Les systèmes d’autosurveillance de la cétonémie - Porphyre n° 528 du 06/12/2016 - Revues
 
Porphyre n° 528 du 06/12/2016
 

Savoir

Le matériel

Auteur(s) : Caroline Bouhala

Les corps cétoniques se mesurent aisément dans le sang grâce à un lecteur dans lequel le patient insère une bandelette sur laquelle il a déposé une goutte de sang capillaire. Comme pour doser la glycémie.

Définition

• Les systèmes d’autosurveillance de la cétonémie sont des dispositifs médicaux de diagnostic in vitro (DMDIV) comprenant lecteur et bandelettes.

• Ils dosent le taux de corps cétoniques dans le sang des diabétiques sous insuline afin de diagnostiquer précocement une acidocétose, une complication du diabète de type 1 surtout (voir encadré). Décelée au plus vite et traitée, une acidocétose est bénigne, mais si rien n’est fait, elle entraîne de graves complications avec déshydratation, confusion, voire coma et décès.

• Ces lecteurs dosent à la fois la glycémie et la cétonémie capillaire, selon le type de bandelettes, chacune étant spécifique à une seule analyse.

• Deux sont en officine : Glucofix Premium (Menarini) et Freestyle Optium Neo (Abbott).

Méthode

• Que mesure-t-on ? Le terme « corps cétoniques » regroupe trois molécules, l’acétoacétate, le bêta-hydroxybutyrate et l’acétone. Alors que les bandelettes urinaires dosent l’acétoacétate urinaire, les lecteurs de cétonémie capillaire estiment la cétonémie en dosant la concentration du bêta-hydroxybutyrate, principal corps cétonique. Le résultat est exprimé en millimoles par litre.

• Principe : le dosage repose sur une réaction électrochimique mesurée par ampérométrie. L’électrode recevant le sang capillaire comprend des molécules réagissant avec le bêta-hydroxybutyrate et conduisant à la production d’électrons à l’origine d’un courant électrique mesuré par le capteur. Ce courant est proportionnel au taux de corps cétoniques. Le lecteur affiche le résultat.

Indications

• Tous les diabétiques de type 1 et de rares de type 2 peuvent être amenés à tester leur taux de cétone, mais pas de façon systématique car leur glycémie est souvent instable.

• Rythme de surveillance : en cas d’hyperglycémie persistante (> 2,5 dg/dL) sur plusieurs mesures malgré des corrections adaptées et/ou de symptômes caractéristiques de l’acidocétose (nausées, vomissements, mal au ventre…). Chez les plus exposés au risque d’acidocétose, tels les porteurs de pompe à insuline (risque de dysfonctionnement d’une tubulure), les moins de 18 ans (ils font plus de cétoses que les adultes) et les femmes enceintes (plus de cétoses et risque de toxicité pour le fœtus), le dosage est recommandé dès une glycémie supérieure à 2,5 dg/dL, voire 2 dg/dL en cas de grossesse.

• Attitude à adopter selon les résultats : il n’existe pas de recommandations officielles, mais en général, on observe les protocoles suivants.

→ Inférieur à 0,5 mmol/L : rien d’inquiétant. Le patient adapte son traitement pour corriger l’hyperglycémie. Il refait un contrôle une à deux heures plus tard.

→ Entre 0,5 et 3 mmol/L : en plus de la correction de l’hyperglycémie, faire une dose supplémentaire d’insuline rapide, prédéfinie dans le protocole de soins, puis faire un suivi.

→ Au-dessus de 3 mmol/L : corriger selon le protocole et consulter en urgence.

Description des modèles

Lecteurs

• Taille : 86 x 59 x 8 mm pour le lecteur d’Abbott (3,4 x 3,3 pour l’écran) et 98 x 58 x 17 mm pour celui de Menarini.

• Poids : Freestyle Optium Neo (37 g) est plus léger que Glucofix Premium (75 g).

• Piles : une pile CR2450 de 3V pour Menarini pour environ 1 000 tests. Chez Abbott, deux piles CR2032 au lithium pour 3 000 tests. Le renouvellement est pris en charge par le laboratoire. Contacter le service clients via un numéro Vert. Menarini : 0 800 102 602. Abbott : 0 800 10 11 56.

• Mémoire des mesures : 400 (Glucofix Premium) à 1 000 (Freestyle Optium Neo).

• Température de fonctionnement : 5 à 45 °C pour Menarini et 15 à 50 °C pour Abbott. Avec des résultats fiables jusqu’à 3 000 m d’altitude.

• Temps de rendu du résultat : un petit peu plus long que pour une glycémie, avec 10 secondes pour les deux lecteurs (versus 4 pour Menarini et 5 pour Abbott pour une glycémie).

• Volume de la goutte de sang : un peu plus important que pour une glycémie, avec 0,8 (Glucofix Premium) à 1,5 µL (Freestyle Optium Neo) versus respectivement 0,3 à 0,6 µL.

• Plages de valeurs de cétonémie : de 0,1 à 8 mmol/L pour Glucofix Premium et de 0 à 8 mmol/L pour Freestyle Optium Neo.

• Autres : Glucofix Premium éjecte l’électrode pour éviter tout contact avec l’échantillon de sang. Freestyle Optium Neo a un écran tactile.

