Quoi de neuf avec les contraceptifs à cycle prolongé ? - Porphyre n° 518 du 02/12/2015 - Revues
 
Porphyre n° 518 du 02/12/2015
 

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Auteur(s) : Anne-Gaëlle Harlaut

Sorti en France à la fin septembre (voir Nouveaux produits p. 15), Seasonique, un contraceptif « à cycle prolongé », permet de réduire les saignements menstruels à quatre épisodes annuels. Le point pour répondre aux interrogations des femmes.

Qu’est-ce que Seasonique ?

C’est un contraceptif oral en prise continue dit à « cycle prolongé » de 91 jours, au terme desquels apparaît un saignement. Il contient une association œstroprogestative de lévonorgestrel et d’éthinylestradiol (EE) dans les 84 premiers comprimés – comme dans Minidril et génériques – et 10 microgrammes d’éthinylestradiol dans les sept derniers.

Quel en est l’intérêt ?

Une meilleure observance (moins d’erreurs de reprise) et un confort pour diminuer les épisodes de saignements pour raisons personnelles, économiques, voire médicales, avec un effet bénéfique théorique dans certains cas (métrorragies, troubles de la coagulation, anémie, migraines, endométriose, syndrome prémenstruel). Le RCP de Seasonique avance aussi que l’EE des sept derniers comprimés diminuerait le risque d’ovulation d’échappement, mais ignore, faute d’études, « dans quelle mesure l’efficacité contraceptive est modifiée ». À noter, enchaîner les plaquettes d’une pilule classique ou, le cas échéant en jetant les comprimés placebos, est utilisé depuis longtemps hors AMM pour ne pas saigner…

Est-ce dangereux de ne pas avoir de saignements mensuels ?

Les saignements sous pilule sont des hémorragies de privation qui apparaissent quand le taux d’hormones administrées diminue, et non des règles « naturelles » qui suivent une ovulation, par définition stoppée par la pilule. « Le cycle traditionnel sous pilule n’a aucun fondement biologique et déclenche de “fausses règles” mensuelles, qui ont le mérite d’une grande régularité et de rassurer sur l’absence de grossesse en cours, bien qu’il soit possible que les saignements persistent, même enceinte. Certaines femmes apprécient de moins saigner ou de ne plus saigner, d’autres ne le supportent pas pour des raisons psychologiques et culturelles. Ce sont les préférences de la femme qui doivent primer dans ce domaine », explique Françoise Tourmen, spécialiste en contraception. D’autres méthodes réduisent ou annulent les périodes d’hémorragies : implant, DIU hormonal, microprogestatives en continu.

Pourquoi maintenir quatre hémorragies annuelles sous Seasonique ?

Si employer un œstroprogestatif de façon prolongée accroît le risque de spotting et de métrorragies, « le schéma de Seasonique avec quatre hémorragies de privation annuelles a été retenu car il permet un contrôle de la régularité du cycle avec un taux de saignements intercurrents acceptable », assure Bertrand Gelas, de Teva Santé, qui commercialise ce contraceptif. Malgré tout, spotting et métrorragies sont un effet indésirable très fréquent de Seasonique, « mais on note une diminution à partir du deuxième cycle d’utilisation ».

Quels en sont les inconvénients ?

Le coût – 24 € pour trois mois, non remboursé actuellement –, des études insuffisantes chez les moins de 18 ans et la complexité de la conduite à tenir en cas d’oubli de plus de douze heures, qui distingue la première semaine des autres et le nombre de comprimés oubliés. « On peut aussi s’étonner qu’on ne propose pas d’enchaîner les plaquettes, – en enlevant les sept derniers comprimés –, quand l’oubli survient dans la douzième semaine – avant les sept derniers comprimés –, ce qui serait cohérent avec les recommandations pour les méthodes classiques », remarque Françoise Tourmen. Peut-être en raison de la présence de 10 microgrammes d’éthinylestradiol dans les sept derniers comprimés, qui vise à pérenniser le blocage de l’ovulation durant cette période. À noter aussi, l’absence dans les RCP et la notice d’une contraception d’urgence en cas de rapport à risque dans les cinq jours précédents, ce que l’officinal ne devra pas manquer de rappeler ! « Les équipes peuvent travailler sur les oublis en réalisant un petit schéma », suggère Françoise Tourmen.

Prendre plus d’hormones dans l’année fait-il augmenter le risque thrombo-embolique et oncologique ?

« C’est un contraceptif minidosé dont la dose totale annuelle administrée est d’environ 15 % supérieure à celle d’une triphasique (type Trinordiol, NDLR) et inférieure à celle d’une pilule de deuxième génération dosée à 50 microgrammes, rassure Bertrand Gelas. Cette contraception est utilisée aux États-Unis par plus de 350 000 femmes depuis dix ans ». Néanmoins, une étude de post-commercialisation avec surveillance du risque thrombo-embolique est prévue.

NOS EXPERTS INTERROGÉS

→ Dr Françoise Tourmen, médecin, formatrice, spécialiste de l’interprofessionnel en contraception.

→ Dr Bertrand Gelas, médecin du laboratoire Teva, division Santé de la femme.

Repères

→ 2003 : apparition aux États-Unis de la première contraception œstroprogestative orale à cycle prolongé (Seasonale, même composition que Seasonique mais les sept derniers comprimés sont des placebos).

→ 2006 : mise sur le marché aux États-Unis de Seasonique.

→ 2007 : mise sur le marché aux États-Unis de Lybrel, contraception orale œstroprogestative à cycle continu de 365 jours (un épisode annuel de saignements).

→ 12 octobre 2015 : commercialisation de Seasonique en France par Teva.

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