Les cadres de marche et les déambulateurs - Porphyre n° 523 du 27/05/2016 - Revues
 
Porphyre n° 523 du 27/05/2016
 

Savoir

Le matériel

Auteur(s) : Caroline Bouhala

Ces aides à la marche apportent davantage de stabilité que les cannes. Simple, avec ou sans roues, avec des options pratiques, tel un siège ou un panier pour certains modèles, un déambulateur ou un cadre de marche impose un minimum d’explications pour être bien utilisé.

Définition

Les cadres de marche et les déambulateurs font partie des produits d’assistance à la marche. Ce sont des dispositifs médicaux de classe 1.

• Ils se distinguent par la présence ou non de roues. Le cadre de marche n’en a aucune, un déambulateur en a au moins deux. À savoir : rollator est le terme anglo-saxon pour déambulateur.

• Ils sont composés d’un cadre ou châssis en métal, articulé ou non, ajustable en hdiv, muni de poignées et de trois ou quatre pieds, fixes et/ ou à roulettes. Le réglage en hdiv se fait le plus souvent grâce à des clips/goupilles/vis/boutons-poussoirs comme pour les cannes, ou par une molette ou levier de serrage pour un réglage plus précis. Un système de frein est nécessaire pour un déambulateur avec que des roues.

Indication

• Leur fonction principale est de permettre la déambulation. Ils améliorent les trois composantes de la marche.

→ L’équilibration : ils augmentent la base de sustentation, surface déterminée par les points d’appui au sol, plus que les cannes (cf. Porphyre n° 518), donc offrent une meilleure stabilité.

→ La décharge : les membres supérieurs retirent une partie du poids du corps habituellement portée par les membres inférieurs.

→ La propulsion : ils redistribuent les forces.

• Pour qui ? Les personnes âgées polypathologiques avec maladie ostéo-articulaire et/ou troubles de l’équilibre ; les enfants avec pathologie neurologique (paralysie, maladie de Parkinson, sclérose en plaques…) si tonus musculaire et coordination suffisants, pathologie transitoire (après chirurgie).

Principaux modèles

Cadre de marche

• Description : aide sans roues, ni dispositif de soutien autre que des poignées. Certains sont pliables pour faciliter rangement et transport.

• Usage : très stables, compacts et légers, ils sont destinés à un usage intérieur. Ils nécessitent de bonnes fonctions musculaire et articulaire des membres supérieurs, une bonne coordination pour soulever le cadre à chaque pas, sans chuter lorsque le déambulateur n’est plus en contact avec le sol. Ils entraînent une forte dépense énergétique. Leur usage requiert davantage d’attention.

• Différents modèles :

→ plus ouverts à l’avant, ils permettent une utilisation au-dessus des toilettes : cadre de marche Bruxelles (Dupont Medical), Invacare Foria ou Aventia ;

→ les cadres de marche articulés : ils permettent d’avancer en ne soulevant qu’un côté du cadre à la fois et en gardant en permanence un appui avec le sol. La marche est également plus physiologique. Certains modèles articulés se rigidifient entièrement selon le besoin ;

→ avec une deuxième paire de poignées à mi-hdiv pour aider à se relever du fauteuil, des toilettes… ;

→ avec une paire de roues avant : parfois proposée en option afin de faire avancer le cadre de marche sans le porter entre les pas.

Déambulateurs à embouts et roues

• Description : ils ont deux poignées et quatre pieds avec deux embouts à l’arrière et deux roues à l’avant.

Le plus souvent, les roues sont fixes. Dans certains cas, elles sont pivotantes, et donc multidirectionnelles (rollator deux roues pivotantes ARA-D d’Identités). La plupart sont pliables et peuvent avoir une assise pour se reposer.

• Usage : bon compromis entre le cadre de marche et le déambulateur à quatre roues. Les embouts apportent de la stabilité. Les roues permettent une démarche plus fluide et moins consommatrice en énergie. Ces déambulateurs sont plutôt destinés à un usage intérieur car peu encombrants, et leurs roues sont trop petites pour un usage extérieur.

Déambulateurs sans embouts et à roues

• Description : avec deux poignées et trois ou quatre pieds ne comportant que des roues fixes et/ou pivotantes. Le plus souvent pliables. Ils nécessitent un système de freinage :

→ des freins à câble comme sur les vélos. Le plus fréquemment, ils freinent les roues arrière. Le patient serre les poignées pour freiner progressivement. Dès que la pression est relâchée, le déambulateur se débloque. Le câble est parfois intégré au cadre pour plus de discrétion et éviter les accrochages ;

→ une fonction « parking » ou « stationnement » permet, en tirant les poignées vers le bas, de bloquer le déambulateur sans maintenir de pression. Les freins peuvent être activés avec une seule main sur Dolomite Melody (Invacare) ;

→ plus rares, des freins dits passifs : ils s’actionnent en appliquant une pression sur les roues arrière, ce qui permet à un bloc de caoutchouc monté sur ressort placé entre les doubles roues arrière d’entrer en contact avec le sol. Exemple : déambulateur trois roues Days freins à pression.

