Sevrage tabagique : les clés pour accompagner vos patients - Solutions - Le Moniteur des pharmacies.fr

Sevrage tabagique :

les clés pour accompagner vos patients
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Les réponses aux questions que vous posent les patients au comptoir sont délivrées par le Dr Marion Adler, médecin généraliste et tabacologue à l’hôpital Antoine-Béclère de Clamart (Hauts-de-Seine).

Une journée dans la vie d’un fumeur qui souhaite arrêter

Du matin jusqu'au soir, la journée d'un fumeur qui souhaite arrêter de fumer est une série de défis et de choix déterminants. Rompre avec la routine des cigarettes au réveil, résister à l'envie face au stress et aux habitudes, et reconstruire des moments sans tabac sont les batailles quotidiennes.

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Les 10 questions essentielles

Questions / Réponses

L’efficacité maximale apportée au fumeur est d’associer les traitements à libération prolongée avec les formes rapides avec nicotine. Cela augmente l’efficacité du tt comme n’importe quel tt d’une douleur chronique. Le patient est aidé par un tt LP à hauteur pour être calmé de manière suffisante de ses envies de fumer. L’association avec des formes orales permet de maximiser l’efficacité le plus rapidement vers 0 cigarette. Le traitement seul de l’un ou de l’autre diminue les chances de réussite du sevrage tabagique. C’est l’association entre une forme LP et une forme orale au choix du patient et l’association de la vape en plus si le patient le veut (la vape est comparée à une nicotine d’apport d’urgence). L’association des deux augmente les chances et quand on sera à 0 cigarette on pourra aller doucement vers une diminution progressive. Il n’y a pas d’urgence la nicotine n’est pas nocive. Le patient se réhabitue à une vie sans tabac. En évitant les signes de manque : prise de poids, anxiété, dépression.
Maux de tête, bouche pâteuse ou encore nausées. Les cauchemars sont liés à l’arrivée de nicotine la nuit. La nicotine est un stimulant du rêve. Conseil : enlever le patch au moment du coucher. Si le patch fait 24 heures on lui propose de mettre le matin et d’enlever le soir. Si c’est 16 heures on peut lui proposer la même chose. Et vice versa. Si un patient a besoin d’un patch la nuit pour ne pas être trop en manque le matin, on propose de garder le patch la nuit (16 ou 24 heures) en prévenant que s’il a des rêves gênants, il enlève le patch la nuit et prend une forme orale dès le matin. En attendant que le patch fonctionne car il met une demi-heure, trois quarts d’heure pour fonctionner le matin. Il faut que la personne se réhabitue à être sans cigarette le matin.
Il y a des gens gênés par une allergie au patch. C’est une allergie à la colle du patch. On peut coller le patch où on veut. S’il y a allergie au bras, il peut mettre le patch sur les jambes. Il est parfois nécessaire d’associer à ces traitements des antiallergiques qui permettent de bien supporter le patch. Si c’est simplement une allergie cutanée quand on enlève le patch on peut proposer des pommades antiallergiques (à la cortisone) pour calmer cette démangeaison liée à la colle du patch quand on enlève le patch. On peut proposer au patient de coller le patch sous le talon. C’est une solution possible pour éviter l’allergie sur le reste du corps. L’action est plus lente sous le talon car la peau est un peu plus épaisse. C’est une très bonne manière de ne pas avoir d’allergie au patch.

