Le dépistage se fait chez le médecin - Porphyre n° 513 du 03/06/2015 - Revues
 
Porphyre n° 513 du 03/06/2015
 
CANCER COLORECTAL

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Actus

Auteur(s) : Thierry Pennable

Depuis 2009, le cancer colorectal fait l’objet d’un programme de dépistage. 2015 est marquée par l’arrivée d’un test immunologique plus simple et plus performant, disponible depuis avril chez les généralistes. Les pharmaciens, eux, ne sont toujours pas impliqués…

« Les pharmaciens sont exclus du dépistage du cancer colorectal, s’insurge Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). C’est une erreur de se passer des compétences d’un réseau pharmaceutique et de laisser 70 % des personnes concernées échapper au test ». Sachant que le taux de participation de 29,8 % observé entre le 1er janvier 2013 et le 31 décembre 2014 reste bien en deçà de l’objectif européen minimal acceptable de 45 % de participation, et surtout du taux souhaitable de 65 %(1). « Une expérimentation menée dans le Finistère montre d’ailleurs que la participation des officines peut améliorer la réussite de ce programme ». Effectivement, cette expérimentation(2), qui impliquait les pharmaciens dans la distribution de l’ancien test Hémocult II par dérogation obtenue auprès de l’Institut national du cancer (Inca), a conclu que « l’implication précoce des pharmaciens dans la campagne doit permettre d’améliorer la participation ».

Un risque de « faux négatifs »

Même si le nouveau test OC Sensor des laboratoires Eiken Chemical possède une plus grande sensibilité que le précédent (70 à 75 % contre 40 à 45 %), il reste néanmoins 25 à 30 % de risque de passer à côté d’un cancer débutant. Ce qui justifie la visite chez le médecin, qui devra repérer les personnes à risque élevé de développer un cancer colorectal. Si c’est le cas, le patient sera directement orienté vers une coloscopie et non vers un test qui pourrait donner des résultats faussement négatifs et lui faire perdre un temps précieux pour sa prise en charge (voir Les mots pour…p. 54). C’est pourquoi « la proposition du test doit être faite dans le cabinet du médecin généraliste », soutient le docteur Jacques Battistoni, secrétaire général de la Fédération française des médecins généralistes (MG France). « Expliquer la technique du test ne prend pas beaucoup de temps. Ce qui est plus compliqué, c’est de motiver les personnes concernées et de les interroger pour déceler celles qui doivent être orientées vers une coloscopie, précise le praticien. Et tous les troubles digestifs ne présentent pas un niveau de risque élevé de cancer colorectal, s’ils concernent l’estomac par exemple ». Ce qui n’empêche pas Philippe Gaertner, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), d’avancer un autre argument : « Les officinaux voient des personnes concernées par le dépistage qui ne consultent pas leur médecin régulièrement et peuvent ne pas faire le test ». Et d’avancer : « Si la simplicité du nouveau test ne permet pas d’améliorer le taux de participation, il faudra peut-être choisir entre un dépistage très exigeant et un dépistage le plus large possible. Et s’interroger sur l’intérêt d’ouvrir la proposition de dépistage à d’autres professionnels de santé, la pharmacie restant alors un lieu privilégié ». À condition de disposer du test, mais « il n’est pas envisagé d’être distribué en pharmacie à ce jour », répond Mast Diagnostic qui commercialise OC Sensor.

(1) Taux de participation au programme de dépistage organisé du cancer colorectal 2013-2014, Institut de veille sanitaire, février 2015.

(2) L’efficacité du dépistage organisé du cancer colorectal dépend-elle du mode de distribution du test Hémoccult II, étude menée par le CHU de Brest et l’Adec 29 (Association pour le dépistage des cancers de Brest).

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