Les biosimilaires - Porphyre n° 537 du 25/10/2017 - Revues
 
Porphyre n° 537 du 25/10/2017
 

Savoir

Le point sur…

Auteur(s) : Caroline Bouhala

Si les médicaments chimiques ont leurs génériques, certains biomédicaments ont leurs biosimilaires. Leur fabrication, leur contrôle et leur remplacement sont soumis à des règles différentes des autres spécialités.

Définition

Un médicament biosimilaire est un médicament biologique de même composition qualitative et quantitative en substance active et de même forme pharmaceutique qu’un médicament biologique de référence, selon l’article L 5121-1-15 du code de la santé publique. Le premier en Europe fut une hormone de croissance, en 2006.

Médicaments biologiques

• Définition : les biomédicaments, ou médicaments biologiques, sont composés d’une substance active produite à partir – ou dérivée – d’une cellule ou d’un organisme vivant : microorganismes, plantes, etc. Ce sont essentiellement des protéines avec hormones, cytokines, facteurs de croissance, anticorps monoclonaux et des polymères de sucres, comme les héparines. L’insuline fut le premier sur le marché en 1983.

• Les biomédicaments sont des molécules trop complexes pour être synthétisées par voie chimique. La synthèse chimique ne permet de produire que de petites molécules planes, alors que les biomédicaments sont de grande taille et de structure tridimensionnelle complexe (voir Info+).

• Fabrication. Les biomédicaments sont issus des biotechnologies, technologies utilisant des êtres vivants, et notamment la technique de l’ADN recombinant qui consiste à introduire un gène codant pour la protéine d’intérêt thérapeutique dans le génome d’une cellule hôte.

• Hétérogénéité. Contrairement à la synthèse chimique qui produit une population moléculaire homogène et reproductible du principe actif, l’utilisation d’un organisme vivant est à l’origine d’une certaine variabilité, appelée « micro-hétérogénicité » intrinsèque d’une molécule biologique, sorte d’empreinte digitale de la molécule. Le produit ne peut être reproduit à l’identique que si les conditions restent strictement similaires : mêmes cuve, température…

• Tolérance et immunité. La plupart des biomédicaments induisent le développement d’anticorps selon la molécule et les patients, et à l’origine d’effets indésirables plus ou moins importants jusqu’à la neutralisation de leurs effets (anticorps neutralisants).

Biosimilaires

Un médicament biosimilaire est similaire à un médicament biologique de référence qui a été autorisé en Europe depuis plus de huit ans et dont le brevet est tombé dans le domaine public.

• Un procédé de fabrication propre. Pour lancer la production d’un biosimilaire, un laboratoire développe ses propres procédés afin d’obtenir une molécule de mêmes efficacité et profil de sécurité que le médicament de référence : cellule hôte, milieu de culture, méthodes d’extraction et de purification, mise en forme…

• Ce ne sont pas des génériques. Les organismes vivants à l’origine des biomédicaments étant très sensibles aux conditions extérieures, un biosimilaire présente des variations par rapport à la molécule de référence, contrairement à un générique. Même si les différences sont légères, le résultat clinique et son potentiel immunogène peuvent être affectés. Les biosimilaires sont strictement contrôlés pour s’assurer de l’absence d’impact de cette hétérogénéité sur l’efficacité, la sécurité et la tolérance.

• La demande d’AMM passe, comme pour tout médicament biologique, par une procédure européenne centralisée par l’Agence européenne du médicament (EMA).

→ Le biosimilaire doit démontrer sa similarité avec le biomédicament de référence sur les propriétés physico-chimiques et biologiques (qualité), pharmacodynamiques, toxicologiques (sécurité) et cliniques (efficacité et tolérance).

À savoir : pour un générique, une étude de bioéquivalence et de qualité suffit, sans démonstration de l’efficacité ou de la sécurité.

→ Le dossier est néanmoins allégé par rapport au médicament de référence, d’où un prix inférieur en moyenne de 20 à 30 % (70 % pour un générique). L’économie reste intéressante.

→ Comme pour tout biomédicament, un plan de gestion des risques est mis en place pour suivre la spécialité une fois commercialisée.

• La pharmacovigilance s’applique.

Indications

Les indications d’un médicament biosimilaire sont souvent restreintes et ciblées en cancéro logie, rhumatologie et métaboliques (voir tableau ci-dessus)…

• Indications extrapolées. Le biosimilaire peut posséder une ou plusieurs indications du médicament de référence selon les études réalisées lors de son développement. Certaines sont extrapolées, mais le biosimilaire doit démontrer une similarité clinique dans une indication considérée comme représentative, puis prouver que l’extrapolation est justifiée.

• L’ANSM publie sur son site la liste des groupes biologiques similaires, mais tous ne sont pas commercialisés (http://bit.ly/2yBprBI).

Interchangeabilité

• C’est un acte médical qui consiste à remplacer un médicament biologique par un autre similaire, à l’initiative du prescripteur. C’est l’équivalent de la substitution pour un médicament générique. L’interchangeabilité peut avoir lieu à tout moment lors du traitement. Raisonnée et dans l’intérêt du patient, elle se fait avec trois conditions : informer le malade, recueillir son accord et assurer une surveillance clinique et une traçabilité du produit inscrit dans le dossier du patient.

→ L’interchangeabilité n’est pas autorisée pour le pharmacien : la loi(1) a été votée mais le décret d’application n’est pas encore paru.

• Ses modalités.

→ Le concept de biosimilaire suppose que doses, voie et schéma d’administration soient identiques à ceux du médicament de référence.

L’ANSM recommande néanmoins de vérifier le résumé des caractéristiques du produit (RCP).

→ En revanche, la présentation peut varier au niveau des dosages ou du dispositif injectable. Ainsi, Bemfola propose un stylo prêt à l’emploi en 225 UI non disponible pour Gonal-F. « L’intérêt du biosimilaire, c’est justement l’amélioration du système d’administration, plus simple et adapté aux différents profils de patients », explique Claudine Gard, pharmacien à la Pitié-Salpêtrière à Paris.

(1) Loi n° 2013-1203 du 23 décembre 2013 de financement de la Sécurité sociale pour 2014.

Info +

→ L’aspirine a une taille de 180 Da, un anticorps monoclonal (grosse protéine) fait environ 150 000 Da. Un Dalton est égal à 1,66.10-24 g.

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