Préparer sa retraite - Porphyre n° 531 du 27/03/2017 - Revues
 
Porphyre n° 531 du 27/03/2017
 

Comprendre

Enquête

Auteur(s) : Magali Clausener

Le départ à la retraite s’anticipe. La première démarche est de faire le point sur votre situation afin de déterminer à quel âge vous pourrez partir et dans quelles conditions. Et de vérifier que votre dossier est complet.

Vous approchez de l’âge de la retraite et vous avez déjà reçu des relevés de carrière : tout semble suivre son cours. Néanmoins, vous devez vous interroger sur les conditions de votre départ et vous assurer que les caisses de retraite disposent bien de tous les éléments.

Quel sera le montant de ma retraite ?

La retraite des salariés du secteur privé, et donc des préparateurs en pharmacie, comprend deux niveaux : la retraite de base du régime général de la Sécurité sociale(1) et les retraites complémentaires, Arrco (Association pour le régime de retraite complémentaire des salariés) pour les non cadres et Agirc (Association générale des institutions de retraite complémentaire des cadres) pour les cadres et assimilés cadres. Concrètement, un assimilé cadre ou un cadre cotisera à la fois à l’Arrco et à l’Agirc.

Le montant de la retraite de base est égal au salaire moyen annuel des vingt-cinq meilleures années (dans la limite du plafond de la Sécurité sociale, voir encadré page suivante) multiplié par 50 % (le taux plein) et multiplié par la durée d’assurance acquise au régime général divisée par la durée d’assurance maximale.

→ Par exemple, vous avez acquis 165 trimestres et la durée maximale est de 165 trimestres, vous devez donc multiplier le salaire moyen par 50 % et par 1. La retraite que vous percevrez dépendra donc du taux et du nombre de trimestres acquis. Si le salaire annuel moyen brut sur vingt-cinq ans est égal à 26 000 €, il faut le multiplier par 50 % et par 1. Le préparateur touchera une retraite de 13 000 € brut par an, soit 1 083,33 € brut par mois.

Et le montant de la retraite complémentaire ?

Son calcul est différent. Il est basé sur un système de points de retraite. Les cotisations à l’Arrco et à l’Agirc permettent d’acquérir des points. Lors du départ à la retraite, les points accumulés déterminent le montant de la retraite (voir partie sur les retraites complémentaires p. 21).

Ces deux montants, régime de base et régimes complémentaires, sont additionnés. Attention ! Si vous avez travaillé dans des secteurs d’activité dépendant d’autres régimes, par exemple le secteur agricole ou dans une collectivité territoriale, vous avez aussi acquis des droits à la retraite. Le relevé de carrière fourni par la Caisse nationale d’assurance vieillesse (Cnav)(1), notamment lorsque vous avez 55 ans, récapitule tous les droits acquis quel que soit le régime (de base, complémentaire, agricole, etc.). Le montant estimé qui est indiqué doit prendre en compte tous ces droits acquis.

Quelles sont les cotisations au régime général de base ?

La cotisation d’assurance vieillesse est composée de deux parties :

→ une partie plafonnée au montant du plafond de la Sécurité sociale ;

→ une autre partie déplafonnée : le montant de la cotisation est alors calculé sur la totalité de la rémunération versée au salarié.

Le taux de cotisation est de 17,75 % en 2017. Pour les salariés, ce taux se décompose en 6,90 % pour la partie plafonnée et 0,40 % pour la partie déplafonnée. Et pour les employeurs, 8,55 % et 1,9 % respectivement.

Ces informations figurent sur le bulletin de salaire, comme le montant des cotisations versées aux régimes complémentaires.

À quel âge peut-on partir à la retraite ?

Vous devez distinguer l’âge légal de départ à la retraite de l’âge auquel vous pourrez partir dans des conditions satisfaisantes pour vous. Ces dernières années, plusieurs réformes ont modifié différents points, notamment l’âge légal de la retraite et la durée d’assurance requise. Ces éléments dépendent de votre année de naissance.

Si vous êtes né entre 1955 et 1973, vous avez le droit de partir à la retraite à l’âge de 62 ans. Mais cela ne signifie pas que vous pourrez percevoir une retraite au taux plein de 50 %. Pour cela, vous devez avoir validé un certain nombre de trimestres au total. Ce nombre dépend également de l’année de naissance : 165 pour ceux qui sont nés en 1955, 167 pour ceux qui sont nés en 1961 et 172 trimestres pour ceux qui sont nés à partir de 1973 (voir tableau ci-dessous). Si vous n’avez pas acquis le nombre de trimestres nécessaires, vous aurez une décote, c’est-à-dire que votre pension de retraite sera minorée définitivement.

La loi a également fixé un âge d’obtention du taux plein quelle que soit la durée d’assurance, c’est-à-dire le nombre de trimestres acquis. Cet âge est de 67 ans si vous êtes né en 1955 et après.