• Usage : intérieur et extérieur en cas d’autonomie suffisante. La démarche est plus fluide, mais ils sont en général plus encombrants et plus lourds que les cadres ou les deux-roues.

• Les différents modèles :

→ les trois-roues, une à l’avant et deux à l’arrière sont moins stables que les quatre-roues car leur base de sustentation est plus étroite. Ils sont toutefois moins encombrants et plus maniables ;

→ les quatre-roues ont le plus souvent un siège de repos, permettant au patient de faire des pauses régulières. Des accessoires peuvent lui être associés : porte-canne, monte-trottoir, panier, plateau, etc. En général, les roues sont pivotantes à l’avant et fixes à l’arrière afin de mieux maîtriser la trajectoire du déambulateur.

Déambulateurs à tirer ou postérieurs

• Description. L’ouverture du châssis est antérieure. Ils sont dotés de deux ou quatre roues avec un système anti-retour pour les roues arrière.

• Usage. Ils semblent plus adaptés aux enfants avec paralysie cérébrale, par exemple, que les déambulateurs antérieurs grâce à leur fonction de redressement et leur meilleur maintien. Ils aident au respect du schéma de la marche.

Caractéristiques et options

• Poignées : elles peuvent être anatomiques afin de faciliter la prise en main. Si le patient présente des faiblesses au niveau des membres supérieurs, des déambulateurs avec appuis anté-brachiaux (rollator Alpha Basic quatre roues d’Invacare) ou appuis axillaires (déambulateur extérieur Youpi de chez Rupiani France) peuvent être proposés.

• Embouts : comme pour les cannes, ils sont à changer régulièrement afin d’assurer une bonne adhérence du déambulateur, et donc une bonne stabilité. Leur diamètre varie de 22 à 28 mm.

• Monte-trottoir : installé sur le châssis arrière près d’une roue, droite ou gauche, et actionné avec le pied, il sert de levier pour les roues avant pour franchir des obstacles.

• Siège plus ou moins appui dorsal : présent sur la majorité des modèles à quatre roues et sur certains à deux roues et deux embouts, il permet des pauses régulières durant les trajets. La hdiv est souvent fixe.

• Autres options : panier, filet, porte-canne, porte-bouteille d’oxygène, crans de sécurité anti-repliement, système de pliage rapide…

À noter : certains déambulateurs se transforment en fauteuil roulant à pousser (Rolk, Victor, Sit’N Roll II). Il existe aussi des roues anti-recul dans les déambulateurs à tirer, des roues pivotantes mais à blocage directionnel – le patient peut choisir de les avoir fixes ou pivotantes –, etc. Les walking trolleys sont de nouveaux produits, originaires d’Asie, assimilés à des déambulateurs mais plus légers et moins solides, pour peu de besoin d’appui de l’usager, souvent âgé.

Choix

Par le médecin

• Selon la pathologie. Plusieurs points sont à prendre en compte :

→ le niveau d’équilibre : les cadres de marche seraient plus stables que les modèles uniquement à roues ;

→ la force musculaire : les cadres de marche nécessitent d’être soulevés à chaque pas ;

→ la capacité de préhension : choix des poignées, freins faciles à utiliser ;

→ la capacité à se relever : les cadres de marche à poignées intermédiaires peuvent aider ;

→ les capacités cognitives pour le choix des freins et/ou des embouts ;

→ la tolérance à l’effort : dans les pathologies respiratoires et/ou cardiaques, les modèles avec roues sont plus adaptés car nul besoin d’être soulevés pour avancer. Les sièges sont intéressants pour permettre au patient de se reposer.

• Selon les besoins

→ Lieu d’utilisation : pour un usage extérieur, les modèles à roues sont plus adaptés. Pour l’intérieur, tenir compte de l’encombrement et du type de sol. Il est plus difficile de faire glisser un cadre de marche ou un déambulateur à deux roues sur de la moquette. Les terrains accidentés nécessitent des roues de plus grand diamètre.

→ Mode de vie : les modèles pliants rentrent plus facilement dans le coffre d’une voiture.

→ Durée : privilégier la location en cas de pathologie transitoire ou pour tester le produit.

• Livraison : le prescripteur peut demander la livraison du cadre de marche ou du déambulateur s’il considère que la pathologie ou l’environnement familial l’exige. Les frais sont pris en charge en cas de prescription.

