Les sondes vésicales - Porphyre n° 536 du 03/09/2017 - Revues
 
Porphyre n° 536 du 03/09/2017
 

Savoir

Le matériel

Auteur(s) : Caroline Bouhala

Vidanger la vessie est la fonction principale d’une sonde vésicale. Il en existe de nombreux modèles, choisis selon l’anatomie de la personne et son usage.

Définition

Une sonde vésicale est une tige flexible creuse de longueur, de diamètre et de forme variables. Elle est munie d’un ou plusieurs orifices et destinée à être introduite dans l’urètre via le meat urinaire afin d’atteindre la vessie pour en vider son contenu et/ou instiller un liquide.

Stériles et à usage unique, les sondes vésicales sont des dispositifs médicaux de classe I ou II selon leur usage.

Différents sondages

Le sondage vésical est défini par l’introduction aseptique d’une sonde stérile dans la vessie par l’urètre pour permettre l’écoulement de l’urine. Cette dernière est collectée dans une poche reliée à la sonde ou éliminée directement dans la cuvette des toilettes. Le sondage est dit :

• intermittent quand la sonde est insérée brièvement, puis retire et jette pares évacuation de l’urine. Ce sondage est unique ou répété plusieurs fois dans la journée par le patient (autosondage) ou un aidant (hetero-sondage) ;

• permanent ou à demeure quand il permet la vidange de l’urine en continu grâce à une sonde à ballonnet maintenue dans la vessie de quelques heures à quatre à six semaines maximum. Une fois dans la vessie, le ballonnet est gonfle et « tient " à la sonde en place.

Indications

• Le sondage :

→ intermittent : rétention urinaire aiguë ou chronique suite à une lésion médullaire par exemple… Les sondes utilisées sont à une voie (voir plus loin) ;

→ à demeure : surveillance de diurèse chez le grand brûlé, drainage préventif (anesthésie, prévention de lésion en cas d’escarre sacrée, mise au repos d’une fistule…), recueil des urines à visée diagnostique (bilan urodynamique)… L’incontinence n’est pas une indication ! Les sondes employées sont à deux voies (voir plus loin).

• L’instillation ou le lavage vésical. Une sonde permet d’instiller un médicament ou un liquide pour laver la vessie de caillots de sang ou de mucus par exemple… Les sondes utilisées sont à trois voies (voir plus loin).

Caractéristiques d’une sonde

Communes

• Le matériau. La sonde doit être assez rigide pour une manipulation et une insertion aisées mais pas trop, pour ne pas blesser lors de son utilisation. Le matériau a un impact sur l’épaisseur, le diamètre interne, la flexibilité ou la tolérance. Des aspérités à sa surface peuvent irriter ou permettre aux bactéries de s’accrocher, avec un risque d’infection.

→ Les sondes pour sondage intermittent sont pour la plupart en PVC (polychlorure de vinyle), en POBE (polyolefin based elastomers, sorte de plastique), en PUR (polyurethane) ou en silicone, matériau très souple. Les sondes en PUR ont en général le diamètre interne le plus grand.

→ Les sondes à demeure sont en général :

– en latex : peu coûteux mais allergisant et irritant en raison aspérités en surface, il est surtout utilise sur une courte dure, sept à quinze jours ;

– en latex enduit d’une couche de silicone, de polytétrafluoroéthylène (= teflon) ou d’hydrogel pour améliorer la tolérance, lisser la surface et ralentir la dégradation du latex. Elles peuvent être laissées un peu plus longtemps. Exemples : sondes en SiLaSil (Teleflex), Folatex (Coloplast)… ;

– en silicone pur : plus chères, mieux tolérées et plus lisses, à privilégier au-delà de quatorze jours. Exemple : Folysil (Coloplast)…

• Le nombre de voies varie de un à trois.

→ Les sondes à une voie ont un seul canal servant à évacuer l’urine.

→ Les sondes à deux voies ont deux canaux, l’un pour évacuer l’urine et l’autre pour gonfler le ballonnet qui va « fixer » la sonde dans l’organisme. Appelées sondes de Foley, du nom de leur créateur, elles sont indiquées dans le sondage à demeure.

→ Les sondes à trois voies possèdent, en plus, un canal d’irrigation.

• La longueur est choisie selon l’anatomie de l’urètre, de 4 à 6,5 cm chez les femmes et de 16 à 20 cm chez les hommes. La longueur d’une sonde varie de 7 à 25 cm pour l’enfant et la femme, 30 cm chez l’adolescent garçon et de 30 à 40 cm pour l’homme. Les sondes de Foley sont plus longues pour faciliter la connexion à une poche.

• Le diamètre extérieur s’exprime en unités charrière (CH) correspondant à un tiers de millimètre : CH 12 = 4 mm de diamètre extérieur. En général, CH 12 ou 14 chez l’adulte, CH 6 à 10 chez l’enfant.

• Les extrémités.

