Je voudrais un anti-moustiques efficace - Porphyre n° 524 du 28/06/2016 - Revues
 
Porphyre n° 524 du 28/06/2016
 

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Au comptoir

Auteur(s) : Nathalie Belin

1 Je questionne

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« C’est pour la France ? » Si non, « Où partez-vous en vacances exactement ? » évalue le risque de contracter une maladie à transmission vectorielle. « Dans quelles conditions s’effectue le séjour ? Hôtel, tente… ? » permet d’adapter et/ou de compléter les moyens de protection.

Recherchez certains critères

« À qui est-il destiné ? Un adulte ? Un enfant ? » Et selon : « De quel âge ? », « Êtes-vous enceinte ? Asthmatique ? » déterminent le produit. « Combien de temps restez-vous ? » prévoit la quantité.

2 J’évalue

Certains anti-moustiques offrent une protection limitée et sont déconseillés en cas de risque de transmission de maladie vectorielle. Une chimioprophylaxie antipaludéenne et des vaccinations sont aussi à recommander pour un départ à l’étranger, voire une consultation spécialisée(1).

3 Je passe en revue

Répulsifs

→ Les répulsifs ou « repellents » repoussent certains insectes sans les tuer : moustiques, plus ou moins les mouches, taons, aoûtats et tiques. Ils sont peu ou pas efficaces contre les hyménoptères : abeilles, guêpes, frelons et fourmis.

→ Ils sont classés parmi les biocides – comme les insecticides – et soumis à une règlementation européenne. Pour revendiquer des propriétés répulsives, les substances doivent avoir prouvé leur efficacité et leur innocuité ; elles figurent alors sur une liste autorisée par l’Agence européenne des produits chimiques(2). Certaines substances ne remplissent pas ces critères et ne doivent plus être commercialisées comme répulsifs : huiles essentielles de citronnelle, de géranium, de menthe poivrée, etc.

→ La réglementation prévoit que les produits fassent l’objet d’un dossier d’AMM biocide mais, à ce jour, les substances n’ont pas toutes été évaluées et tous les produits n’ont pas encore une AMM spécifique.

Répulsifs cutanés de référence

Quatre molécules sont préconisées dans la prévention contre les maladies à transmission vectorielle.

• DEET ou diéthyltoluamide : cette molécule de référence, la plus ancienne, a été la première substance évaluée au niveau européen. Effets indésirables : irritations cutanées et oculaires. Rares effets neurologiques graves (confusions…), surtout avec des applications prolongées et/ou sur une grande surface. Possible hyper-excitabilité chez les personnes sensibles, tels les épileptiques. Inconvénients : odeur désagréable et consistance huileuse. Le DEET détériore certaines fibres synthétiques, le cuir et le plastique (branches des lunettes…). En pratique : non recommandé avant 2 ans, sauf risque élevé de maladie vectorielle sur une période courte. Entre 2 et 12 ans et chez la femme enceinte, uniquement si risque de maladie vectorielle. En cas d’exposition aux anophèles (voir encadré Condiv), la concentration minimale efficace est de 30 %.

• Icaridine ou pipéridine-1 ou KBR3023 : la référence, en particulier vis-à-vis des anophèles femelles. En cours d’évaluation au niveau européen. Effets indésirables : possibles irritations cutanées et oculaires. Inconvénient : à faible dose, effet attractif sur les moustiques. En pratique : contre-indiquée avant 2 ans.

• IR3535 : très bien toléré. Évalué et autorisé au niveau européen depuis 2015. Les produits qui en contiennent doivent demander une AMM. Inconvénient : durée de protection moindre que les autres molécules envers les anophèles. En pratique : possible dès 6 mois. À privilégier chez les jeunes enfants et les femmes enceintes en dehors des situations à risque de transmission de maladie grave selon l’ANSM.

