One Health : pourquoi, partout, des zoonoses ?

« Notre espérance de vie dépend de la santé environnementale », a lâché Veronica Manfredi, directrice générale de l’environnement à la Commission européenne, en préambule de la conférence « Santé humaine et animale : c’est aussi de l’économie et des politiques européennes ! », organisée par le magazine L’Obs et le groupe de presse 1Health, éditeur du Moniteur des pharmacies, qui s’est tenue mercredi 15 juin 2022 dans les locaux de la Commission européenne à Bruxelles (Belgique). Or, « notre planète est polluée et foisonnante de maladies », a renchéri Marc Peeters, expert en biodiversité au Museum des Sciences naturelles et coordinateur du mouvement #EnsemblePourLaBiodiversité. « Nous n’avons plus le temps. C’est là, maintenant, que nous sommes confrontés à d’autres pandémies », a ajouté Eric Muraille, biologiste, immunologue et maître de recherches à l’Université Libre de Bruxelles (ULB). La principale raison de ce constat alarmant est.. le progrès. « En envahissant trop vite les milieux naturels, l’homme a provoqué un choc des écosystèmes avec des effets sur notre santé qui ont été immédiats. chikungunya, Zika… sont autant de zoonoses qui se transmettent du moustique à l’homme. Si le phénomène n’est pas nouveau, nous nous attendons à un accroissement des zoonoses et à un déploiement plus rapide et plus étendu. La preuve avec le Sars-Cov-2 (de la chauve-souris à l’homme) et le virus de la variole du singe (du singe et des rongeurs à l’homme) qui se sont propagés ailleurs que dans les zones endémiques », explique Monique Eloit, directrice générale de l’organisation mondiale de la santé animale (OIE). Rappelons que 1600 cas de variole du singe ont été détectés dans le monde, dont 125 en France, selon les dernières données de l’OMS et de Santé publique France.

Veronica Manfredi, garde à l’esprit « la pandémie du Covid-19 qui nous a rappelé combien la santé humaine interagit avec la santé animale et environnementale. Elle nous a aussi montré les dégâts terribles qu’elle pouvait provoquer sur la société, tant sur le plan psychologique qu’économique et à l’échelle mondiale ». Pour éviter que cela ne se reproduise, avec la variole du singe par exemple, ou avec n’importe quel autre virus, des initiatives ont déjà été prises : « Le pacte vert qui vise à mener l’Union européenne vers la neutralité carbone en 2050, l’OMS est en train de piloter un traité sur les pandémies… Les lignes bougent aussi sur l’antibiorésistance », affirme Véronique Thrillet-Lenoir, cancérologue et députée européenne. Stefan de Keersmaecker, porte-parole Santé de la Commission européenne, a lui rappelé « qu’en matière de santé humaine, ce sont les Etats membres de l’Union Européenne qui gèrent. Mais, c’est la coopération transfrontalière qui a aidé les pays de l’Union européenne à mieux surmonter la crise sanitaire du Covid-19. Nous avons créé des instruments qui nous renforcent, comme l’espace européen de données sanitaires, l’Autorité européenne de préparation et de réaction en cas d’urgence sanitaire (Hera)… Et pour la variole du singe, nous avons pu réagir plus rapidement ». En effet, la Commission européenne et le laboratoire danois Bavarian Nordic ont conclu, mardi 14 juin 2022, un contrat pour l’achat de 109 090 doses de vaccins contre la variole du singe.