Savoir
L’ordo
Auteur(s) : Florence Leandro
Le petit Alexandre est bien connu de la pharmacie. Après de nombreuses bronchiolites et bronchites, le diagnostic d’asthme a été posé. Il revoit le pneumo-pédiatre.
• Conformément aux bonnes pratiques, le médecin a précisé l’âge, le poids et la taille de l’enfant et le matériel est prescrit sur une ordonnance à part. « Ne pas délivrer » signifie que la famille possède déjà la chambre d’inhalation.
• Tout médecin peut prescrire des corticoïdes en suspension pour inhalation par nébuliseur, mais attention aux conditions de prise en charge par l’Assurance maladie. Beclospin unidoses en 400 et 800 ìg est remboursé seulement dans le « traitement de l’asthme chez l’enfant », comme ici.
• L’asthme est une maladie respiratoire fréquente, caractérisée par une inflammation chronique des voies aériennes. En cas d’exacerbation, les bronches réagissent à un ou plusieurs facteurs déclenchants, allergènes, irritants… L’obstruction bronchique qui en résulte est réversible, mais s’accompagne de toux, essoufflements, sifflements…
• Chez le petit enfant, plusieurs éléments s’ajoutent à la symptomatologie respiratoire habituelle et conduisent au diagnostic d’asthme, notamment la répétition des épisodes de dyspnée avec sibilants depuis la naissance.
La stratégie anti-asthmatique comprend trois volets : le traitement de la crise avec bronchodilatateurs d’action rapide soulage immédiatement, celui de fond, avec essentiellement des corticoïdes inhalés, lutte contre l’inflammation chronique des bronches, et la prise en charge environnementale limite les facteurs déclenchants.
• Le traitement vise à contrôler au mieux la maladie, en diminuant les crises et en améliorant la qualité de vie, avec un meilleur sommeil, une activité physique comme pour tout enfant, la prévention des exacerbations et des hospitalisations.
• Jusqu’à présent, Alexandre bénéficiait d’un traitement de fond avec Flixotide 50 (fluticasone 50 ìg/dose), et des bouffées de Ventoline « à la demande ». Lors de la visite de contrôle, le spécialiste a constaté que l’asthme n’était toujours pas contrôlé et a décidé d’intensifier le traitement, en ajoutant un corticoïde nébulisé pour sans doute deux à trois mois avant réévaluation, et notamment une diminution par paliers.
Cet anti-inflammatoire stéroïdien diminue l’inflammation bronchique due à l’asthme.
Ce bêta-2-mimétique d’action brève est responsable d’une bronchodilatation par stimulation des récepteurs adrénergiques bêta-2 du muscle lisse bronchique.
C’est la source d’énergie permettant de produire l’aérosol. Beclospin se nébulise avec un pneumatique seulement : Aerodjinn+, Aerobox, Aerobox+ chez DTF, Velox, Pari Boy SX et Pari Boy mobile S chez Pari (lire Le matériel, Porphyre n° 519, février 2016)…
Le système de nébulisation se définit par un couple compresseur/nébuliseur pour un pneumatique : Atomisor Box/NL9F, Pari Boy SX/LC Sprint SP… Le nébuliseur convertit Beclospin en aérosol. Il se compose d’une tubulure le reliant au générateur et d’une cuve de nébulisation où verser Beclospin. Une autre tubulure relie le nébuliseur au masque bucco-nasal ou facial qui couvre le nez et la bouche car un embout buccal est impossible à utiliser à 26 mois. Chez DTF, le kit NL9M est à privilégier car le volume minimal de remplissage est de 1 ml. Pas besoin de diluer, ni de rallonger la séance, qui sera d’un peu moins de 10 minutes, durée maximale recommandée chez l’enfant.
• La nébulisation est temporaire et sera efficace que correctement mise en place. Prendre le temps d’expliquer et de faire manipuler.
• La chambre d’inhalation continue à être utilisée (lire Le matériel, Porphyre n° 509, février 2015) pour administrer le bronchodilatateur d’action rapide non plus « à la demande » mais systématiquement, avec le corticoïde nébulisé. Le nombre total de bouffées reflète les besoins de cet enfant à l’asthme pas assez contrôlé. Ici, deux bouffées seraient insuffisantes, et le pneumopédiatre a compté une bouffée pour 2 kilos.
