Les préservatifs masculins - Porphyre n° 524 du 28/06/2016 - Revues
 
Porphyre n° 524 du 28/06/2016
 

Savoir

Le matériel

Auteur(s) : Anne-Gaëlle Harlaut

Également nommé capote ou condom, le préservatif masculin est un dispositif utile pour prévenir une grossesse et des infections non désirées. Le choix se fait selon les pratiques, les sensibilités et la richesse de sa bourse…

Définition

• Le préservatif masculin est une gaine très fine mise et déroulée sur le pénis en érection afin de le couvrir complètement.

• Il constitue une barrière mécanique imperméable lors des rapports sexuels. Il est à la fois une méthode contraceptive – barrière entre vagin et spermatozoïdes – et une protection contre les infections sexuellement transmissibles – barrière entre vagin, pénis, bouche, rectum et agents pathogènes transmis par voie sexuelle.

• C’est un dispositif médical de classe IIB comme tous ceux « utilisés pour la contraception ou pour prévenir la transmission de maladies sexuellement transmissibles […], sauf s’il s’agit de dispositifs implantables ou de dispositifs invasifs à long terme, auquel cas ils font partie de la classe III ».(1)

• Pour être vendu en Europe, un préservatif doit obtenir la norme CE, qui correspond à un cahier des charges spécifique avec des exigences minimales en matière de dimensions, volume et pression d’éclatement, effet barrière, emballage… Il peut aussi, à l’initiative du fabricant, bénéficier de la norme française NF. Plus exigeante en termes de contrôles, elle est délivrée par le Laboratoire national de métrologie et d’essais (LNE).

Caractéristiques

• Matière : les préservatifs sont fabriqués en matériaux à la fois élastiques, imperméables et résistants. Il s’agit :

→ de latex ou « caoutchouc naturel » extrait de l’hévéa puis traité. C’est la majorité ;

→ de polyuréthane (PUR) : pour les personnes allergiques ou sensibles au latex, soit 5 à 10 % de la population. Par exemple, Protex Original ;

→ de polymères synthétiques autres que PUR : polyisoprène ou sensoprène dans Manix Suprême, Manix Skyn, Durex Max tolérance…Ces matériaux sans protéines de latex allergisantes sont plus fins, de meilleurs conducteurs de la chaleur et plus chers que ceux en latex.

• Forme : le plus souvent cylindriques, les préservatifs sont munis d’un réservoir destiné à recueillir le sperme. Ceux sans réservoir sont rares (Protex Standard Naturel) mais sont préférés pour des raisons de confort dans les relations buccales ou pour diminuer le risque de rupture dans celles anales. Manix Contact, Protex Anatomic, Stymulève… ont une forme dite « anatomique », plus évasée au niveau du gland pour éviter la sensation de serrement.

• Taille et largeur : le « standard » est d’environ 180 mm de long et 55 mm de large pour s’adapter à la majorité. À savoir : la taille moyenne du pénis en érection est de 13 à 15 cm. Pour éviter les ruptures et glissements, il est important de choisir une taille adaptée (voir mesures). Il existe ainsi des préservatifs :

→ plus longs, de taille > 180 mm et généralement plus larges pour ceux qui sont à l’étroit dans le « standard » : Skyn King Size, Reflex Condoms Magnum XXL, Manix King Size, Protex Extra Large, Durex Confort XL… ;

→ plus ou moins larges : les My.Size se déclinent en sept largeurs ;

→ plus courts, de taille < 180 mm et généralement moins larges : Soft Slim…

• Épaisseur. Les préservatifs couverts par la norme NF sont classés en trois catégories.

→ Très fins (A) : épaisseur ≤ 55 µm.

→ Fins (B) : 55 µm < épaisseur ≤ 80 µm.

→ Épais (C) : > 80 µm.

Ce qui ne correspond pas toujours aux dénominations extra-fins, super-fins… des fabricants. Les préservatifs les plus fins sont plus confortables car les sensations sont préservées, plus faciles à mettre en place mais moins solides : Manix Contact Ultra-fins et Skyn Elite, Durex Feeling Sensitive… Un compromis doit être trouvé, guidé par les préférences et le type de rapport. Opter pour une épaisseur plus importante pour des rapports anaux : Manix Ultra Protect, Reflex Condoms Ultra+…

• Lubrifiant : la plupart des préservatifs sont vendus prélubrifiés avec un lubrifiant aqueux ou en silicone pour faciliter leur mise en place et diminuer le risque de rupture. Parfois, le lubrifiant est associé à un spermicide. Les préservatifs non lubrifiés, très rares, peuvent néanmoins être recherchés pour les rapports buccaux. À savoir : il est préconisé d’employer en plus un lubrifiant lors de relations vaginales et fortement conseillé lors de relations anales pour un meilleur confort et limiter encore les risques de rupture. Utiliser impérativement un lubrifiant aqueux ou à base de silicone pour le latex et les polymères synthétiques car les huileux type vaseline risquent de les détériorer. Les lubrifiants huileux peuvent être employés seulement avec les préservatifs en polyuréthane.