• Aucune calibration n’est nécessaire.

• Une solution de contrôle contenant des quantités connues de glucose et de bêta-hydroxybutyrate est disponible afin de vérifier le fonctionnement de l’appareil. Ce test se fait lors de la première utilisation du lecteur, une semaine après, à chaque ouverture de nouvelle boîte de bandelettes et en cas de doute. Une fois ouvert, le flacon de contrôle se conserve trois mois à température ambiante. À noter : Abbott et Menarini fournissent la solution gratuitement.

Électrodes appelées communément bandelettes

Elles diffèrent des bandelettes pour la glycémie.

• Bandelettes spécifiques au dosage de la cétonémie : Glucofix β-ketone Sensor pour le lecteur Glucofix Premium et Freestyle Optium β-ketone pour le lecteur Freestyle Optium Neo.

• Présentation : les bandelettes Glucofix β-ketone Sensor sont mauves (bleues pour la glycémie). Chaque boîte contient deux flacons de cinq. Une fois le flacon ouvert, les bandelettes se gardent trois mois. Les Freestyle Optium β-ketone sont emballées individuellement sous blister.

• Si goutte insuffisante : le lecteur Freestyle Optium Neo autorise un délai de 30 secondes après le dépôt de la première goutte afin d’y réappliquer une seconde goutte. Glucofix Premium recommande de changer d’électrode.

• Conserver les électrodes dans un endroit frais et sec (température inférieure à 30 °C).

• Précautions : les résultats de mesure peuvent être faussement bas si le patient est gravement déshydraté, hypotendu, en état de choc, en cas de syndrome hyperosmolaire hyperglycémique. Prélever la goutte de sang sur le doigt (ni avant-bras ou paume). Éviter de trop presser la goutte car l’hémolyse peut conduire à des résultats erronés. Enfin, insérer à fond la bandelette dans le lecteur.

• Gestion des résultats : transférables sur un ordinateur via un câble fourni sur demande par le laboratoire ou dans le set de Freestyle, et un logiciel téléchargeable sur le site des laboratoires : Freestyle AutoAssist sur PC (Abbott) et Glucolog sur PC et Mac pour Menarini, qui propose le transfert des données sur smartphone via l’application Glucolog Lite pour un carnet électronique développé et Glucolog Mobile pour envoyer ses résultats au médecin par SMS.

Législation

Prescription

Par tout médecin. À noter : alors que les infirmières peuvent renouveler les bandelettes à l’identique de la prescription du médecin, elles ne peuvent le faire pour celles de cétonémie.

Inscription à la LPP

Lecteurs et bandelettes sont inscrits sous nom de marque au titre I, chapitre 1, section 3, sous-section 1 « Systèmes d’autosurveillance de la cétonémie ». Lorsqu’ils se présentent sous forme de kit comprenant lecteur, électrodes et autopiqueur, ils sont inscrits sous ligne générique avec les lecteurs de glycémie.

Prise en charge LPP

• Elle est soumise à indications et à une durée pour le renouvellement. Le lecteur et les bandelettes sont remboursés seulement chez les diabétiques de type 1 porteurs d’une pompe à insuline, les moins de 18 ans, les femmes enceintes mais pas en cas de diabète gestationnel chez une femme précédemment non diabétique.

→ Glucofix Premium : prise en charge assurée à raison d’une attribution tous les quatre ans chez l’adulte et de deux chez les moins de 18 ans.

→ Freestyle Optium Neo : le renouvellement ne peut avoir lieu avant cinq ans, date d’expiration de la garantie.

• Tarifs LPP : il s’agit de prix limites de vente, donc pas de dépassement possible.

→ Freestyle Optium Neo : lecteur, code LPP : 1122030 ; tarif : 53,87 €. Bandelettes Freestyle Optium β-ketone, boîte de 10, code 1177611 ; tarif : 18 €.

→ Glucofix : lecteur, code LPP : 1110624 ; tarif : 52,14 €. Bandelettes Glucofix β-ketone Sensor, 2 flacons de 5 bandelettes, code LPP : 1179337 ; tarif : 17 €.

→ Pour les kits : le tarif est la somme de chaque dispositif présent à l’intérieur du kit.

Avec l’aimable participation du Dr Sophie Borot, endocrinologue et maître de conférences au centre hospitalier universitaire de Besançon (25).

Mémento de la délivrance

→ Prescription sur une ordonnance séparée par un médecin.

→ Prise en charge pour certains diabétique de type 1 : les porteurs de pompe à insuline, les moins de 18 ans et les femmes enceintes.

→ Prix limite de vente, donc pas de dépassement pour le patient.

L’acidocétose diabétique

→ C’est une complication grave du diabète. Elle touche dans 90 % des cas du type 1 car elle découle d’une carence importante voire totale en insuline. Ne pouvant plus utiliser le glucose sanguin, la cellule se tourne vers les lipides pour sa source d’énergie. Cette voie produit des corps cétoniques dont l’accumulation génère une acidose métabolique, potentiellement fatale. L’acidocétose est souvent causée par un défaut du traitement (insuffisant, arrêt) ou une augmentation des besoins en insuline (infections…), le corps fabriquant du glucagon, donc plus de sucre.

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