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Comment le gisement de données de patients révolutionne-t-il l’approche du soin ? C’était l’un des thèmes abordés lors d’une table-ronde organisée par les étudiants de l’école de commerce ESCP Business School jeudi 5 mars à Paris. Premier constat : peu de Français ont aujourd’hui recours à des applications mobiles en santé. « Seulement 17 % d’entre eux en utilisent et cela comprend avant tout des applications orientées vers le bien-être, relève Matthieu Sainton, associé chez Eurogroup Consulting. L’investissement par foyer et par an représente 5,5 euros. Ce marché est peu développé parce que peu régulé et pas remboursé ». Il n’empêche, les patients génèrent sur les réseaux sociaux des échanges porteurs d’informations sur le vécu de leur maladie. De manière globale, selon Laure Géroult-Accolas, fondatrice de l’association « Patients en réseau », « les retours sur la qualité de vie du patient sont encore peu développés et peu pris en compte dans l’évaluation globale de l’utilisation des médicaments ».
Cependant, de plus en plus, l’industrie pharmaceutique tient compte du mode de vie et de l’environnement de l’individu malade dans la mise à disposition d’un traitement. « Il s’agit de développer des caractéristiques qui apportent davantage de valeurs perçues par le patient », indique Jean-François Brochard, président de Roche Pharma France. Et de citer cet exemple : « Dans le cas de troubles neurodégénératifs, certains patients veulent oublier leur maladie et ne pas avoir leurs médicaments sous les yeux. Sur cette base, nous avons réfléchi à un traitement qui ne se prendrait que deux fois par an ». Le recueil et l’analyse des données du patient en vie réelle permettent à Roche Pharma France de mieux connaître l’utilisation d’un médicament. Et d’aller encore plus loin en proposant, pour un traitement anticancéreux, des modèles de prix en fonction de son bénéfice réel apporté aux patients, en accord avec le Comité économique des produits de santé.
Plus largement, les données produites sont portées au bénéfice immédiat du patient. « On peut mesurer la glycémie en continu. Dans quelques années, ce ne sera plus l’hémoglobine glyquée relevée tous les 3 mois mais le temps passé dans la cible thérapeutique qui sera pris en compte pour un patient diabétique », affirme Jean-François Thébaut, cardiologue clinicien et vice-président de la Fédération française des diabétiques. Selon lui, cependant, l’industrie pharmaceutique dispose de données via les dispositifs médicaux connectés mais ne rend pas ses systèmes interopérables avec ceux des patients.
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