→ L’embase ou l’embout est l’extrémité proximale de la sonde, celle qui reste à l’extérieur du patient. Elle est droite ou évasée, avec un godet coloré. Chaque numéro de charrière, noté sur l’embase de la sonde, correspond à une couleur d’embout : CH 8 (bleu), 10 (noir), 12 (blanc), 14 (vert), 16 (orange)…

Le godet a une connectique universelle pour le relier à une poche de recueil d’urine. Certaines ont une embase Luer-lock pour la connexion à une seringue afin d’instiller un produit ou pour l’apprentissage de l’autosondage. Cela rassure le patient anxieux de savoir que l’urine ne va pas s’écouler avant qu’il soit prêt. Exemple : EasiCath Luer-lock (Coloplast)… Pour les sondes à deux à trois voies, les extrémités pour le gonflage du ballonnet et pour l’irrigation sont dotées de valves associées à des connecteurs de type Luer, verrouillables ou non.

→ L’extrémité distale, partie introduite dans la vessie, arbore différentes formes (béquillée, olivaire, droite, voire biseautée mais rare), un bout plein ou non, et un nombre et une position d’ouverture ou œils variables. Les œils sont de petits trous par lesquels passe l’urine, le plus souvent au nombre de deux, voire quatre (Hydrosil, Flocath Hydrogel Luer-lock…). La plupart des sondes ont un bout fermé, sauf la couvelaire. Ainsi, sont distinguées les sondes (voir dessins p. 36) :

– Nélaton : cylindrique droite et fermée avec un ou deux œils latéraux. Elle est très utilisée ;

– Mercier : cylindrique béquillée et fermée avec deux œils latéraux. Particulièrement adaptée aux courbures de l’urètre masculin ;

– Tiemann : béquillée (penchée), olivaire et fermée avec un ou deux œils latéraux. Chez l’homme, lors d’un rétrécissement de l’urètre ;

– couvelaire : droite avec bout ouvert et biseautée et deux œils latéraux. Dans le drainage des caillots.

À savoir : l’embout Ergothan de Teleflex, est droit et légèrement olivaire, comme l’embout Flexitip dans SpeediCath Flex chez Coloplast.

• La lubrification. Les sondes peuvent être sèches ou lubrifiées, pre-activées ou non. La lubrification diminue le risque de contamination bactérienne et l’inconfort.

→ Les sondes sèches sont peu utilisées. Exemples : Sondjet en PVC (Peters), sonde (Teleflex)…

→ Les sondes pré-lubrifiées sont recouvertes d’un gel hydrophile souvent à base de glycérine et d’eau les rendant prêtes à l’emploi, mais le lubrifiant est « essuyé » lors du passage dans le canal urétral, limitant sa durée d’action. Exemples : gammes Advance (Hollister), Flocath Introgel (Teleflex), gamme Actreen (B. Braun)…

→ Les sondes auto-lubrifiées ou hydrophiles ont un lubrifiant, souvent un film de polyvinylpyrrolidone, intégré à leur paroi lors de la fabrication. Ce polymère va capter les molécules d’eau ou de sérum physiologique et former un gel hydrophile solidaire du corps de la sonde. La lubrification est plus durable, même après passage dans la vessie. Elles sont :

– soit pré-activées prêtes à l’emploi : gammes VaPro et Infyna (Hollister), gamme SpeediCath (Coloplast), Sonde Liquick X-treme (Teleflex), Hydrosil Go (Bard)… ;

– soit elles nécessitent d’être activées, en les immergeant une trentaine de secondes dans l’eau présente dans l’emballage ou en ajoutant de l’eau du robinet (LoFric), de l’eau stérile ou du sérum physiologique. Exemples : gamme LoFric (Wellspect), gamme EasiCath (Coloplast), Liquick et Flocath Quick /hydrogel (Teleflex)…

Particularités

• Ballonnet pour sonde de Foley. De contenance variable, 10 ml chez l’adulte en général, il est rempli avec de l’eau stérile ou de la glycérine, mais pas de sérum physiologique en raison du risque de précipitation du chlorure de sodium pouvant obstruer la sonde.

• Présentation en kit ou set. Ici, la sonde est directement raccordée à une poche de recueil des urines en général vidangeable, de contenance variable. Exemples : Actreen Hi-Lite Kit (B. Braun), Infyna Plus (Hollister)…

• Aides à l’insertion. C’est un dispositif d’introduction permettant d’éviter le contact de la sonde avec les germes présents dans les premiers centimètres de l’urètre et de faciliter le maniement. L’embout introducteur, situe à l’extrémité distale, permet la mise en place au niveau du meat urétral. Exemples : gammes VaPro et Advance (Hollister), Liquick X-treme (Teleflex)…