• PMDRBO ou cis- et trans-p-menthane-3,8-diol ou PMD (marque déposée : Citriodiol, Citrepel 75) : terpène, proche du menthol, analogue synthétique d’un composant extrait de Corymbia citriodora (Eucalyptus citriodora). Effets indésirables : irritations cutanées. En pratique : dès 6 mois, mais pas chez la femme enceinte. À savoir : certaines références l’associent à des huiles essentielles (Roller Aromapic, Puressentiel Anti-pique…).

Produits d’imprégnation

À base de perméthrine répulsive et insecticide, ils sont préconisés en zone à risque pour imprégner moustiquaires, toiles de tente, vêtements, les moustiques pouvant y piquer au travers. Exemples : Biovectrol Tissu, Insect Écran Spray vêtements, Cinq sur Cinq Tropic Spray vêtement et tissus… Précautions : non recommandés chez les moins de 2 ou 3 ans selon les fabricants mais utilisables chez les femmes enceintes. Manipuler avec des gants dans une zone aérée. En pratique : selon les formules, protègent deux mois et/ou résistent à deux à six lavages.

Moustiquaires

Imprégnée d’insecticide, une moustiquaire est la meilleure protection contre les piqûres nocturnes. Elle est fortement recommandée en zone impaludée (Pharmavoyage…). Les moustiquaires « longue durée » sont efficaces jusqu’à quatre à cinq ans et/ou environ vingt lavages, dans des conditions optimales de conservation : emballage d’origine, à l’abri du soleil et de l’humidité. En pratique : vérifier son bon état avant usage. La border sous le matelas ou de façon à toucher le sol.

4 Je choisis

Selon le condiv

• Dans les zones à risque de maladie vectorielle : DEET, icaridine, IR3535 ou PMD. Se tourner vers les produits les plus concentrés pour accroître la durée de protection, en respectant les limites d’âge, est possible.Compléter le cas échéant avec moustiquaire ou vêtements.

• Hors risque de transmission de maladie vectorielle : IR3535 car bien toléré, en particulier chez les jeunes et les femmes enceintes. Des formules plus faiblement dosées peuvent être proposées.

Selon l’utilisateur

• Grossesse : ni PMD, ni huiles essentielles ; éviter DEET sauf en zone à risque.

• Avant 12 ans : éviter DEET hors zone à risque.

• Femme enceinte et enfants de moins de 6/12 mois : mesures physiques à privilégier. Employer les répulsifs cutanés aux doses minimales efficaces.

Galénique

• Forme spray : pratique mais ne pas pulvériser près du visage car irritation oculaire possible. Prudence en cas de pathologie pulmonaire (asthme…).

• Crème ou lait : bien faire pénétrer.

• Sticks, roller : pratiques car pas de contact avec les mains, ni de projections.

5 J’explique

→ Les répulsifs cutanés sont efficaces et sûrs à condition de respecter limites d’âge et consignes d’application (ci-dessous).

→ Hors zones à risque, privilégier les mesures physiques lors de la grossesse.

→ En zone à risque de maladie vectorielle, associer répulsifs cutanés et autres protections : antipaludéen le cas échéant, moustiquaire imprégnée, diffuseurs d’insecticides dans la maison, fumigènes dehors…

6 Je conseille

Application du répulsif

• Sur les zones découvertes sur peau saine. Éviter la proximité des yeux et muqueuses.

• En journée et en fin d’après-midi pour les Aedes ; au coucher du soleil et avant le coucher pour anophèles et Culex.

• Une à trois fois par jour selon l’âge ou les produits. Renouveler après une baignade, en cas de sueur, d’humidité ambiante importante, etc. Pour le spray, appliquer d’abord le produit sur les mains puis le répartir pour éviter les projections. Pour le DEET, enlever montre et bijoux ; se laver les mains après. Compter 100 ml de produit pour une personne (visage, bras, jambes) durant quinze à vingt jours, avec deux à trois applications par jour.

