Les officines pourront-elles vendre des masques médicaux ? Le président de la République, dans son allocution du 13 avril, n’a toujours pas répondu à cette question. Pourtant, l’Ordre des pharmaciens, la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) et l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) l’ont écrit au ministre de la Santé, Olivier Véran, le jour même : « Il devient impératif de disposer d’une réponse sur ce point crucial dans les plus brefs délais et notamment lors de l’allocution du président de la République de ce soir ». Pire encore : Olivier Véran a déclaré ce matin sur RTL que les « réseaux de distribution », et par conséquent les pharmacies, auront la réponse dans quinze jours.
Une doctrine et des textes clairs
Les pouvoirs publics doivent en effet trancher deux grands points. Le premier concerne la vente de masques médicaux importés qui n’est ni autorisée ni interdite (voir notre actualité du 11 avril). « L’Etat a permis aux personnes morales d’importer des masques mais ne dit pas ce qu’elles peuvent en faire. C’est là que cela se complique pour la pharmacie : la recommandation, la morale, de l’Etat est de les réserver aux professionnels de santé, explique Philippe Besset, président de la FSPF. Rien n’interdit aux pharmaciens de vendre des masques chirurgicaux importés mais je le déconseille car il faut un minimum de cohérence. »
Le deuxième point porte sur la distribution aux patients de masques chirurgicaux donnés aux officines par les collectivités locales. « La doctrine actuelle est de distribuer les masques aux professionnels de santé et non aux patients. Dans le cadre de dons de masques comme celui de la Région Ile-de-France, nous avons besoin d’explications. Tant que les masques sont fléchés vers les professionnels de santé, c’est simple. Le problème se pose lorsque les masques sont aussi fléchés vers les patients, précise Carine Wolf, présidente de l’Ordre. Ce n’est pas l’Ordre qui fait les lois. Nous ne pouvons pas donner d’instructions aux pharmaciens sans risquer de les fourvoyer en l’absence d’une doctrine et de textes clairs qui l’accompagnent. Or, aujourd’hui tout est sujet à interprétation et c’est intenable pour la profession. »
Masques alternatifs : produits de santé ou pas ?
Si le sujet n’est pas évoqué dans la lettre commune de l’Ordre et des syndicats, il n’en est pas moins important. Il s’agit des masques alternatifs (voir notre actualité du 7 avril). « Ces masques en tissu sont-ils des produits de santé ou pas ? Si le gouvernement considère qu’ils le sont, alors les pharmacies doivent pouvoir les vendre », estime Philippe Besset. Pour Carine Wolf, la question est plus complexe : « Pour l’instant, il n’y a aucune position sur le bien-fondé pour la population de porter des masques alternatifs. L’Académie de médecine juge que la population doit en porter, mais il n’y a pas de recommandation de l’OMS. Tant que les autorités n’auront pas statuer sur les masques alternatifs, nous n’aurons pas de réponse ». Et d’ajouter : « C’est décevant d’avoir une réponse dans 15 jours, car d’ici-là, que faisons-nous ? Les pharmaciens ont de plus en plus de propositions d’entreprises pour des masques médicaux et alternatifs ».
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