La prescription de corticoïdes, même inhalés, effraie toujours un peu les parents. Ils redoutent un retentissement sur la croissance, une prise de poids, un diabète, des troubles musculo-squelettiques ou oculaires… Ces effets indésirables systémiques s’observent pour de fortes doses de corticoïdes inhalés au long cours. Il n’y a aucune raison qu’Alexandre les développe du moment que le traitement est utilisé correctement et que la dose minimale efficace est recherchée par la suite. Si la maman exprime une corticophobie, rester clair et positif (Lire Les mots pour, Porphyre n° 523, juin 2016).
« Comment va Alexandre ? » car l’enfant est resté à la maison avec son père. « Le médecin a prescrit des séances d’aérosol, en avez-vous déjà eu, vous ou votre mari ? » évalue le degré de connaissance de l’appareillage. Déballer et présenter chaque élément, en expliquant qu’il s’agit d’une sorte de « circuit fermé ». Les parents paniquent parfois à la vue de « l’attirail » de nébulisation : « Rassurez-vous, je serai disponible tout au long du traitement en cas de difficultés ».
• Les corticoïdes luttent contre l’inflammation. Dire : « Le recours à de plus fortes doses et à la nébulisation rend le traitement plus efficace et permettra à Alexandre de mieux respirer ».
• Le salbutamol administré quelques minutes avant la séance d’aérosol « ouvre les bronches » pour optimiser l’action du corticoïde. Pour fixer les idées, il peut être utile de numéroter les étapes sur les boîtes correspondantes.
• Nébulisation : l’enfant reste en position assise, par exemple sur les genoux d’un parent, et respire lentement et profondément. Lui lire une histoire pour détourner son attention. La séance est terminée lorsqu’il n’y a plus de brouillard qui s’échappe de l’appareil. Rincer le visage à la fin pour prévenir toute irritation.
• Chambre d’inhalation : secouer l’aérosoldoseur de Ventoline. Presser une première fois, laisser Alexandre respirer calmement via le masque facial, attendre quelques minutes, puis répéter l’opération. Ne pas administrer toutes les bouffées en même temps pour aller plus vite !
• Béclométasone : candidose oropharyngée, raucité de la voix (dysphonie).
• Salbutamol : bronchospasme, tremblements et tachycardie.
• Rincer le visage après chaque séance.
• Une consultation est prévue dans une semaine.
Inutile de désinfecter le matériel à chaque fois. Après la séance, rincer et sécher les consommables. Essuyer la chambre d’inhalation avec un chiffon et la laver une fois par mois avec de l’eau savonneuse et laisser sécher à l’air libre.
Le papa d’Alexandre fume un paquet par jour. Rappeler que le tabagisme actif et passif est un facteur déclenchant majeur dans l’asthme. Lui suggérer de fumer dehors.
Des compléments alimentaires (Alvityl, Pediakid…) pour renforcer l’immunité en période à risque et/ou après des infections et des substituts nicotiniques pour le papa…
Avec l’aimable participation du Dr Mélisande Baravalle-Einaudi, pneumo-pédiatre à Marseille (13).
Dr P., pneumopédiatre
Alexandre O., 26 mois, 91 cm, 14 kg
Prescription 1
• Location d’un appareil générateur d’aérosol par nébulisation pneumatique, pendant 7 jours.
• Masque bucconasal adapté à l’âge du patient.
• Ne pas délivrer de chambre d’inhalation.
Prescription 2
• Beclospin 400 µg/1 ml unidoses 1 dose le matin et le soir, pendant 7 jours. Compléter au besoin avec un peu de sérum physiologique.
• Ventoline 100 µg aérosol-doseur 7 bouffées 10 minutes avant les aérosols de Beclospin. 1 boîte.
→ Recommandations HAS, Asthme de l’enfant de moins de 36 mois : diagnostic, prise en charge et traitement en dehors des épisodes aigus, mars 2009.
« Alexandre entre en maternelle l’an prochain. Et si jamais il fait une crise d’asthme à l’école ? »
Ne vous inquiétez pas, l’asthme est la maladie chronique la plus fréquente de l’enfant. Elle peut donner lieu à ce qu’on appelle l’élaboration d’un projet d’accueil individualisé (PAI). Ce document précise les besoins de l’enfant scolarisé, et comprend souvent la constitution d’une trousse d’urgence, en l’occurrence pour Alexandre la Ventoline en spray, la chambre d’inhalation et les corticoïdes oraux. C’est vous qui devez demander le PAI auprès du responsable d’école et en lien avec le médecin d’Alexandre.
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