• En cas d’exposition au soleil : appliquer d’abord la crème solaire et attendre 20 à 30 minutes avant de passer au répulsif.

Autres mesures de protection

Elles sont importantes, y compris en France où est présent le moustique tigre.

• Porter des vêtements couvrants clairs car les moustiques sont attirés par le foncé.

• Installer des moustiquaires aux fenêtres et dormir sous elles en journée, lorsque le moustique est le plus actif.

• Éliminer les eaux stagnantes près des maisons : vider les soucoupes des pots…

• Les diffuseurs électriques, d’efficacité variable, sont une mesure d’appoint dans la maison. Les spirales à brûler sont efficaces en extérieur si on est près d’elles.

Sensibiliser les grossesses au zika

Reporter tout voyage en zone d’épidémie (Antilles…), sinon, consulter son médecin avant le départ pour juger de l’opportunité du séjour et la prévention. Éviter tout rapport sexuel avec un homme susceptible d’être infecté par le virus. Face à une possible diffusion par le moustique tigre en France, l’OMS recommande de s’en protéger de l’insecte efficacement, avec des répulsifs notamment.

Connaître les signes d’alerte

→ Consulter rapidement en cas de fièvre d’apparition brutale, en particulier au retour d’un voyage en zone à risque.

→ En cas de suspicion d’une maladie vectorielle (dengue, chikungunya, zika…), se protéger des piqûres de moustiques durant sept jours minimum après le début des symptômes pour éviter la contamination de moustiques autochtones qui, à leur tour, pourraient transmettre la maladie.

(1) Sur www.medecine-voyages.fr ou www.medecinedesvoyages.net

(2) Liste sur www.echa.europa.eu

Le condiv

Les moustiques sont vecteurs d’agents pathogènes et de réactions cutanées.

→ Genre anophèle : piquent surtout au crépuscule et la nuit et transmettent le paludisme. En France, seuls existent des cas d’importation.

→ Genre Culex : piquent surtout la nuit. Responsables de la fièvre à virus West Nile ou du Nil occidental. Très répandus en France mais rôle vecteur limité.

→ Genre Aedes : piquent plutôt en début et fin de journée. Transmettent dengue, chikungunya et virus zika. L’implantation du moustique tigre Aedes albopictus dans l’Hexagone fait craindre des cas autochtones (maladie contractée en France).

→ Clinique. Une brutale fièvre > 38,5 °C avec douleurs articulaires invalidantes pour le chikungunya et/ou autres douleurs pour la dengue ou zika (céphalées, myalgies, lombalgies, douleur rétro-orbitaire), chez un voyageur en zone endémique dans les quinze jours avant les signes cliniques, fait suspecter un cas importé.

→ À risque : femmes enceintes (microencéphalie du nouveau-né pour zika, prématurité voire mort fœtale pour dengue, transmission au nourrisson pour chikungunya) ; enfants (dengue), décompensation des maladies cardiaques, respiratoires, métaboliques, rénales.

Efficacité insuffisante !

• Les huiles essentielles et extraits de plantes ont une durée d’action insuffisante pour assurer une protection efficace. Seuls les produits avec des substances actives listées peuvent revendiquer des propriétés répulsives : huiles essentielles de menthe, de lavande, le citronellal, le géraniol, l’extrait de margousier, les extraits de chrysanthème (Chrysanthemum cinerariaefolium) et de lavadin (Lavandula hybrida). Précautions : possibles irritations ou allergies. Ne pas utiliser lors de la grossesse, avant 30 mois et en cas d’antécédents de convulsion. Éviter le soleil car risque de photosensibilisation.

• Les bracelets avec citriodiol, géraniol, lavandin… (Pharmavoyage, Phytosun Arôms, Parakito…) ou DEET (Moustifluid) ont un effet répulsif insuffisant pour protéger efficacement.

→ Les ultrasons n’ont pas d’efficacité.

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