Pour rappel, les pharmaciens ont l’obligation de déclarer immédiatement tout effet indésirable susceptible d’être dû à un médicament ou produit et dont ils ont connaissance, que cet effet soit grave ou non, listé ou non dans le résumé des caractéristiques du produit (RCP) et la notice patient, survenant dans des conditions d’utilisation conforme ou non conforme (obligation de pharmacovigilance).
Source : Ordre national des pharmaciens.
Il faut adapter à chacun. Il n’y a pas de dépendance au patch au fur et à mesure que l’on diminue le dosage du patch. Certaines personnes restent dépendantes à la gomme à la nicotine car c’est une dépendance à la nicotine qui n’est pas totalement réglée. Il vaut infiniment mieux rester dépendant à la gomme que de continuer à fumer. Au bout d’un certain temps quand le risque de revenir à la cigarette est écarté, associer des chewings gums ou des bonbons sans sucre en alternance avec les gommes ou les pastilles à la nicotine. Ce qui permet au fur et à mesure de se réhabituer à avoir ce geste, à avoir quelque chose dans la bouche mais sans nicotine. Il n’y a pas de dépendance aux formes orales de nicotine. Je propose de commencer cela avant d’éliminer complètement le patch. Cela permettra d’éviter au maximum cette dépendance aux formes orales de nicotine. Elles sont assez rares et sans toxicité pour le patient.
Non. La dépendance à la nicotine est liée à un certain nombre de récepteurs que nous avons dans notre cerveau. Il est différent pour chacun car chacun a un nombre de récepteurs différents. Une personne qui fume 2 paquets par jour a une dépendance plus importante que quelqu’un qui fume 1 paquet par jour. Ce sera toujours comme cela. On n’en est pas responsable. C’est probablement déjà génétiquement programmé. Si on augmente les doses de nicotine, il peut y avoir des signes de surdose de nicotine mais il n’y a pas de risque d’être plus dépendant. Il n’y a pas de risque en soi à surdoser. C’est simplement désagréable. Le patient n’aura pas envie de fumer si on le surdose un peu en nicotine. La sous dose en nicotine fait penser au patient que le traitement n’est pas efficace, qu’il n’est pas suffisamment soutenu et lui donne des difficultés supplémentaires dans le sevrage tabagique.
C’est parfois conseillé quand le patient fait une allergie à la colle du patch. On va essayer de continuer avec un autre patch probablement fabriqué avec des éléments différents. On peut essayer de marques de patchs pour éviter une allergie. Il n’y a pas de grande problématique de changer et d’aller d’une marque à l’autre. Il faut surtout éviter la rupture et l’arrêt trop brutal de nicotine. On ne passe pas d’un gros patch à 0 patch. Je conseille au patient une diminution progressive. Au final je leur propose un jour sur 2 pour les rassurer et leur faire comprendre qu’ils peuvent être sans patch. Il peut y avoir un moment où ils ont besoin d’un patch à nouveau car il y a un évènement avec des fumeurs autour d’eux. Il n’y a jamais de pb pour reprendre de la nicotine en forme orale ou patch. Cela peut être difficile de ne pas reprendre la cigarette. C’est important d’éviter la rechute du tabac.
La femme enceinte a probablement un volume hydrique plus important et une dilution plus importante de la nicotine. Cela nécessite un apport de nicotine suffisant. Il ne faut surtout pas sous doser la nicotine. On a souvent peur de la nicotine chez le fœtus or il y a AMM pour utilisation des substituts nicotiniques chez la femme enceinte. La femme enceinte doit être aidée comme tout fumeur et d’autant plus qu’elle est dans un bain hormonal qui augmente sa sensibilité son émotion et qui peut rendre le sevrage tabagique plus difficile. Il ne faut pas hésiter à augmenter les doses de nicotine chez la femme enceinte. Bien sûr associer patchs et formes orales. Ne pas hésiter à augmenter les doses de nicotine si vous trouvez que la femme enceinte n’est pas suffisamment aidée. La vape est une aide efficace chez la femme enceinte et il ne faut pas la négliger. Des femmes enceintes sont aidées par la vap avant la grossesse. Ces femmes peuvent débuter une grossesse car elles ont arrêté le tabac (pas de monoxyde de carbone). Le tabac est facteur de risque de diminution de la fertilité chez l’homme et chez la femme. Des femmes enceintes arrêtent de fumer avant d’être enceintes. Comme elles ont arrêté, elles sont enceintes. Il faut les aider à continuer à être sans tabac. Les femmes qui ont arrêté grâce à la vapoteuse il ne faut pas les décourager à continuer à s’en servir si elles le souhaitent. Par ce que sinon elles retournent vers le tabac. Il faut les encourager à utiliser les substituts nicotiniques qui ont AMM et qui ont autorisation d’utilisation chez la femme enceinte (patchs et formes orales de nicotine). Et puis ne pas les décourager si besoin de vap pour rester à 0 cigarettes. Sinon elles vont reprendre le tabac.
Ne pas hésiter à lui recommander des doses importantes de nicotine pour être à 0 cigarette.
La cigarette apporte du monoxyde de carbone extrêmement toxique pour la grossesse et pour le développement du bébé et pour les complications lors de l’accouchement.
Si on rassure le patient et si le soignant est rassuré, cela permet de rassurer les gens. Quand un fumeur dit ce n’est pas le moment, c’est important de lui expliquer qu’il peut arrêter de fumer sans souffrir. La plainte des fumeurs est « je vais souffrir du manque ». Et je ne veux pas souffrir de ce que je ne fume pas pendant une après-midi, une matinée ou une journée entière. L’apport de nicotine est l’élément majeur qui peut aider quelqu’un à arrêter de fumer sans souffrir à n’importe quel moment même s’il est débordé de travail, même s’il pense que ce n’est pas le moment il y a finalement des possibilités étant donné qu’il n’a pas la souffrance de commencer un sevrage tabagique. Chacun son rythme. Cela peut être un arrêt d’un coup avec 0 cigarette et la dose suffisante de tabac et cela peut être si quelqu’un est plus rassuré avec une diminution progressive. Je donnerai la bonne dose de nicotine pour que la personne se sente aidée comme il faut avec des béquilles mais le patient peut être plus rassuré en prenant de temps en temps une cigarette jusqu’à ce qu’il se sente capable d’être à 0 cigarette. C’est chacun son rythme. On peut continuer à fumer avec un patch cela n’est pas dangereux. Ou avec des gommes ou pastilles. Cela n’est pas plus dangereux. La vap peut être un bon élément dans l’arrêt du tabac. Il faut être aidé avec tout ce qui permet d’arrêter en douceur sans souffrance avec le bénéfice immédiat de tout ce qui est positif dans l’arrêt. La respiration et l’oxygénation redeviennent normales au bout de 24 heures.
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