Les coefficients s’imposent, les CFA composent - Porphyre n° 511 du 28/03/2015 - Revues
 
Porphyre n° 511 du 28/03/2015
 

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Actus

Auteur(s) : Christine Julien

L’examen du brevet professionnel de préparateur en pharmacie a été modifié pour la session 2015 à la demande de la profession. Malgré ces changements qui perturbent les redoublants, le référentiel reste identique. Pour s’adapter, les CFA vont pondérer, si ce n’est déjà fait, les horaires des enseignements.

C’est fait. Le règlement de l’examen du brevet professionnel de préparateur en pharmacie a été modifié (Journal officiel du 27 février 2015). Tous les changements annoncés dans notre dernier numéro sont effectifs pour les élèves qui présenteront les écrits en mai et la pratique en juin, redoublants compris. Ainsi, les coefficients des travaux pratiques (TP), des reconnaissances et de la galénique diminuent, tandis que ceux du commentaire technique écrit (CTE) et de l’anatomie-pathologie-pharmacologie augmentent (voir encadré ci-dessous). Ces modifications en cours d’année ne devraient pas perturber les révisions. En revanche, elles posent des questions d’ordre pratique pour les redoublants et pour les centres de formation des apprentis (CFA). Et d’autres d’ordre « historique » pour comprendre la genèse de ce changement qui laisse le référentiel intact.

Une note éliminatoire mal digérée

La suppression de la note éliminatoire à l’épreuve professionnelle en 2013 (voir encadré page 7) a été la goutte d’eau qui a fait déborder l’humeur de la branche officine. Autrement dit, la Commission paritaire nationale de l’emploi et de la formation professionnelle de la pharmacie d’officine (CPNE-FP), qui regroupe syndicats de titulaires et de salariés. Suite à cette suppression, le taux de réussite à l’examen est passé de 66 % en 2012 à 80,5 % en 2013(1). Nombre d’élèves ont eu le BP en grande partie grâce aux épreuves pratiques, ce qui « ne garantit plus une évaluation de qualité des candidats » selon le ministère de l’Éducation nationale. Certains représentants syndicaux se sont dit ulcérés de constater que des « dangers publics pouvaient se retrouver derrière un comptoir parce qu’ils avaient le BP grâce aux recos et à trois préparations, tout en se fichant de la pharmacologie ». Car, comme le souligne Philippe Denry, titulaire et représentant de la CPNE-FP pour le syndicat FSPF, « la principale activité d’un préparateur est la dispensation d’ordonnances ».

L’Éducation nationale donne son aval

En décembre 2013, la CPNE-FP a sollicité une modification du règlement d’examen afin d’améliorer l’exigence de la certification. Comme le BP est un diplôme professionnel géré par l’Éducation nationale, la 20e Commission professionnelle consultative de l’Éducation nationale en charge des diplômes santé a dû donner son aval. Ce qu’elle a fait rapidement. « Je me réjouis que le ministère ait convoqué un groupe de travail avec les professionnels et ait donné une suite favorable à la demande unanime de la profession », souligne Olivier Clarhaut, préparateur représentant des salariés Force ouvrière et président de la CPNE-FP.

Les redoublants sont à la même sauce

Malheureusement, les modifications concernent aussi les redoublants, dont certains vont devoir repasser des matières qui, par le jeu du nouveau règlement, sont invalidées. C’est le cas de Margaux du CFA de Bordeaux (33). En 2014, elle avait validé l’E3 malgré l’absence de moyenne en CTE, mais ses mauvaises notes en « anat-patho-pharmaco » vont l’obliger à repasser le CTE (voir « Cas pratique » dans Porphyre N° 510). « De manière générale, toute modification de règlement d’examen s’applique à tous les candidats d’une même session. Les redoublants ne sont jamais ‘‘traités à part’’ », précise une inspectrice de l’Éducation nationale.