Pour résumer, vous pouvez prendre votre retraite à 62 ans. Mais vous devez absolument faire le point sur votre situation à ce moment-là. Plus il vous manquera de trimestres, plus la décote sera importante : 5 % pour huit trimestres manquants, 10 % pour seize trimestres en moins. Votre salaire moyen annuel sera donc multiplié par 45 % (ou 0,45) dans le premier cas et par 40 % (0,40) dans le second. Par exemple, un salaire moyen annuel sur vingt-cinq ans égal à 26 000 € sera multiplié par 45 %, soit 11 700 €, à multiplier par 158 trimestres acquis divisé par 166 trimestres : 26 000 x 45 % x 158/166 = 12 315,79 €. Ce qui donne 1 026,31 € brut par mois. À l’inverse, vous pouvez avoir une surcote si vous poursuivez votre activité alors que vous avez atteint l’âge légal de départ à la retraite et la durée d’assurance nécessaire pour bénéficier d’une retraite à taux plein. La pension est alors majorée. Avant de décider de l’âge de départ, vous devez disposer de tous ces éléments. Ensuite, il s’agit d’un choix tout à fait personnel. Certains peuvent préférer partir avec une décote, d’autres continuer à travailler afin d’obtenir le taux plein.

Comment sont acquis les trimestres ?

La durée d’assurance ne prend pas uniquement en compte les mois effectifs d’activité salariale. Les trimestres sont validés en fonction du montant du salaire et, par conséquent, des cotisations versées au régime général de la Sécurité sociale dans la limite de son plafond.

Pour obtenir un trimestre, vous devez percevoir au moins 150 fois le Smic horaire, c’est-à-dire 1 464 € brut au 1er janvier 2017. Vous ne pouvez acquérir que quatre trimestres par an, soit l’équivalent de 5 856 € brut dans l’année. Attention ! Si vous touchez 1 464 € durant un mois et 0 € durant deux mois, le trimestre sera néanmoins acquis. Des trimestres sont également validés durant certaines périodes. Par exemple, un salarié qui a été au chômage peut obtenir un trimestre s’il a été indemnisé durant cinquante jours. La maternité est aussi prise en compte. La naissance et/ou l’éducation d’un enfant permettent de valider des trimestres avec une majoration : sous conditions, un enfant peut ainsi donner droit à huit trimestres.

Comment la période d’apprentissage est-elle prise en compte ?

Le principe de validation des trimestres est le même : il dépend du salaire et des cotisations. Sachant que la rémunération d’un apprenti représente un pourcentage du Smic selon son âge, l’acquisition de trimestres n’est pas automatique. Sur trois ans d’apprentissage, un préparateur peut obtenir seulement huit trimestres. Ces informations figurent sur le relevé de carrière que les salariés reçoivent tous les cinq ans à partir de leurs 35 ans.

Est-ce que je peux racheter des trimestres pour augmenter ma durée d’assurance ?

Le rachat de trimestres liés à l’apprentissage est possible. Depuis janvier 2015, les salariés peuvent racheter des périodes à un « tarif préférentiel » s’ils ne veulent pas subir une décote lors de leur départ à la retraite. En 2017, le rachat d’un trimestre durant l’apprentissage coûte 1 306 €. Il peut donner lieu à des déductions fiscales. Cependant, avant de procéder à une telle opération, renseignez-vous. « La personne doit en premier lieu s’assurer que la caisse de retraite a bien pris en compte tous les éléments et ensuite demander un devis pour un éventuel rachat de périodes durant l’apprentissage », conseille Philippe Bainville, du service de communication de la Caisse nationale d’assurance vieillesse.

Comment sont prises en compte les périodes d’activité à temps partiel ?

La prise en compte du temps partiel répond aux critères déjà évoqués, à savoir le montant du salaire. Si vous avez travaillé une grande partie de votre carrière à temps partiel, le montant des salaires aura forcément une conséquence sur le total de la pension de retraite, même s’il est calculé sur les vingt-cinq meilleures années de carrière.

Peut-on cumuler retraite et activité salariée ?

Le dispositif de « retraite progressive » permet de poursuivre une activité à temps partiel et de percevoir une partie de sa retraite. Vous pouvez en bénéficier à partir de l’âge de 60 ans à condition d’avoir validé 150 trimestres. L’activité à temps partiel doit représenter entre 40 et 80 % de la durée légale ou conventionnelle du travail applicable dans la branche d’activité. Le montant de la retraite sera proportionnel au temps de travail effectué. Par exemple, si ce temps est de 50 %, vous percevez 50 % de la pension de retraite ; s’il est de 70 %, vous toucherez 30 % de la retraite. Concrètement, vous cumulez salaire et retraite, mais le montant de la pension de retraite est fonction du temps de travail et de la rémunération correspondant à ce temps d’activité. Plus vous travaillez (dans la limite de 80 % du temps plein), moins vous touchez de retraite. Le dispositif permet de continuer à cotiser et d’ouvrir de nouveaux droits à la retraite. Lors de la liquidation définitive de vos droits, la pension est alors recalculée.

J’ai commencé à travailler à 17 ans, est-ce que je peux partir plus tôt ?

Le départ anticipé au titre de la « carrière longue » est possible si vous avez commencé à travailler avant 20 ans et si vous justifiez de la durée d’assurance cotisée exigée. Si c’est le cas, vous devez demander une « attestation de situation vis-à-vis de la retraite anticipée » à votre caisse de retraite régionale, en lui adressant le formulaire de demande complété.

