Des chiffres et des préps - Porphyre n° 522 du 26/04/2016 - Revues
 
Porphyre n° 522 du 26/04/2016
 
NGA VU LE BESNERAIS

Exercer

C’est vous

Auteur(s) : Vincent Béclin

Après des études de maths et d’informatique, Nga a quitté son Vietnam natal en 2004. Aujourd’hui préparatrice, elle a su, à force de travail et grâce à de belles rencontres, réussir en France malgré les embûches et la barrière de la langue.

« Si tu restes au Vietnam, tu peux être quelqu’un », lui a dit un jour son père. Mais l’envie de découvrir autre chose a été plus forte. « Une amie était partie en France et ça m’a tentée même si je ne connaissais que quelques mots de français ». En arrivant en février 2004, visa d’étudiante en poche pour l’Institut français des Alpes, à Annecy (74), Nga débarque en terre inconnue. Saigon et son poste de professeur en maths et informatique, ses grosses journées et ses cours particuliers du soir sont alors loin…

Les débuts sont difficiles, d’abord à Annecy, puis trois mois dans un restaurant vietnamien à Bandol (83), tout en continuant les cours : « Je travaillais sept jours sur sept, douze heures par jour et je dormais dans un coin du salon pour 800 € par mois… » À l’été 2005, Nga file à Paris pour une licence Miage* à René-Descartes. Pour la financer, elle effectue des ménages dans un hôtel le week-end et du repassage chez des particuliers.

Une volonté à toute épreuve

En 2006, la rencontre de son futur mari vient à point nommé alors qu’elle commence à douter. « Je m’étais inscrite sur un site Internet pour me faire des amis et progresser en français. On a commencé à discuter, on s’est rencontrés, puis mariés en 2008 et on a eu une petite fille peu après ». En 2011, à l’heure de reprendre le travail après un congé parental, elle n’a plus envie de retourner dans l’informatique. Des amis lui présentent alors leur métier de préparateur.

Intéressée, elle s’inscrit en BP au CFA de Juvisy (91). « Je comprenais 10 % des cours. Je photocopiais les cahiers des autres et lisais notamment Porphyre pour combler mon retard à la maison. Il m’a fallu découvrir les plantes, les médicaments, le vocabulaire français. Ma formation en maths et informatique m’a heureusement aidée pour les calculs et les méthodes d’apprentissage. Je suis contente d’avoir été dans les 50 % à décrocher le diplôme en deux ans ». Dégotter une officine n’est pas une mince affaire non plus. Finalement, elle est accueillie pour son apprentissage à la pharmacie Huet-Seugnet de Villeneuve-Saint-Georges (94), près de chez elle.

Du comptoir au préparatoire

Depuis septembre 2013, suite à un nouveau déménagement, elle exerce à Paris au préparatoire de la pharmacie Delpech, fort de 85 personnes et de 1 400 préparations quotidiennes en sous-traitance. « C’était plus simple pour moi, avec des horaires fixes pour mieux concilier travail et vie familiale, même si le titulaire de Villeneuve-Saint-Georges souhaitait me garder et que j’aimais bien le comptoir. Là, je perds un peu en connaissances et conseil, mais j’y reviendrai peut-être un jour ».

Les premières semaines chez Delpech sont délicates : « Avec de nouvelles conditions de travail, du stress, des méthodes à apprendre et quelques difficultés avec la langue, je pensais ne pas pouvoir tenir ». À présent, elle fabrique autour de 80 préparations externes par jour, quand ses collègues tournent sur différents postes. Cette spécialisation lui permet d’être plus efficace et mieux valorisée.

De quoi profiter pleinement de sa nouvelle vie, entre famille, lecture, musique, jardinage, cuisine ou voyages. Dont des retours au Vietnam tous les deux ans environ, où elle a fait bâtir une maison pour ses parents, fière de sa réussite. Parfois, il faut savoir suivre ses ambitions.

(*) Méthodes informatiques appliquées à la gestion des entreprises.

Nga Vu Le Besnerais

Âge : 37 ans.

Formation : bac+ 4 maths et informatique, licence Miage*, BP de préparateur.

Lieu d’exercice : Paris (75).

Ce qui la motive : découvrir de nouveaux produits et modes opératoires, faire des expériences.

Si vous étiez une titulaire ?

J’aurais des employés travailleurs et souriants. En contrepartie, je leur donnerais les meilleures conditions de travail possibles et les payerais comme ils le méritent.

Si vous étiez une cliente ?

Je respecterais le travail des préparateurs et pharmaciens. Je souhaiterais être écoutée et recevoir les bons conseils.

Si vous étiez un médicament ?

Je traiterais rapidement et diminuerais au maximum les effets secondaires.

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