Elle et l’huile

Huile était une fois une jeune Ardéchoise qui, bac scientifique en poche, en 1985, s’imagine institutrice. Mais une refonte allongeant les études pour accéder à ce métier met fin à son rêve. Sylvie suit alors une amie en fac de pharmacie à Montpellier (34), où elle échoue par deux fois en première année. Plutôt que tripler, elle emprunte la passerelle existant à l’époque vers le BP de pharmacie. La voilà qui intègre le CFA d’Annecy (74) en alternance, et est diplômée en 1990. Elle trouve un maître d’apprentissage à Thonon-les-Bains (74), dans une officine très humaine. Venue pour remplacer un congé maternité, elle y reste… neuf ans : « J’y ai fait beaucoup de préparations, de parapharmacie. C’était très enrichissant. J’ai appris mon métier ! » En 1996, elle décide de suivre son prince charmant, originaire de la Côte d’Or, et intègre une pharmacie plutôt rurale à Châtillon-sur-Seine (21), où elle exerce toujours aujourd’hui.

Tombée dans la potion magique

Après s’être formée à la para et à la nutrition, via notamment un DU diététique-nutraceutique en 2007, Sylvie s’intéresse à l’aromathérapie et aux huiles essentielles. Une potion magique dans laquelle elle tombe lors d’une formation à Dijon (21). Puis lui vient l’idée, en 2012, de faire une animation découverte, à l’image d’autres organisées à l’officine : diététique et nutrition, phyto, homéo… Une annonce au comptoir, une clientèle fidèle et l’initiative fait tache d’huile : « Les patients ont été réceptifs à cette autre façon de soigner. Je leur ai parlé de l’histoire des huiles essentielles, des précautions d’emploi, des modes d’extraction et d’administration car ces huiles ne sont pas anodines ! »

Ces ateliers gratuits se déroulent à l’étage de la pharmacie par groupes de 7/8 participants. Au menu, deux heures d’apprentissage, d’échanges, de questions et… « un gâteau maison à base d’huile essentielle que nous mangeons à la pause et dont ils repartent avec la recette ». Jusque-là, une quarantaine de personnes ont suivi ces ateliers. « J’ai un listing de clients avec leurs coordonnées et je les contacte. Il y a de bons retours et des listes d’attente ».

Face au succès, cette préparatrice dynamique a créé une deuxième session sur les pathologies hivernales, et en peaufine une troisième sur les huiles essentielles dans la vie quotidienne : dermatologie, inflammations, minceur… Vous l’aurez compris, avec Sylvie, pas de risque que les huiles tournent au vinaigre !

Un investissement gagnant

Avec le recul, tout ne fut pas facile : « Lors de la première session, j’étais stressée même si j’avais passé beaucoup de temps à me préparer avec des formations labo et e-learning, des fiches, des recherches dans des livres, pour ne pas dire de bêtises. Mais il y a la joie d’apporter quelque chose et je suis de plus en plus à l’aise ! »

Cette satisfaction se mesure avec les retours au comptoir et aussi, norme ISO 9000 de l’officine oblige, par les questionnaires remplis à l’issue des ateliers. « Il y a toujours des petits mots sympas. Je retranscris ensuite et je remplis un gros classeur, à disposition de l’équipe, l’essentiel pour moi étant de partager, de transmettre ». Un peu comme une institutrice finalement… Les participants repartent, eux, avec des documents et un produit aroma des labos avec lesquels elle travaille, le but étant également de développer le rayon de l’officine.

Cet investissement a permis à Sylvie de grimper dans la grille salariale et elle entend asseoir ses connaissances l’année prochaine avec un DU d’aromathérapie à Dijon. Avec de l’huile de coude, tout glisse… Et elle vécut heureuse et eut beaucoup de patients.