“Je voudrais un pansement pour une coupure” - Porphyre n° 515 du 04/09/2015 - Revues
 
Porphyre n° 515 du 04/09/2015
 

EXERCER

Au comptoir

Auteur(s) : Nathalie Belin

1 Je questionne

Précisez la demande

« Est-ce pour vous ? », « Pouvez-vous me montrer la blessure/coupure ? » et « Comment et quand est-ce arrivé ? » précisent l’étendue de la plaie et l’étiologie.

Recherchez certains critères

« Êtes-vous suivi pour une pathologie particulière ? » ou « Prenez-vous des traitements spécifiques, corticoïdes, anticoagulant… ? » détermine l’intérêt d’une consultation médicale.

Orientez le conseil

« Avez-vous nettoyé la blessure et y avez-vous appliqué un antiseptique ou autre dessus ? » oriente vers un type de produit et les conseils de la prise en charge.

2 J’évalue

Les petites blessures du quotidien ne sont pas à négliger car la principale complication d’une effraction cutanée est le risque infectieux principalement lié à la flore de notre environnement, potentiellement pathogène. Par ailleurs, si la réparation tissulaire ne se fait pas correctement, elle peut générer une cicatrice inesthétique. Après nettoyage et éventuellement désinfection de la blessure, le pansement la protège des salissures et chocs éventuels, voire optimise le processus de cicatrisation. Seules les plaies superficielles, c’est-à-dire peu profondes et sans facteurs de gravité, peuvent être prises en charge à l’officine. Un avis médical est impératif en cas de : plaie profonde, étendue, saignant abondamment ou fortement souillée, œdème ou douleurs importantes ou fièvre, plaie induite par une morsure d’animal. Idem en cas de terrain « fragile » : patients immunodéprimés, diabétiques ou sous anticoagulant. Il est également indispensable de vérifier la vaccination antitétanique.

3 Je passe en revue

Pansements « secs »

Ils jouent uniquement un rôle protecteur. Le processus de cicatrisation conduit à la formation d’une croûte, qui tombe une fois les tissus régénérés.

• Classiques : ils sont composés d’une compresse de gaze sur un support adhésif.

→ Bandes à découper : économiques, taille adaptable à la plaie. Inconvénient : deux bords non adhérents, diminuant le côté protecteur. Pour les blessures superficielles avec peu de risque de salissures.

→ Prédécoupés : adhésifs sur les quatre côtés. Pratiques, ils offrent un large choix de références : extensibles pour ne pas gêner les mouvements au niveau d’une articulation ; transparents pour la discrétion ; résistants ou épais pour protéger des chocs ; spécial « peaux sensibles » limitant les risques d’irritations cutanées et se décollant facilement ; spécifiques doigts tels Elastoplast Pansements doigts, Dermaplast Elastic Doigts, etc. ; résistants avec bonne tenue à la transpiration ; pansements décorés pour enfant ; waterproof lors d’un passage rapide sous l’eau, mais se décollent généralement en cas d’immersion. À noter : certains sont imprégnés de chlorure de benzalkonium, antiseptique visant à réduire la contamination microbienne, ou renferment des ions argent aux propriétés bactériennes et antifongiques qui limiteraient le risque infectieux. Toutefois, aucune étude ne le confirme.

• En spray : à base de dérivés cellulosiques et d’alcool, les pansements liquides en spray Ercefilm Pansement Spray, Nexcare Protecor Spray, Urgo Pansement Spray sont réservés aux blessures superficielles. Ils forment un film invisible qui, une fois sec, ne gêne pas le mouvement et protège la zone lésée. Ils sont intéressants dans les zones difficiles d’accès (doigts, articulations…). Inconvénients : picotements à l’application (à éviter chez l’enfant !), assez onéreux et nécessitent de renouveler les applications car le film se résorbe après quelques heures. Contre-indiqués sur une plaie relativement profonde ou susceptible de s’infecter et chez les moins de 3 ans.

Sutures cutanées

Leukosan Strip, Steri-Strips, Urgostrips… optimisent la cicatrisation en permettant de rapprocher les berges de la plaie. Les sutures sont réservées aux petites plaies franches peu profondes et saignant peu. Elles se posent sur une plaie nettoyée, bien sèche, soit perpendiculairement aux berges, soit en croisillon pour limiter les tensions sur les berges. Les recouvrir d’un pansement sec protecteur, qui, lui, est à changer régulièrement. À noter : elles s’utilisent aussi en plus des points de suture pour les « renforcer ».

Pansements dits actifs ou modernes

Ils sont destinés à favoriser la cicatrisation naturelle. La cicatrisation serait deux fois plus rapide en milieu humide que « sec ».

