Une femme en assistance médicale à la procréation - Porphyre n° 515 du 04/09/2015 - Revues
 
Porphyre n° 515 du 04/09/2015
 

SAVOIR

L’ordo

Auteur(s) : Anne-Gaëlle Harlaut

Madame D., 35 ans, est suivie depuis deux ans pour assistance médicale à la procréation (AMP). Après l’échec de quatre protocoles d’insémination intra-utérine avec sperme du conjoint (IAC), elle se prépare pour une fécondation in vitro avec un protocole court.

Prescription

Dr G. Gynécologue CHU, unité d’assistance médicale à la procréation

Mme Marianne D., 35 ans, 62 kg, 1,70 m

• Elonva 150 µg

1 injection à J3.

• Orgalutran 0,25 mg/0,5 ml

1 injection par jour de J8 à J13.

• Puregon 300 UI/ 0,36 ml cartouches (+ Puregon Pen)

1 injection par jour de J10 à J13.

• Ovitrelle 250 µg solution injectable, stylo prérempli

1 unité.

• Utrogestan 200 mg

1 matin et soir par voie vaginale à partir du jour d’injection d’Ovitrelle.

Ce que je dois savoir

Législation

Cette ordonnance respecte la législation, la prescription initiale de ces produits est réservée à certains spécialistes, dont les gynécologues.

Condiv

C’est quoi ?

• Cette ordonnance est un protocole de fécondation in vitro dans le cadre d’une infertilité.

• Elle vise à stimuler l’ovulation afin d’obtenir plusieurs follicules ovariens plutôt qu’un seul lors d’une ovulation naturelle. Ils seront ponctionnés et les ovocytes, mis en fécondation avec des spermatozoïdes in vitro. Puis, un ou deux embryons seront transférés dans l’utérus.

• Un protocole est dit « court » car il commence au début du cycle, et « antagoniste » car il utilise un antagoniste de l’hormone naturelle de libération des gonadotrophines (GnRH).

Objectifs

Ce sont la stimulation ovarienne pour faire croître plusieurs follicules (Elonva, Puregon), la mise au repos de l’hypophyse pour bloquer l’ovulation naturelle (Orgalutran), puis le déclenchement de l’ovulation (Ovitrelle) lorsque les follicules sont à maturité. La progestérone (Utrogestan) supplée le déficit de l’hormone naturelle et favorise l’implantation de l’embryon.

Médicaments

Corifollitropine alfa (Elonva)

Hormone gonadotrophine à longue durée d’action de profil identique à l’hormone folliculo-stimulante FSH qui stimule la croissance des follicules ovariens. Elle est administrée dès les premiers jours du cycle et sa durée d’action prolongée évite les injections quotidiennes d’une FSH recombinante durant sept jours.

Ganirelix (Orgalutran)

Décapeptide synthétique doté d’une activité antagoniste de la GnRH qui bloque l’hypophyse, et donc l’ovulation naturelle. Il est administré en cours de stimulation ovarienne.

Follitropine bêta (Puregon)

Hormone folliculo-stimulante (FSH) recombinante utilisée en relais d’Elonva jusqu’à obtention de follicules matures.

Choriogonadotropine alfa (Ovitrelle)

Cette hormone choriogonadotropine (hCG) alfa recombinante est employée comme substitut de l’hormone lutéinisante LH bloquée dans le cas d’une FIV, pour déclencher la maturation finale des follicules, leur rupture (ovulation) et la lutéinisation (formation de corps jaunes et production de progestérone et oestradiol nécessaires à l’implantation de l’embryon).

Progestérone (Utrogestan)

Progestérone micronisée utilisée ici comme supplémentation de la phase lutéale qui commence après l’ovulation. La stimulation ovarienne lors des cycles de FIV entrave la qualité de production de progestérone utile à l’implantation de l’embryon par les multiples corps jaunes (reste de l’ovocyte après ovulation).

Repérer les difficultés

Compréhension du traitement

En consultation, la patiente n’assimile pas toujours tout, redonnez l’objectif de chaque produit.

Administration

Si les injections sont faites par la patiente ou son conjoint, les modalités sont à rappeler pour chaque produit, si possible en le manipulant. Le schéma posologique doit être réexpliqué, voire clarifié par la remise d’un tableau.

Suivi

Rappeler l’importance du suivi ou « monitoring » par échographie et dosages des taux hormonaux. Il permet de suivre la maturation des follicules, d’éviter une hyperstimulation ovarienne, d’adapter le calendrier et/ou le dosage des produits et de prévoir précisément le déclenchement de l’ovulation.