Et les indemnités de départ de la convention collective ?

L’avenant du 26 septembre 2013 à la convention collective de la pharmacie d’officine relatif à l’indemnité de départ en retraite a modifié et fixé le montant de cette indemnité. Étendu par un arrêté du 29 décembre 2014, paru au Journal officiel du 3 janvier 2015, il est applicable depuis cette date dans toutes les officines. L’avenant précise que « tout salarié, quel que soit son âge, quittant volontairement l’entreprise pour bénéficier d’une pension de vieillesse a droit à une indemnité de départ en retraite fixée en fonction de son ancienneté dans l’entreprise ».

Cette indemnité, qui est versée lors de la rupture du contrat de travail, est égale à :

→ 0,5 mois de salaire après dix ans d’ancienneté ;

→ 1 mois de salaire après quinze ans d’ancienneté ;

→ 1,5 mois de salaire après vingt ans d’ancienneté ;

→ 2 mois de salaire après vingt-cinq ans d’ancienneté ;

→ 2,5 mois de salaire après trente ans d’ancienneté.

Le salaire à prendre en considération pour le calcul de l’indemnité est le 1/12 de la rémunération des douze derniers mois précédant le départ en retraite ou, selon la formule la plus avantageuse pour l’intéressé, le 1/3 des trois derniers mois. Dans ce cas, « toute prime ou gratification à caractère annuel ou exceptionnel qui aurait été versée au salarié pendant cette période sera prise en compte prorata temporis », c’est-à-dire en proportion de la durée de la période.

Comment suis-je informé sur ma future retraite ?

À partir de 35 ans, puis tous les cinq ans, les salariés reçoivent un relevé de situation. À l’âge de 55 ans, la Caisse nationale d’assurance vieillesse envoie un relevé sur la totalité du parcours professionnel. Les trimestres validés de tous les régimes de base et les points de retraite acquis auprès des régimes complémentaires y figurent, ainsi que le salaire annuel pris en compte. Des montants estimatifs bruts sont indiqués si vous partez à la retraite entre 62 et 67 ans. Attention ! Il s’agit d’une estimation globale à un temps T qui tient compte de la législation actuelle. Ces montants ne sont pas forcément définitifs, notamment si d’autres réformes interviennent en 2017 et dans les années suivantes. Vous pouvez également accéder à vos informations ainsi qu’à un simulateur sur le site www.info-retraite.fr.

Dois-je vérifier les informations ?

Il est essentiel de vérifier toutes les informations, en particulier si vous avez eu plusieurs employeurs durant votre carrière. Si vos relevés comportent des erreurs, vous pouvez les signaler à la caisse de retraite afin de les faire rectifier. Les modifications doivent être demandées le plus tôt possible, idéalement vers 55 ans. Il est possible de prendre rendez-vous avec un conseiller de la caisse de retraite afin de faire un point personnalisé et gratuit sur votre situation. Il pourra également répondre à toutes vos questions et réaliser des simulations. Les coordonnées des caisses de retraite figurent sur le relevé de situation que vous recevez.

Quelles démarches dois-je accomplir pour partir à la retraite ?

La retraite n’est pas automatique. Six à quatre mois avant la date de votre départ, vous devez effectuer votre demande auprès de votre caisse de retraite du régime général, soit en déposant un dossier, soit en ligne sur le site www.lassuranceretraite.fr. Si vous avez des droits acquis dans d’autres caisses, il faudra entamer des démarches auprès de chacune d’entre elles. Vous devez également déposer une demande auprès de l’Arrco et de l’Agirc.

(1) La Caisse nationale d’assurance vieillesse (Cnav) est compétente pour les retraités d’île-de-France. En régions, ce sont les Caisses d’assurance retraite et de la santé au travail (Carsat) et dans les départements d’outre-mer, les Caisses générales de Sécurité sociale (CGSS).

Le plafond de la Sécurité sociale

Ce plafond est le montant maximum des rémunérations ou gains à prendre en compte pour le calcul de certaines cotisations sociales (notamment une partie des cotisations d’assurance vieillesse dite « plafonnée », les cotisations aux régimes complémentaires de retraite) et de certaines prestations de Sécurité sociale. Ce plafond est déterminé chaque année par arrêté en fonction de l’évolution des salaires. Pour 2017, il a été fixé à 39 228 € pour l’année et à 3 269 € par mois. Au-delà, les rémunérations ne sont plus prises en compte pour le calcul des cotisations dites plafonnées.

Pour en savoir plus

Sur la retraite de base

→ www.lassuranceretraite.fr

→ www.info-retraite.fr

N’hésitez pas à prendre rendez-vous avec un conseiller de votre caisse régionale de retraite, après avoir reçu votre relevé de carrière à 55 ans ou un ou deux ans avant l’âge légal de départ à la retraite.

Sur les retraites complémentaires

→ www.klesia.fr

→ www.agirc-arrco.fr

Vous pouvez également demander un entretien information retraite personnalisé à Klesia au 01 71 39 15 15.

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