• Pansements hémostatiques. L’alginate de calcium a des propriétés hémostatiques. L’échange des ions Ca2+ des alginates contre les ions Na+ du sang et de l’exsudat entraîne la formation d’alginate de sodium gélifié non adhérent. La libération des ions Ca2+ favorise l’activation plaquettaire et la formation de fibrine. La gamme Coalgan (ex-Stop Hémo) existe en poudre (cuir chevelu ou zone difficile), compresse (nez, bouche, arcade sourcilière) ou pansements prêts à l’emploi. La cellulose oxydée de Nexcare Blood- Stop gonfle une fois saturée de sang, ce qui contribue à la formation d’un caillot en surface qui stoppe le saignement, mais sans le pouvoir hémostatique d’un alginate. Précautions alginate : pas d’antiseptique alcalin ou de chlorhexidine. Au retrait du pansement, si des fibres d’alginates persistent sur la blessure, ne rien faire, elles se résorberont toutes seules.

• Pansements hydrocolloïdes et polyuréthane. Les pansements hydrocolloïdes tel Urgo Cicatrisation rapide sont à base de carboxyméthylcellulose, qui se gélifie au contact des exsudats de la plaie. Les pansements imprégnés de polyuréthane, tel Elastoplast Cicatrisation rapide, forment un film étanche à l’eau et aux bactéries. Avantages : cicatrisation sans croûte susceptible d’être arrachée et de conduire à une cicatrice inesthétique ; très bonne adhérence cutanée, y compris à l’eau. Inconvénients : coût plus élevé qu’un pansement sec ; la plaie ne doit plus saigner avant application car ils ne sont pas assez « absorbants », ni présenter de signes d’infection (rouge, douloureuse, gonflée).

4 Je choisis

Selon la symptomatologie

• Blessure superficielle sans risque de cicatrice inesthétique : pansement « sec ».

• Blessure pouvant conduire à une cicatrice inesthétique, notamment si elle est sur une zone bien visible (bras, jambe…) : pansement actif.

• Coupure nette et franche : sutures.

• Pour stopper des saignements, un hémostatique, y compris chez les patients diabétiques ou sous anticoagulant.

Selon la localisation

• Doigts : pansements spécifiques.

• Zones difficilement accessibles : spray (à partir de 3?ans) si blessure peu profonde.

• Articulations : multi-extensibles ou actifs.

En fonction du patient

• Activité aquatique : pansement actif car tiendra mieux qu’un sec « waterproof ».

• Peaux sensibles ou réactives, patients diabétiques : un spécial peaux sensibles.

• « Fragiles » : pansement sec en attendant si besoin un avis médical.

5 J’explique

Face à toute coupure ou blessure, le premier réflexe est de nettoyer à l’eau et au savon pour éliminer mécaniquement les souillures (terre…) et le maximum de germes. Désinfecter ensuite si elle a été souillée avec de la terre, un objet rouillé… Contrairement à une idée reçue, la blessure ne guérira pas plus vite « à l’air libre ». Le pansement protège la plaie. Il se change régulièrement (voir ci-dessous) Rougeur, œdème ou douleur doivent conduire à un avis médical.

6 Je conseille

Réfection du pansement

→ Un pansement sec se change au moins une fois par jour pour que la plaie reste bien propre. S’il demeure collé, le mouiller au sérum physiologique ou avec un peu d’eau et le retirer délicatement pour ne pas arracher les tissus.

→ Les pansements actifs nécessitent une plaie bien nettoyée avant application car ils peuvent être laissés en place deux ou trois jours. Ceux avec carboxyméthylcellulose se détachent seuls une fois saturés.

→ Si la plaie est restée propre (pansement non souillé), inutile de la désinfecter à chaque changement de pansement car cela compromet la cicatrisation.

Bons gestes

→ Ne pas arracher la croûte qui peut éventuellement se former sous pansement sec. Dans ce cas, l’application de vaseline permet de l’éliminer sans risque de l’arracher, ce qui peut conduire à la formation d’une cicatrice inesthétique.

→ Une cicatrice peut évoluer durant douze à dix-huit mois. La protéger du soleil tant qu’elle est inflammatoire (rouge).

Le condiv

→ Les plaies correspondent à une effraction de la barrière cutanée. Elles se doublent d’un saignement plus ou moins important lorsque le derme, richement vascularisé, est atteint. L’effraction est plus ou moins importante, à bords nets (coupure, entaille par un objet tranchant…) ou avec abrasion cutanée (égratignures, écorchures…).

→ Toute plaie cicatrise en trois grandes phases, généralement en une semaine environ pour des plaies superficielles :

→ une phase de détersion, au cours de laquelle les globules blancs éliminent les débris et les tissus nécrosés, tandis que les fibroblastes, qui vont permettre la reconstruction des tissus, prolifèrent ;

→ une phase de bourgeonnement (la plaie est rouge), qui correspond à la formation de nouveaux vaisseaux et d’un nouveau tissu ;

→ une phase d’épithélialisation, durant laquelle les cellules épithéliales migrent à partir des berges de la plaie pour constituer une nouvelle couche épidermique qui recouvre la blessure.

Pourrez-vous respecter la minute de silence en mémoire de votre consœur de Guyane le samedi 20 avril ?


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