À l’officine

• Mensurations du patient adulte

→ Poids : les cadres de marche supportent de 100 à 227 kg ; les déambulateurs à deux roues et deux embouts de 100 à 325 kg, les trois-roues 100-135 kg et les quatre-roues 100 à 317 kg.

→ Hdiv : les déambulateurs sont tous réglables et vont en général de 64 à 104 cm pour les modèles destinés aux adultes.

• Caractéristiques du déambulateur

→ Poids : le patient doit être capable de le porter si besoin. Les plus légers sont les cadres de marche (de 1,6 à 3,4 kg), puis les déambulateurs à deux roues et deux embouts, avec un poids de 2 à 7 kg. Viennent ensuite les modèles à trois roues (de 5 à 8,5 kg) et ceux à quatre roues (de 6 à 13,7 kg). À noter : l’aluminium est plus léger que l’acier mais plus cher.

→ Largeur : de 48 à 71 cm pour les cadres de marche et les déambulateurs à deux roues, de 60 à 72 cm pour les trois-roues et de 53 à 77 cm pour les quatre. Il doit pouvoir passer les portes.

→ Confort : assise avec rembourrage, taille de l’assise, poignées plus ou moins ergonomiques, pliage plus ou moins facile.

→ Prix : plus il est perfectionné, plus le dépassement à la LPP (voir plus loin) est important.

Conseils à l’officine

• Réglage de la hdiv : les poignées du cadre doivent se situer à la même hdiv que la distance sol/pli du poignet du patient lorsque celui-ci a les bras relâchés le long du corps.

• Embouts : les vérifier régulièrement.

• Freins : s’assurer que le patient peut les actionner. Les contrôler même s’ils sont réglés.

• Recommander d’ôter les tapis dans le logement car les pieds du cadre peuvent se prendre dedans et entraîner la chute si le patient ne le lève pas suffisamment.

• Expliquer la technique de marche

→ Cadre de marche : prendre appui dessus pour avancer puis s’arrêter pour le soulever et le reposer un peu plus loin ; recommencer.

→ Déambulateurs à embouts et roues : relever légèrement l’arrière de l’aide pour avancer. Il arrive que les patients le poussent sans réellement le soulever, ce qui use vite les embouts.

→ Modèles à trois/quatre roues : marcher en se tenant droit ; éviter de trop se pencher en avant.

→ Choisir un bon chaussage.

• S’informer : le Centre d’études et de recherche sur l’appareillage des handicapés (Cerah) propose une base de données gratuite alimentée par des ergothérapeutes : http://bit.ly/1X3Qf1E

Législation

Prescription

Par tout médecin et masseur-kinésithérapeute, sur une ordonnance séparée en précisant achat ou location et le modèle. La prescription des déambulateurs à tirer doit être réservée aux médecins de médecine physique et de réadaptation, neurologue, orthopédiste, pédiatre ou rhumatologue, en raison de la gravité des pathologies visées.

Inscription LPP

• La liste des produits et prescriptions (LPP) ne distingue pas les modèles. Elle englobe les déambulateurs « fixes ou articulés ou à roulettes », à la condition d’être réglables en hdiv. Elle différencie achat et location, sans indication. La livraison est également inscrite à la LPP.

Prise en charge à la LPP

• À l’achat (code 1285619) : 53,81 €.

• La location hebdomadaire est calculée de date à date. Jusqu’à la 26e semaine incluse, le tarif est de 2,21 € par semaine (code 1225646). Au-delà, 1,34 € par semaine (code 1260418).

• Forfait de livraison du déambulateur (code 1290968) : 12,96 €.

À noter : en cas de livraison de plusieurs dispositifs pour un même patient, un seul forfait, le plus élevé, est appliqué.

• Pas de prix maximal de vente, donc dépassement autorisé.

• Le renouvellement n’est pas systématique mais peut être envisagé après un délai d’usage de trois ans en moyenne, sauf chez l’enfant, dont il faut suivre l’évolution de la croissance.

Nos remerciements à Mme Dias et Mme Forfert, respectivement documentaliste et ergothérapeute au Centre d’études et de recherche sur l’appareillage des handicapés (Cerah).

Mémento de la délivrance

→ Prescription sur ordonnance à part, provenant d’un médecin ou d’un masseur-kinésithérapeute.

→ Disponibles à l’achat ou à la location avec tarif dégressif après la 26e semaine.

→ La LPP prévoit un forfait pour la livraison.

→ Faire essayer pour contrôler la technique de marche, l’utilisation des freins, etc. Régler la hdiv.

→ Renouvellement envisageable au bout de trois ans et plus tôt pour les enfants.

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