Un vaccin grippal plus efficace cette année  - Porphyre n° 517 du 31/10/2015 - Revues
 
Porphyre n° 517 du 31/10/2015
 

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Auteur(s) : Anne-Gaëlle Harlaut

Au mois de septembre, les autorités américaines ont fait savoir, via les Centres fédéraux de contrôle et de prévention des maladies, que le vaccin contre la grippe de la saison 2015-2016 serait beaucoup plus efficace. Et de nouvelles spécialités arrivent.

Quelles sont les particularités des virus grippaux ?

Les virus grippaux, ou influenza, sont caractérisés par une mutation permanente sur le plan génétique et antigénique, ce qui se traduit par la détermination de types viraux, dont A et B sont actuellement les souches pathogènes chez l’homme. La diversité des virus de type A est la plus marquée, avec l’identification de sous-types définis par les caractéristiques antigéniques des protéines de surface que sont l’hémagglutinine et la neuraminidase. Ainsi, seize types antigéniques d’hémagglutinine sont caractérisés (H1 à H16) et neuf neuraminidases (N1 à N9). Ce sont surtout les virus de type A (H1N1), A (H3N2) et B (lignées Yamagata et Victoria) qui sont responsables des épidémies saisonnières.

Comment est décidée la composition du vaccin grippal ?

Elle est fixée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) chaque année en février pour l’hémisphère Nord et en septembre pour l’hémisphère Sud. Les virus grippaux faisant l’objet d’une surveillance virologique internationale, les experts de l’OMS se basent sur les caractéristiques antigéniques des souches grippales ayant circulé récemment. Compte tenu du potentiel épidémique de ces souches et de leur impact sur la population, la composition vaccinale comprend chaque année un virus A (H1N1), A (H3N2) et un virus B.

Pourquoi le vaccin de la saison 2014-2015 a-t-il été moins efficace ?

Le vaccin 2014-2015 pour l’hémisphère Nord comprenait une souche A (H3N2), dont une variante antigénique a émergé rapidement, jusqu’à devenir dominante en septembre alors que les vaccins étaient en cours de commercialisation. Or ce virus circulant pour lequel le vaccin ne correspondait pas a été à l’origine de 45 % des cas de grippe en Europe et de 75 % aux États-Unis. Selon l’OMS, cette dérive antigénique (mutation du virus circulant) survenue après la fabrication du vaccin serait responsable d’une efficacité vaccinale faible, évaluée à 23 % contre 50 à 70 % habituellement, voire moins outre-Atlantique (18 %).

Pour quelle raison le vaccin grippal 2015-2016 serait-il meilleur ?

Sa composition a été modifiée et comprend notamment la souche A (H3N2) qui a émergé l’an passé. D’après les réseaux sentinelles américains, les premiers cas observés cette année sont dus à des souches virales incluses dans le vaccin. Pour une couverture plus large, l’OMS propose d’ajouter une seconde souche de virus B Victoria dans de nouveaux vaccins grippaux tétravalents : le vaccin vivant atténué intranasal Fluenz Tetra (sur prescription médicale uniquement pour les 2 à 18 ans) et le vaccin injectable Fluarix Tetra. À ce jour, le Haut conseil de la santé publique ne recommande pas préférentiellement un trivalent ou un tétravalent. Les données en France montrent que les souches de type B sont très rarement dominantes et moins impliquées que les virus A dans les formes graves. Le vaccin vivant atténué est préconisé en priorité chez les enfants.

Que dire aux patients échaudés ?

Ce qui s’est passé l’an dernier ne devrait pas se reproduire car les premiers virus grippaux isolés correspondent à la composition du nouveau vaccin. L’échec relatif d’un vaccin qui n’était pas bien adapté ne remet pas en cause l’intérêt de la vaccination, comme le souligne le Dr Élisabeth Nicand : « Un excès de 18 300 décès toutes causes confondues, dont 90 % chez les plus de 65 ans, a été observé l’an passé en période hivernale et, même si c’est difficile à matérialiser, une part non négligeable est due à la grippe. Par ailleurs, 2 500 décès liés à la grippe ont été authentifiés par certificat médical contre 300 à 350 l’année précédente : parmi eux, 50 % n’étaient pas vaccinés et, pour 30 %, le statut vaccinal était inconnu ».

NOS EXPERTS INTERROGÉS

→ Dr Élisabeth Nicand, biologiste, médecin du Centre de vaccinations internationales, membre du Comité technique des vaccinations, membre du comité de rédaction du portail de la vaccination www.mesvaccins.net

Repères

Bilan de la saison 2014-2015

→ 9 semaines d’épidémie.

→ 2,9 millions de consultations pour syndrome grippal.

→ 3 133 hospitalisations, 1 558 cas graves en réanimation.

→  53 % de personnes à risque non vaccinées contre la grippe.

Source : Grippe, bilan de la saison 2014-2015, bulletin de l’Institut de veille sanitaire du 22 mai 2015.

Composition du vaccin grippal 2015-2016

Trivalents : une souche virale de type A (H1N1) de type « California » responsable de la pandémie en 2009 + une souche de type A (H3N2) type « Switzerland » qui correspond à la souche mutée lors de la saison dernière + une souche virale de type B lignée Yamagata (B/Phuket/3073/2013).

Tétravalents : les mêmes que les trivalents + une souche virale de type B lignée Victoria (souche B/Brisbane/60/2008).

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