• Technologie « No Touch ». Elle regroupe tout système évitant le contact avec la sonde lors de l’usage. Il s’agit d’une gaine ou d’un fourreau rétractable qui glisse ou se replie le long de la sonde en même temps que le patient l’introduit dans l’urètre. Exemples : SpeediCath Flex (Coloplast), gamme VaPro (Hollister), LoFric Hydro-Kit et Primo (Wellspect), Liquick Base, Pure et Quick (Teleflex), Actreen Hi-Lite (B Braun)…

• Ouverture facile de l’emballage en cas de dextérité réduite. Exemples : fil d’ouverture de VaPro et Infyna, languette de SpeediCath Standard, languette adhésive pour accrocher le sachet à un support et libérer les mains chez LoFric et LoFric Origo, SpeediCath Flex…

• Discrétion au niveau de la taille de la sonde ou de l’emballage. Exemples : SpeediCath Compact Eve plus petite qu’un mascara, télescopique pour SpeediCath Compact set, VaPro Pocket…

• Accessoires pour auto-sondage : support pour éloigner les vêtements de la zone génitale avec FreeHand (Teleflex), pinces de préhension de Wellspect, écarteur de jambe LegFix (Teleflex), miroirs pour visualiser l’urètre féminin avec miroir Sens (Wellspect) ou Optilux (Teleflex), lingettes nettoyantes sans alcool (Wellspect, Conveen de Coloplast…)…

Conseils

→ Le sondage intermittent est propre, pas stérile : pas de désinfection, une bonne hygiène des mains suffit. Au niveau périnéal, se laver à l’eau et au savon ou avec une lingette sans alcool avant le sondage. Des études montrent qu’il y a plus d’infections avec un nettoyage avant chaque sondage. Une douche quotidienne suffit !

→ Rappeler les signes évocateurs d’infection urinaire : urines troubles, majoration des fuites, frissons, fièvre, etc.

→ Un léger saignement est possible. S’il est important, arrêter le sondage et contacter le médecin.

→ Lors de sondages intermittents, respecter le nombre de sondages, quatre à six par jour en moyenne, toutes les quatre à six heures environ, et éviter les recueils urinaires supérieurs à 400 mL afin de prévenir les infections.

Législation

• Prescription autorisée par un médecin ou un(e) infirmier(e).

• Inscription à la LPP : sous lignes génériques dans « DM pour incontinents et traitements des troubles colorectaux » sauf SpeediCath Compact (Coloplast) qui est inscrite sous nom de marque. La LPPR distingue :

→ les sondes pour auto-/hétéro-sondage (sondage intermittent) : selon leur matériau, leur présentation avec poche de recueil, leur nombre par boite ;

→ les sondes pour sondage permanent : selon leur nombre de voies (deux ou trois), leur matériau (100 % silicone ou non), pédiatriques (CH ≤ 10) ou adultes (CH ≥ 12), l’embout proximal droit ou béquillé.

À savoir : les dispositifs pour incontinence ont été revus par la Commission nationale d’évaluation des dispositifs médicaux et des technologies de santé (Cnedimts)(1) de la Haute Autorité de santé (HAS), qui propose une nouvelle classification. Elle distinguerait les sondes pour sondage intermittent selon leur lubrification, tout en supprimant la prise en charge des sondes sèches dans certains cas, car non recommandées, et en assurant le suivi des sondes en latex potentiellement allergisantes. À suivre car, pour l’instant, ce n’est qu’un avis de la HAS.

• Prise en charge à la LPP. Elle n’est pas conditionnée par une indication. Il n’y a pas de limite pour le nombre d’unités prises en charge.

• Tarif LPP. Présence d’un prix limite de vente, donc pas de dépassement pour le patient.

(1) Dispositifs médicaux : dispositifs de drainage et de recueil des urines et des selles, avis de la Cnedimts, 13 juin 2017.

Avec l’aimable participation du Pr Xavier Gamé, urologue à Toulouse (31).

Diverses extrémités

→ Selon la forme distale droite ou béquillée, on distingue les sondes Mercier, Tiemann et Nélaton.

Mémento de la délivrance

→ Vérifier la conformité de la prescription selon la marque prescrite : le numéro de charrière en CH, la longueur en centimètres, le type de sonde (droite…), le matériau si besoin, et la forme.

→ S’assurer que le nombre de sondages par jour a bien été précisé.

→ Traquer les aberrations comme une CH 7 pour un homme, une sonde de 40 cm chez une femme pour un sondage intermittent…

→ En cas de doute, vérifier le code ACL des sondes précédemment délivrées.

→ Existence d’un prix limite de vente, donc pas de dépassement à faire payer au patient.

→ Pas de substitution possible si prescription en nom de marque.

Sets de sondage

Ces sets permettent de réaliser un sondage à demeure. Ils comprennent des accessoires pour la pose dans des conditions d’asepsie avec au moins deux compresses, deux sachets de lubrifiant… Inscrits à la LPP (code 1155093), ils sont pris en charge uniquement pour le sondage à demeure. Leur tarif de 5,93 € est un prix limite de vente (pas de dépassement). Exemples : Tetraset, Mediset…

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