel les patients venus pour un test nasopharyngé, serait aussi testé avec les deux autres méthodes. Nous menons cette étude avec les laboratoires Biogyne dont les produits ont été approuvés en Allemagne. Dans ce cadre, une réflexion est menée avec la HAS pour que les expérimentations aillent vite, poursuit le président de Fédergy. Nous voudrions pouvoir utiliser ces deux tests car leur sensibilité est désormais proche de celles des PCR qui nécessitent un à deux jours d’attente pour obtenir le résultat. La HAS s’oriente plutôt vers un process où le patient ferait un autoprélèvement et le diagnostic serait effectué par un professionnel de santé. Avec ce passage entre les mains d’un professionnel, le test pourra être tracé. Dans le cadre d’une stratégie tester, tracer isoler, ce serait en effet aberrant de recourir à un véritable autotest (comme un test de grossesse, en total autonomie du patient, NdlR) ! ».

En coulisses, c’est l’effervescence

Outre la rapidité du résultat, Alain Grollaud voit aussi dans ces deux nouvelles méthodes, déjà « adoptées en Corée, en Belgique, aux Etats-Unis.... », un moyen de faire face à la réticence de certains patients face au test nasopharyngé antigénique assez invasif. Son confrère Antoine Souied, co-fondateur Leader Santé, et responsable du pôle achat de ce groupement, est moins optimiste. « Certains fournisseurs organisent déjà des ventes, d’autres des pré-réservations de ces produits mais leur autorisation en France risque d’être plus compliquée qu’ailleurs et donc de prendre au minimum six mois », tempère le pharmacien. Il estime que les autorités ici « voudront sans doute verrouiller le fait que la personne qui apporte un prélèvement pour l’analyse soit bien celle sur qui il a été recueilli ».

Quoiqu’il en soit, le sujet est entre les mains des autorités de santé françaises. « J’attends un avis informel de la HAS en fin de semaine et un avis formel la semaine prochaine », avouait Olivier Véran au cours de la webconférence organisée le 10 mars par le ministère de la Santé et l’Ordre des pharmaciens. « Il reste à définir pour quels usages, dans quelles circonstances, avec quel outil de partage, car on va perdre l’inscription au SI-DEP (uniquement réservé aux professionnels de santé, NdlR). » Et de proposer : « Je suis pour la réalisation de ces tests à l’entrée de certains établissements recevant du public, par exemple. »