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Les équipes officinales passent en moyenne 6 heures et 40 minutes par semaine pour résoudre les conséquences des pénuries et tensions d’approvisionnement en médicaments. C’est le constat du Groupement pharmaceutique de l'Union européenne (GPUE) dans un sondage mené sur 27 pays membres et 2 pays candidats entre le 14 novembre et le 31 décembre 2022. C’est 1h20 de plus qu’en 2021.
Car en Europe, tous les pays connaissent des ruptures d’approvisionnement et, chez les trois quarts des membres répondants (22 pays sur 29), elles ont même empiré en 2022. Aucun des pays interrogés n’a constaté d’amélioration. Pour un quart des pays européens, le nombre de médicaments manquants est estimé à plus de 600. Toutes les classes de médicaments sont touchées, mais surtout les médicaments cardiovasculaires (83,59 % des pays), du système nerveux et antibiotiques (79,31 %), et médicaments du système respiratoire (75,86 %). Deux tiers des pays ont également rapporté des ruptures parmi les dispositifs médicaux.
Des mortsLes alternatives reposent surtout sur le recours aux génériques, lorsque cela est possible (pour 27 pays), la recherche de sources d’approvisionnement alternatives ou la réalisation de préparations magistrales (18 pays) et le recours à un dosage différent en ajustant la posologie (16 pays). Des importations ont été réalisées dans 13 pays.
Ces pénuries de médicaments ont des conséquences pour les patients. La détérioration de la situation s’est traduite par leur désarroi et leur inconfort (27/29), mais aussi par des arrêts de traitement (26/29), des surcoûts (21/29), des pertes d’efficacité thérapeutique (17/62), des erreurs médicamenteuses (10/29) et des effets indésirables (7/29). « Pour la première fois, 4 pays ont même mentionné des décès », complète l’Ordre des pharmaciens. En France, des cas de patients prenant un médicament en double ont été enregistrés, en raison de l’indisponibilité de leurs génériques habituels et la délivrance d’un générique équivalent mais qui n’a pas la même apparence, les deux ayant été pris en même temps.
Côté pharmacie, les pénuries réduisent la satisfaction des équipes et la confiance entre le pharmacien ou le préparateur et le patient (75, 86 %). Elles augmentent le temps administratif (75,86 %) et, pour 96,5 % des pharmacies, elles entrainent des pertes financières dues au temps investi pour trouver des solutions.
De la reconnaissanceLe GPUE appelle donc les décideurs politiques à « adopter des mesures urgentes, audacieuses et ambitieuses », avec « priorité aux besoins des patients ». Il demande aussi d’ « élargir le champs d’exercice » des pharmaciens afin qu'ils « puissent utiliser leurs compétences, leurs connaissances et leurs expériences pour mieux gérer la prise en charge des patients et garantir la continuité de traitement ».
Il demande enfin la reconnaissance de l'investissement des pharmaciens pour gérer ces pénuries. Ce qui passe par une compensation financière.
Anne-Hélène Collin
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