Vaccins antiCovid : les pharmaciens ne se feront pas vacciner les premiers - 30/11/2020 - Actu - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
30/11/2020 | Le Moniteur des pharmacies.fr ..

Vaccins antiCovid : les pharmaciens ne se feront pas vacciner les premiers

Vaccin, Covid-19, recommandation, priorisation, HAS Nastco/iStock

Alors que, de leur côté, les autorités sanitaires européennes et américaines évaluent l’efficacité et la sécurité des premiers vaccins anti-Covid (lire notre enquête du 28 novembre : « Vaccin anti-Covid-19 : vitesse ou précipitation ? »), la Haute Autorité de santé (HAS) complète, ce 30 novembre, ses recommandations sur la priorisation des populations à vacciner. Ces recommandations seront à affiner en fonction des indications des différents vaccins attendus (ARNm, vecteur viral…) qui pourraient se montrer plus efficaces sur certaines catégories de la population. « C’est une anticipation que nous faisons, avec les données dont nous disposons », précise le Pr Dominique Le Guludec, présidente de la HAS.


Les 5 étapes de la stratégie vaccinale

La HAS a défini une stratégie en 5 phases, en fonction du bénéfice individuel de la vaccination en termes de réduction de la morbimortalité et en tenant compte des activité essentielles du pays, avec priorité « aux plus vulnérables et aux plus exposés », donc aux Ehpad. La première phase sera à déployer « dès la mise à disposition des premières doses de vaccins » et le passage d’une phase à l’autre se fera en fonction des doses de vaccins disponibles.

Phase 1

− Résidents d’Ehpad et résidents en services de longs séjours ;

− Professionnels exerçant dans les établissements accueillant des personnes âgées et présentant eux-­mêmes un risque accru de forme grave/de décès (plus de 65 ans et/ou présence de comorbidité : obésité, BPCO et insuffisance respiratoire, hypertension artérielle compliquée, insuffisance cardiaque, diabète de types 1 et 2, insuffisance rénale chronique, cancers récents de moins de trois ans, transplantation d’organe solide ou de cellules souches hématopoïétiques et trisomie 21).

« C’est là où il y a eu beaucoup de clusters et de décès, explique le Pr Elisabeth Bouvet, présidente du Comité technique des vaccinations de la HAS. On estime qu’un tiers des décès sont survenus dans les Ehpad. »

Phase 2

− Toutes les personnes âgées de plus de 75 ans, en commençant par les plus âgées/présentant une ou plusieurs comorbidités ;

− Puis toutes les personnes âgées de 65-­74 ans, en priorisant celles présentant une ou plusieurs comorbidités ;

− Puis les professionnels des secteurs de la santé et du médicosocial âgés de 50 ans et plus et/ou présentant une ou plusieurs comorbidités (quel que soit le mode d’exercice).

Phase 3

− Les personnes à risque du fait de leur âge (50-­65 ans) ou de leur(s) comorbidité(s) non vaccinées antérieurement ;

− Les professionnels des secteurs de la santé et du médicosocial non vaccinés antérieurement ;

− Les opérateurs/professionnels des secteurs indispensables au fonctionnement du pays, qui seront définis par le gouvernement.

Phases 4 et 5

Ce sont les phase d’extension de la vaccination, qui concernent :

− Les personnes vulnérables et précaires (sans domicile fixe...), vivant en collectivité (prisons, établissements psychiatriques, foyers...) non vaccinés antérieurement du fait de leur âge ou comorbidité(s) ;

− Les professionnels prenant en charge les personnes vulnérables dont les travailleurs sociaux, non vaccinés antérieurement du fait de leur âge ou comorbidité(s) ;

− Les personnes vivant dans des hébergements confinés ou encore travaillant dans des lieux clos favorisant l’acquisition de l’infection (ouvriers du bâtiment, abattoirs, etc) non vaccinés antérieurement du fait de leur âge ou comorbidité(s).

Enfin (phase 5), seront vaccinées les autres tranches de la population susceptibles d’être infectées (18-­50 ans) et non ciblées antérieurement, dont les femmes enceintes.


Et le pharmacien dans tout ça ?

Compte-tenu de l’arrivée des vaccins au compte-gouttes, la HAS a également établi des priorisations dans les priorisations. C’est pourquoi, on le voit, les officinaux ne devraient pas faire partie de la première vague des professionnels à vacciner.

Concrètement, les pharmaciens et leurs équipes pourront se faire vacciner en phase 2 ou 3, selon leur âge et leurs comorbidités.


Obligation vaccinale ?

Alors que les sondages remontent une défiance des Français envers les vaccins, notamment le vaccin anti-Covid, la HAS n’est pas, « à ce stade », en faveur d’une obligation vaccinale. « La façon dont la population va adhérer va influencer à terme l’impact de la vaccination », relève le Pr Bouvet, . « On est dans le spéculatif, avec de fausses informations qui circulent. On peut espérer que les choses évolueront quand les vaccins seront disponibles ». Aussi, la HAS pourrait revoir sa copie. « On se reposera la question après la phase 3 ».

Quant aux modalités de vaccination, elles sont actuellement en discussion au ministère de la Santé. « Nous sommes en faveur de l’intervention des pharmaciens et des infirmiers », avait déjà indiqué la HAS. Mais il faut tenir compte des caractéristiques des vaccins. Les pharmaciens devraient ainsi « échapper» à la pratique de la vaccination par vaccins à ARNm, les plus avancés mais qui nécessitent une logistique lourde, et intervenir dans un second temps (lire notre article du 26 novembre). 



Anne-Hélène Collin

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