Ce que je dis à la patiente

J’ouvre le dialogue

« Je crois que ce protocole est nouveau pour vous ? » La patiente confirme qu’elle entre dans une démarche de FIV classique après échec des inséminations antérieures. « Le médecin vous a-t-il expliqué son déroulement et l’objectif des traitements ? Qu’en avez-vous retenu ? Pensez-vous faire les injections vous-même ? » Madame D. souhaite de nouvelles explications et effectuer les injections avec son conjoint.

J’explique le traitement

Mécanisme d’action

• Elonva puis Puregon permettent d’obtenir plusieurs follicules afin d’augmenter les chances d’avoir des embryons. Orgalutran bloque l’ovulation naturelle qui pourrait gêner ce processus (une patiente en AMP connaît ces termes).

• Quand les follicules sont matures d’après les examens de suivi, Ovitrelle déclenche l’ovulation ; ils sont ponctionnés pour la fécondation.

• Utrogestan prépare alors l’organisme à recevoir le ou les embryons éventuellement obtenus.

Horaires d’administration

• Elonva : 1 injection au troisième jour du cycle. Après avoir vissé l’aguille sur la seringue préremplie, injecter en sous-cutanée, avec un angle de 90° dans un pli cutané (pincé entre pouce et index), dans l’abdomen, de préférence sous le nombril. Un système de sécurité rétracte automatiquement l’aiguille après administration.

• Orgalutran : 1 injection par jour à heure fixe de J8 à J13. Attention, ce schéma peut varier selon les résultats du monitoring. L’injection lente, grâce à la seringue préremplie à usage unique munie d’une aiguille, se fait en sous-cutanée, de préférence dans la cuisse, en formant un pli et avec un angle de la seringue à 45 à 90°.

• Puregon : 1 injection sous-cutanée dans un pli du ventre à 90° de 300 UI par jour de J10 à J13, à la même heure qu’Orgalutran mais en des points différents, cette posologie pouvant être ajustée au cours du traitement. L’injection se fait grâce au stylo Puregon Pen, dans lequel sont insérées les cartouches de produit et une aiguille jetable. La dose à administrer peut être sélectionnée par paliers de 25 UI.

• Ovitrelle : 1 injection unique du stylo prérempli, en sous-cutanée (ventre, haut de la cuisse) dans un pli cutané, avec un angle de 45 à 90°. La date et l’horaire précis d’injection seront déterminés selon le monitoring ovarien, de façon à effectuer la ponction des ovocytes précisément 36 heures plus tard.

• Utrogestan : 1 capsule matin et soir dans le vagin à partir du jour d’injection d’Ovitrelle.

Effets indésirables

• Elonva : douleurs pelviennes, céphalées, nausées, fatigue, sensibilité des seins, risque de syndrome d’hyperstimulation ovarienne (SHSO).

• Orgalutran : rougeur, gonflement au point d’injection disparaissant en quelques heures.

• Puregon : réactions transitoires au site d’injection, céphalées, douleurs abdominales, risque de SHSO.

• Ovitrelle : céphalées, vomissements, nausées, douleurs abdominales, fatigue, réaction au point d’injection, risque de SHSO.

• Utrogestan : aucun par voie vaginale.

J’accompagne

Surveillance

• Rappeler l’importance du monitoring.

• Prévenir la pharmacie en avance pour une éventuelle commande de produits.

• Contacter rapidement le centre d’AMP en cas d’erreur ou d’oubli dans les injections.

Conservation

Conserver Elonva, Puregon et Ovitrelle dans leur emballage extérieur à 2-8 °C ou à moins de 25 °C durant 28 jours maximum. Puregon se garde 28 jours maximum une fois la cartouche percée. Stocker Orgalutran dans son emballage extérieur à l’abri de la lumière. Tous les ramener à température ambiante avant injection.

Hygiène de vie

• Bien se laver les mains et désinfecter la zone d’injection avant et en changer à chaque fois.

• Aucune limitation d’activité n’est requise, mais essayer de se reposer sans « trop » stresser.

Vente associée

Proposez un désinfectant ou un gel antiseptique si la patiente ne peut se laver les mains.

La patiente me demande

« Dois-je arrêter Orgalutranla veille ou le jour même de l’Ovitrelle ? »

Le délai entre la dernière injection d’Orgalutran et celle de déclenchement de l’ovulation (Ovitrelle) ne doit pas dépasser trente heures, au risque qu’une ovulation prématurée se produise et remette en cause le protocole. Si vous injectez Orgalutran dans la matinée, il faudra donc également l’injecter le matin de l’injection d’Ovitrelle. Si c’est le soir, la dernière injection aura lieu la veille d’Ovitrelle.

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