Des diplômés valorisés mais des apprentis moins payés - Porphyre n° 522 du 26/04/2016 - Revues
 
Porphyre n° 522 du 26/04/2016
 

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Auteur(s) : Christine Julien

Le salaire des apprentis revu à la baisse, la suppression du coefficient 230 et la création des 250 et 320 sont les principales mesures de l’accord signé le 7?mars par les partenaires sociaux de la pharmacie d’officine. Il prendra effet après son extension, a priori avant la fin de l’année.

Les prochains apprentis préparateurs en pharmacie auront les poches moins pleines. En revanche, les partenaires sociaux de la branche officine se sont engagés à « dynamiser le plan de carrière des préparateurs » en revalorisant les coefficients des deux premiers échelons et en ajoutant un coefficient 320. Entérinées par un accord signé le 7 mars 2016(1), ces mesures seront effectives dans quelques mois, le jour où entrera en vigueur l’accord sur la formation professionnelle qui a été également ratifié le 7 mars (Porphyre y reviendra dans un prochain numéro).

Un bachelier entrant en apprentissage verra donc sa rémunération baisser de 133,84 € par mois en première année de BP et de 119,28 € en BP2 (voir tableau). « Mais elle reste attractive et au-dessus de ce qui est prévu par le Code du travail (lire À savoir sous le tableau) », souligne Philippe Denry, pharmacien et membre de la FSPF, syndicat de pharmaciens à l’origine de cet accord, signé aussi par les deux autres syndicats de titulaires, l’USPO et l’UNPF.

Favoriser l’embauche d’apprentis

Cette diminution de la rémunération des apprentis vise à inciter les titulaires à recruter des jeunes. « Depuis une dizaine d’années, nous sommes passés de 10 000 apprentis en formation dans la branche à 6 800. Il fallait donc trouver des solutions pour stabiliser, voire augmenter ce nombre », poursuit Philippe Denry. Ainsi, l’accord précise que la branche s’engage à « favoriser les embauches en contrat d’apprentissage d’environ 3 % par an… par rapport à 2015 ». Pour la CFDT-Santé-Sociaux, ce fut un argument important pour signer : « Nous qui prônons l’emploi, nous ne pouvons pas nous contenter de regarder le nombre d’apprentis baisser sans rien faire, analyse Sophie Perdriau, secrétaire nationale en charge du dossier à la CFDT-Santé-Sociaux. C’est pour cela que nous avons demandé un engagement chiffré de l’ensemble de la branche ». Plus dubitative, la CFE-CGC, autre syndicat de salariés, a aussi ratifié l’accord. « Beaucoup se dirigent dans cette branche parce que le salaire d’apprenti est intéressant mais à la fin de la formation, certains s’en vont. C’est dommage. Nous souhaitons des gens motivés pour la pharmacie de demain », argumente Christelle Degrelle, préparatrice et représentante de la CFE-CGC.

Un début de carrière plus rémunérateur

Les syndicats de salariés se sont également battus pour augmenter le différentiel de salaire entre l’apprenti et le jeune diplômé. Ainsi, le coefficient 230 va disparaître et le diplômé débutera sa carrière au 240. « Passer de 230 à 240, c’est peu mais tout gain est bon à prendre », souligne Christelle Degrelle. Daniel Burlet, titulaire membre de l’USPO, pointe le surcoût de cette mesure, le salaire d’un apprenti n’étant « pas chargé, contrairement à celui d’un préparateur ». Philippe Denry évoque plutôt un « coût neutre », notamment pour le titulaire qui formera un apprenti. Cet accord d’ailleurs a aussi pour but « vertueux » d’inciter les pharmaciens à former davantage « et ne pas attendre uniquement l’arrivée de diplômés sur le marché du travail… »

Le 230 disparaît, mais un 250 voit le jour. « Nous avons créé ce coefficient intermédiaire afin de conserver une progressivité avant d’arriver au 260. Donc, après deux ans au 240 et trois au 250, le préparateur parviendra au coefficient 260 la sixième année », précise Philippe Denry.

Une carrière allongée avec le 320 en plus

Autre nouveauté, la création d’un coefficient 320. Il sera accessible aux préparateurs avec huit ans d’ancienneté au coefficient 310 (voir ci-contre). « Sur une grille de rémunération, nous nous attachons à la hdiv de chaque curseur, mais également à la progression. Avec ce coefficient supplémentaire de 320, nous avons un déroulement de carrière plus long », explique Sophie Perdriau. « 310 correspond à 51-52?ans en termes de progressivité de carrière. En mettant ce 320, nous donnons des perspectives jusqu’à 57-58 ans, explique Philippe Denry. C’est aussi un signal fort que la branche envoie aux seniors ». Et Christelle Degrelle d’ajouter : « Ma collègue avec vingt ans d’ancienneté va avoir son 320. Elle va progresser. C’est une bonne chose ».

Les autres syndicats de salariés n’ont pas signé l’accord(2). Force ouvrière notamment, car sur la période de sept ans incluant deux années d’apprentissage et les cinq premières années de diplôme, le préparateur perd environ une quinzaine d’euros par mois avec ces nouvelles rémunérations. En revanche, tous les syndicats de salariés continuent le combat pour revoir l’ensemble de la grille. « Cet accord est pour nous une première marche. Nous continuerons à revendiquer que c’est l’ensemble de la grille qui a besoin d’être toiletté », explique Sophie Perdriau. D’ailleurs, la loi impose une révision tous les cinq ans (loi relative à la négociation collective et au règlement des conflits collectifs du travail du 13 novembre 1982). « La grille doit être revue, c’est impératif. Nous ne lâchons pas car nous avons les 120 000 salariés derrière nous », s’enflamme Christelle Degrelle.

(1) Accord collectif national du 7 mars 2016 relatif à la rémunération des jeunes préparant le brevet professionnel de préparateur en pharmacie et à la classification des emplois de préparateur en pharmacie d’officine.

(2) 30 % suffisent pour qu’un accord soit validé. La CFDT et la CFE-CGC pèsent respectivement 24,30 et 9,28 % en termes de représentativité.

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