Le référentiel ne bouge pas d’un poil

Même si certains CFA ont dû gérer des redoublants à la limite de la dépression, « les élèves ne comprenant pas comment on pouvait changer les règles du jeu en cours d’année, relate Fabienne Bouvier, directrice du CFA de Marseille (13). Ils étaient plutôt favorables à cette réforme, comme nous ». Il est clair que pour tous les centres de formation, cette modification est une bonne chose. « Je signe des deux mains cette réforme à laquelle je suis tout à fait favorable », s’exclame Sylvie Sanguinède, responsable de filière et enseignante à Sud formation CFA de Nîmes (30). Tous les centres interrogés déplorent en revanche que le référentiel n’ait pas changé d’un iota. La modification de l’examen « est un emplâtre sur une jambe de bois », regrette une directrice qui souhaite garder l’anonymat. C’est reculer pour mieux sauter. Pourquoi ne pas changer le référentiel qui est obsolète ? Quel intérêt d’apprendre toutes les dessications en galénique ou la chimie ? Revoir le référentiel « aurait demandé deux années a minima, même en gardant un BP comme c’est le cas pour toutes les modifications ou refontes de référentiels », explique l’inspectrice de l’Éducation nationale. Et la branche voulait un changement rapidement. Certains de ses membres avancent que cela aurait nui aux négociations sur un nouveau diplôme. Pourquoi chercher un remplaçant au BP si un référentiel tout neuf et mieux adapté convenait à tous ?

Les CFA adaptent les cours

Le référentiel ne bougeant pas, les CFA vont devoir dès la rentrée prochaine adapter leurs horaires pour mieux « coller » à l’examen. La CPNE-FP leur a d’ores et déjà envoyé des préconisations. Parmi elles, diminuer les cours de TP aux alentours de 100 heures et la galénique à 50 heures. « Ce ne sont que des propositions. Aux CFA de s’adapter », précise Philippe Denry. Les CFA ne font que ça, s’adapter. Certains n’ont pas attendu le nouveau règlement pour diminuer « galé » et TP, à l’instar des CFA de Marseille et de Nîmes. « Je n’étais pas très éloignée de ce qui était préconisé, mais je regrette qu’il y ait toujours autant d’heures de TP. Je préférerais qu’il y ait davantage d’heures pour la pharmaco », pointe Sylvie Sanguinède, de Nîmes. Tout est bon pour rogner sur les heures d’homéo-phyto et de pharmacognosie au profit de la pharmacologie et du CTE. Mais les 800 heures des cours sur deux ans ne sont pas extensibles. « Nous devons faire tout le programme. Aussi, nous fournissons des polycopiés dans certaines matières pour ne pas perdre trop de temps à écrire des définitions par exemple », explique Fabienne Bouvier, de Marseille. Tous les CFA grapillent déjà ici et là des heures pour enseigner en plus la communication et le conseil. Parce que les réalités du métier sont bien loin de ce vieux référentiel de 1997.

(1) Journées nationales de février 2015 de l’Association nationale pour la formation professionnelle de la pharmacie (ANFPP), qui regroupe les CFA.

Ce qui change pour la session 2015

Les grandes modifications de l’examen du BP dès 2015 concernent (voir Porphyre N° 510, mars 2015) :

> des coefficients. Travaux pratiques, galénique et « recos » perdent un point, tandis que commentaire technique écrit (CTE) et sciences en gagnent respectivement un et deux ;

> l’épreuve pratique E3 s’appelle désormais « Épreuve professionnelle » ;

> la sous-épreuve « Sciences appliquées » est rebaptisée « Sciences pharmaceutiques » et fait partie de l’épreuve E3.

Les modifications de l’examen depuis 1997

La création et les conditions de délivrance du brevet professionnel de préparateur en pharmacie remontent au 10 septembre 1997. Depuis, l’examen a été modifié à plusieurs reprises.

Septembre 1997 : une note inférieure à 10/20 à l’épreuve pratique (E3) ou un zéro en commentaire technique écrit (CTE) est éliminatoire.

Novembre 2003 : seule une noté inférieure à 10/20 à E3 est éliminatoire.

Juillet 2013 : la note éliminatoire à l’examen est supprimée.

Février 2015 : la dénomination et les coefficients de certaines épreuves sont modifiées.

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