Le Moniteur des pharmacies : pourquoi avoir publié ce manifeste ?
Dans la perspective des présidentielles de 2017, l’AFIPA a souhaité adresser un signe fort au gouvernement et à toutes les équipes de campagne qui aujourd’hui se mettent en place, afin qu’une nouvelle stratégie de santé puisse donner au selfcare et à l’automédication la place qui leur revient et en faire la première étape du parcours de soins pour les pathologies bénignes.
La prise en charge des frais de santé est une préoccupation rarement évoquée dans les débats politiques et électoraux et, sous couvert de considérations purement politiciennes, les pouvoirs publics menacent l’organisation de notre système de soins et l’essor d’un marché qui représente pourtant une alternative sûre et crédible aux enjeux économiques actuels.
Dans ses recommandations, l’AFIPA s’appuie sur les résultats d’une enquête Ipsos en regard croisé patients/médecins sur l’automédication. Quels sont les enseignements forts à retenir de cette étude ?
Cette enquête montre que tous les voyants sont au vert. Les patients et les médecins sont prêts pour un développement accru et rapide du selfcare. Par ailleurs, 79 % des Français interrogés estiment que notre système de santé est en danger et qu’il est nécessaire de le réformer. Et 60 % sont prêts à accepter une prise en charge individuelle de leurs dépenses de santé pour des troubles bénins. Du côté des médecins, plus d’un généraliste sur deux est favorable à l’automédication pour des troubles bénins. Ils considèrent aussi que 16 % de leurs consultations pourraient être traitées en automédication. Ils voient également dans l’automédication un moyen de désengorger leur cabinet (59 % des suffrages), mais aussi de se recentrer sur des problèmes de santé plus lourds (63 %). Aussi se disent-ils prêts à accompagner leurs patients dans une démarche d’automédication en leur expliquant en consultation quels médicaments sans ordonnance ils pourraient prendre à l’avenir.
Que révèle la nouvelle étude économique réalisée par la société de sondage OpenHealth pour l’AFIPA ?
Cette étude indique que 1,5 milliard d'euros d’économies potentielles pourraient être réalisées chaque année en suivant nos préconisations, soit 986 millions d'euros au niveau des remboursements de médicaments et 551 millions d'euros au niveau des consultations médicales. Il y a trois ans, nous arrivions déjà à cette estimation avec une méthodologie d’étude différente.
Dans vos propositions, vous parlez de protocoliser le conseil du pharmacien…
Le conseil en pharmacie n’est pas suffisamment formalisé. Le protocoliser permettrait d’avoir des réponses plus professionnelles et plus homogènes entre les officines. Cela pourrait se faire au moyen d’arbres de décision et de référentiels à faire valider par la Haute Autorité de santé. Plusieurs référentiels sont déjà prêts sur la conduite à tenir en cas d’œil rouge, de cystite, de diarrhée… Pour continuer cette démarche, nous nous appuyons déjà sur des groupes de travail avec des pharmaciens.
Dernièrement, Federgy, syndicat des groupements et enseignes et l’USPO, syndicat de pharmaciens titulaires, s’en sont pris à la stratégie des marques ombrelles de certains de vos adhérents. Que leur répondez-vous ?
L’AFIPA est favorable au développement des marques ombrelles car c’est la seule solution possible pour développer le marché de l'automédication. Ce dernier est trop faible en chiffre d’affaires pour permettre à un laboratoire de communiquer sur plusieurs marques. Aujourd’hui, tout le monde nous tombe dessus mais c’est une grande hypocrisie. Jusqu’ici, aucune marque de laboratoire pharmaceutique n’est présente dans un autre circuit. Ensuite, il faut regarder le problème des marques dans leur ensemble. Les marques génériques et les marques de distributeurs développées par les groupements, qui communiquent également, ne sont rien d’autre que des marques ombrelles. Enfin, pour les pharmaciens d’officine, le problème se pose en termes de risque pour le monopole, alors que pour l’ANSM*, il s’agit d’éviter la confusion ainsi induite par le nom de marque pour des produits de nature et de composition différente. A cet effet, nous travaillons avec nos adhérents sur une meilleure hiérarchie des informations présentes sur les packagings pour éviter tout risque de confusion pour les patients.
*Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé.
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