Pourquoi expérimenter des logos nutritionnels ? - Porphyre n° 525 du 30/08/2016 - Revues
 
Porphyre n° 525 du 30/08/2016
 

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Décryptage

Auteur(s) : Magali Clausener

Cet automne, quatre logos nutritionnels seront expérimentés dans cinquante grandes surfaces en France. Ce test permettra aux pouvoirs publics de choisir celui qu’ils recommanderont aux industriels d’apposer sur les denrées alimentaires.

Pourquoi mettre un logo, en plus de la composition nutritionnelle ?

Depuis trente ans, de nombreux travaux scientifiques ont démontré le rôle des facteurs nutritionnels dans l’apparition des cancers, maladies cardio-vasculaires, diabète… L’alimentation est aussi source d’inégalités sociales, les ouvriers comptant dix fois plus d’enfants obèses que les cadres. La loi de modernisation de notre système de santé du 26 janvier 2016 (art. 14) prévoit une signalétique synthétique et accessible pour que chaque consommateur identifie facilement les produits et choisisse en conséquence.

Cette signalétique est-elle obligatoire ?

Non. Le 13 décembre 2016, seule sera obligatoire l’inscription, sur les emballages des denrées alimentaires au niveau communautaire, de la valeur énergétique et de la teneur en matières grasses, acides gras saturés, sel, sucres, glucides, protéines (Journal officiel du 21 juillet). Cette déclaration nutritionnelle « peut être accompagnée de formes d’expression complémentaires préconisées par les autorités nationales », c’est-à-dire le logo qui sera choisi après l’expérimentation.

Combien y a-t-il de logos ?

Quatre ont été retenus après concertation avec les industriels agro-alimentaires, les distributeurs et les associations de consommateurs.

Pourquoi les tester ?

L’expérimentation en « conditions réelles d’achat » vise à déterminer lequel sera le mieux compris par les consommateurs et « le plus susceptible de guider leur comportement d’achat, de sorte que les comportements alimentaires soient le plus favorable possible à la santé », précise le ministère de la Santé.

À quoi ressemblent-ils (voir Repères) ?

Nutri-Score est un système à cinq couleurs. Chaque produit est réparti dans une couleur sur la base de son score de qualité nutritionnelle, la couleur verte étant la meilleure, la rouge la plus mauvaise. Pour le Haut Conseil de la santé publique (HCSP), ce procédé, universel, est le seul à répondre « aux critères de pertinence et de faisabilité d’un système d’information nutritionnelle synthétique » sur la base des données disponibles. Le système Sens, basé sur quatre couleurs, indique la fréquence de consommation : la mention « Très souvent » sur fond vert signifie que l’aliment peut être mangé régulièrement. Nutri-Repères (repères nutritionnels journaliers) informe, lui, notamment sur les pourcentages et valeurs absolues des kilojoules/ calories, des matières grasses, des acides gras saturés, des sucres et du sel. Le logo anglais Traffic Lights fournit, sur une échelle à trois couleurs, le pourcentage et la valeur absolue en énergie, sucre, sel, matières grasses et acides gras saturés d’une portion d’aliment.

Comment se déroule l’expérimentation ?

Cinquante grandes surfaces de différentes enseignes ont été tirées au sort dans cinq régions. Chaque logo est testé sur 800 produits dans dix supermarchés. Dans les dix restants, il n’y a aucun logo afin de comparer les comportements d’achat. L’expérimentation de trois mois permettra de choisir une signalétique pour un étiquetage en 2017. L’enseigne Leclerc a aussi lancé, en mai 2016, son expérimentation dans ses magasins « drive » et sur les produits de sa marque, avec un étiquetage inspiré du système australien et néo-zélandais (Health Star Rating).

Cette signalétique existe-t-elle ailleurs ?

Oui. Au Royaume-Uni avec Traffic Lights et aux États-Unis (Guiding Stars, repères nutritionnels journaliers, RNJ) avec plus ou moins de succès. Ainsi, Traffic Lights a permis « d’améliorer la qualité nutritionnelle des achats », selon le HCSP(1).

Le logo sera-t-il suffisant pour modifier les comportements ?

« Il faut aussi une stratégie d’accompagnement, d’information et d’éducation dès les classes de CM2. La question derrière la signalétique est la réduction des inégalités sociales par un effet sur la consommation », déclare Didier Jourdan, du HCSP. Outre un changement des comportements d’achat, le logo peut inciter les industriels à modifier la composition des produits. « La réduction de la teneur en sel a eu un impact sur les industriels. Lorsque les deux leaders ont proposé du jambon moins salé, le marché a suivi ».

(1) Avis relatif à l’information sur la qualité nutritionnelle des produits alimentaires, juin 2015.

NOTRE EXPERT INTERROGÉ

→ Pr Didier Jourdan, président de la commission prévention du Haut Conseil de la santé publique (HCSP).

Repères

→ 2013 : rapport du Pr Serge Hercberg présentant quinze mesures de prévention nutritionnelle dans le cadre de la Stratégie nationale de santé. Il recommande une nouvelle signalétique nutritionnelle en lien avec le Plan national nutrition santé (PNNS).

→ 2016 : expérimentation de quatre logos.

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