• « Options » des préservatifs spécifiques

→ Les « retardants » : ils sont plus épais et/ou de forme anatomique particulière, resserrée sous le gland, et/ou contiennent de la benzocaïne ou du menthol censés retarder l’éjaculation et/ou accroître les performances… Exemples : Manix Endurance, Durex Orgasmic et Performa, Intimy No Limit…

→ Les texturés : ils revendiquent augmenter le plaisir grâce à des aspérités – rainures, perles, anneau… – de quelques microns en surface. Exemples : Durex Pleasure Me, Protex Stymulève texturé, Manix Orgazmax Plus (+ benzocaïne)…

→ Les parfumés pour masquer l’odeur du latex : Reflex Condoms Égérie, Durex Surprise Me, Manix Skyn Cocktail Club…

→ Pour circoncis : forme évasée conçue pour réduire la contention exercée sur le gland à découvert des hommes circoncis. Exemple : Reflex Condoms Circum’size.

Mesures

Recourir à une règle graduée pour la longueur du pénis en érection et, pour la largeur, mesurer la circonférence avec un mètre à ruban et diviser le chiffre obtenu par Pi (3,14…).

Efficacité et sécuritéi

• Efficacité : elle dépendant des personnes ! Selon l’OMS, en utilisation correcte, le taux de grossesse est de 2 % lors de la première année d’emploi. Elle varie selon les études de 3,3 % (étude française) à 15 % (OMS) en usage courant comprenant les erreurs de manipulation…(2)

• Sécurité : les préservatifs se rompent parfois lors de l’acte sexuel. D’après une synthèse d’études comparatives aux États-Unis(3), les préservatifs en polyuréthane ou en polymère synthétique sont plus sujets aux ruptures que ceux en latex : 3,8 % (16 685 préservatifs) versus 0,8 % (8 866 préservatifs). En 2007, Ansell a conduit une étude clinique qui montre que ses préservatifs en polyisoprène (Skyn et Suprême) ont une probabilité de rupture de 0,8 % contre 0,9 % pour ceux en latex et 3 % pour ceux en PUR.

Utilisation

• Mode d’emploi : usage unique, changement à chaque rapport sexuel. Ouvrir l’emballage délicatement sans user d’objet tranchant ; attention aux ongles ! Jeter tout préservatif endommagé. Pincer le réservoir entre les doigts pour en chasser l’air puis dérouler complétement sur le pénis en érection en maintenant le réservoir. À la fin du rapport, tenir la base du préservatif pendant le retrait. Le nouer avant de le jeter à la poubelle. À savoir : en cas de rupture, penser à la contraception d’urgence et, s’il existe un risque d’infection sexuellement transmissible, consulter rapidement un médecin.

• Conservation : dans un endroit tempéré et sec, sans dépasser la date limite d’utilisation.

Prise en charge

Non. Inscrits à la LPP, les préservatifs ne sont pas pris en charge. Certains contrats de mutuelle les remboursent toutefois à hdiv d’un forfait annuel.

(1) Arrêté du 20 avril 2006 fixant les règles de classification des dispositifs médicaux, en application de l’article R. 5211-7 du code de la santé publique, version au 25 mai 2016.

(2) État des lieux des pratiques contraceptives et des freins à l’accès et au choix d’une contraception adaptée, Haute Autorité de santé, 2013.

(3) Préservatifs masculins sans latex, ruptures plus fréquentes, Revue Prescrire, mai 2012.

Le poids du marché

Le polyuréthane ne pèse que 0,3 % (en baisse) des préservatifs vendus en pharmacie (données mensuelles IMS avril 2016 en part de marché volume) contre 16,1 % (en forte hausse) pour le polyisoprène et 83,6 % pour le latex

(source : Ansell).

Mémento de la délivrance

→ Choisir la matière en tenant compte des allergies potentielles au latex des partenaires.

→ Souligner l’importance de la bonne taille et des méthodes de mesure.

→ Parler finesse et spécificités si des besoins sont exprimés.

→ Inciter à utiliser conjointement un lubrifiant adapté afin de limiter le risque de rupture.

→ Indiquer les précautions de manipulation et de vérification de l’intégrité avant usage.

→ Rappeler la conduite en cas d’incident (contraception d’urgence et consultation si risque d’IST) et les taux d’échec. Encourager une méthode hormonale associée si une grossesse est totalement exclue.

→ Pas de prise en charge par l’Assurance maladie.

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