“Je voudrais réguler mon transit” - Porphyre n° 511 du 28/03/2015 - Revues
 
Porphyre n° 511 du 28/03/2015
 

Exercer

Au comptoir

Auteur(s) : Nathalie Belin

1 Je questionne

Identifiez les symptômes

« Est-ce récent ? », « Est-ce pour vous ? », selon le cas « Êtes-vous enceinte ? ». « Avez-vous changé vos habitudes de vie dernièrement ? » (stress, régime, déplacements…).

Recherchez certains critères

« Êtes-vous sujet à des troubles du transit, constipation, diarrhées ? », « Avez-vous parfois remarqué la présence de sang dans vos selles ? », « Avez-vous maigri ces derniers temps ? » recherchent des signaux d’alarme pouvant faire évoquer un cancer colorectal.

« D’autres symptômes sont-ils associés à la constipation, tels que des douleurs abdominales importantes et/ou persistantes, des nausées ou des vomissements ? » peuvent évoquer une occlusion intestinale.

Délimitez le conseil

« Avez-vous déjà pris un traitement pour vous soulager ? ». « Prenez-vous des médicaments particuliers ? » ou « Votre traitement a-t-il été modifié récemment ? » permet, selon le cas, de recommander un avis médical (maladie inflammatoire chronique de l’intestin, instauration d’un nouveau traitement…) ou de restreindre le choix du laxatif.

2 J’évalue

Une constipation récente et occasionnelle liée à un changement d’habitude de vie peut être prise en charge à l’officine. Un avis médical s’impose dans les autres situations : constipation évoluant depuis plusieurs semaines, signes d’alerte, iatrogénie…

3 Je passe en revue

Laxatifs doux

Ces produits sont recommandés en première intention.

• Laxatifs de lest : psyllium, sterculia, ispaghul, graines de lin, son de blé, gomme de guar… agissent en deux à trois jours par un mécanisme similaire à celui des fibres alimentaires ; ils augmentent le volume des selles et les hydratent sous réserve de boire beaucoup. Précautions : douleurs abdominales et ballonnements possibles, limités par une instauration progressive de la posologie. À savoir : les fibres prébiotiques (fructo-oligosaccharides) agissent sur ce même principe (Bioprotus 7000…).

• Laxatifs osmotiques : ils accroissent l’hydratation des selles par appel d’eau dans la lumière intestinale. Leur action débute de 24 à 48 heures après la première prise. Précautions : une posologie d’instauration progressive est préférable. Une dose excessive et/ou un usage prolongé peuvent entraîner une perte d’eau et d’électrolytes, dont le potassium, pouvant être à l’origine de troubles du rythme.

→ Les polyols (lactulose, sorbitol…) : ils peuvent faire l’objet d’une fermentation par la flore bactérienne colique, ce qui peut provoquer des douleurs abdominales, des ballonnements et des flatulences, notamment lors de posologies élevées.

→ Les macrogols ou PEG ont un effet laxatif un peu plus élevé que les polyols et ne font pas l’objet de fermentation.

Laxatifs lubrifiants

À base d’huile de paraffine, ils facilitent l’exonération des selles en les lubrifiant et en les ramollissant. Ils agissent généralement dans les 24 heures. Précautions : des doses trop importantes sont à l’origine d’un suintement anal désagréable. Ils peuvent aussi induire des fausses-routes avec un risque d’inhalation bronchique et de pneumopathie lipidique, en particulier chez les patients âgés et/ou allongés ou ayant des troubles de la déglutition. Au long cours, ils exposent à une réduction de l’absorption des vitamines solubles A, D, E et K.

Laxatifs stimulants

• Il s’agit des laxatifs « irritants » : molécules de synthèse (bisacodyl, picosulfate de sodium…) ou plantes à dérivés anthracéniques (bourdaine, séné…) qui agissent en augmentant la sécrétion d’eau et d’électrolytes dans l’intestin et en stimulant directement la muqueuse, ce qui favorise les contractions permettant l’évacuation des selles. Ils agissent en cinq à dix heures environ.

• Les laxatifs osmotiques salins, à base d’hydroxyde de magnésium, se comportent comme les laxatifs irritants.

Effets indésirables des « irritants » et des salins : parfois douleurs abdominales. Après leur prise, la majeure partie du contenu colique étant évacuée, il peut s’ensuivre l’absence de selles le ou les jours suivants. Pris au long cours, ils exposent à une dépendance, avec la nécessité d’utiliser des doses croissantes, à des diarrhées avec déshydratation et perte d’électrolytes, dont une hypokaliémie à l’origine de troubles cardiaques. Précautions : ne pas conseiller aux patients sous diurétiques ni à ceux traités pour un trouble du rythme ou une insuffisance cardiaque ou prenant un médicament à risque de torsades de pointe (dompéridone, mizolastine, moxifloxacine…). Ils sont contre-indiqués chez les moins de 12 ans.

Laxatifs par voie rectale

Lavements (Microlax, Normacol…) et suppositoires (Éductyl, Dulcolax, Suppositoires à la glycérine…) favorisent le réflexe de défécation en stimulant la muqueuse rectale. Ils agissent dans un délai de quelques minutes à une heure. Précautions : en cas d’utilisation prolongée, ils sont irritants et peuvent entraver le réflexe normal d’exonération, notamment chez l’enfant. Ils sont déconseillés aux patients souffrant de poussées hémorroïdaires.

4 Je choisis

En première intention

Un laxatif doux dans tous les cas, éventuellement associé, pour une action rapide, à un laxatif par voie rectale ou à un laxatif stimulant en prise ponctuelle.

J’adapte au patient

• Chez l’enfant : en cas d’échec des mesures hygiéno-diététiques, un laxatif doux, notamment osmotique (mieux toléré chez l’enfant) peut être conseillé, occasionnellement un laxatif par voie rectale (suppositoires). Déconseiller dans tous les cas un laxatif stimulant.

• Chez les personnes âgées : un laxatif osmotique est à privilégier ou par voie rectale.

• Selon les pathologies associées (insuffisance cardiaque, troubles du rythme, prise de diurétiques…) : pas de laxatifs stimulants.

• Au cours de la grossesse : seuls les laxatifs de lest, les laxatifs osmotiques ou les laxatifs locaux sont utilisables.

• Tendance aux ballonnements ou aux douleurs abdominales (patients souffrant d’un syndrome de l’intestin irritable) : préférer les macrogols ou les laxatifs de lest à dose progressive.

Selon les préférences

• Confort de prise : la voie orale est plus agréable. Les laxatifs doux se présentent le plus souvent sous la forme de pâtes, gels ou solutions buvables. Si ces galéniques ne sont pas appréciées, opter pour une forme à saupoudrer (OptiFibre…) ou à croquer (Infibran, Laxéov, Ortis…).

• Rapidité d’action : un laxatif lubrifiant ou stimulant pour dépanner (voyage…) et sur une période très brève (une à deux prises peuvent suffire, voire une semaine maximum), ou un laxatif rectal.

5 J’explique

L’utilité du traitement

→ Un laxatif est indiqué en cas d’échec des mesures diététiques ou « en dépannage » (changement de ses habitudes alimentaires en déplacement, repas pris sur le pouce…), de façon ponctuelle et sur une période brève.

→ En automédication, il n’y a pas lieu de poursuivre le traitement plus d’une dizaine de jours, le temps que les mesures hygiéno-diététiques fassent effet.

Mon choix

→ Il vaut mieux un laxatif doux qui agit sur le contenu sans irriter la muqueuse intestinale.

→ Attention aux infusions et aux traitements à base de plantes qui contiennent souvent des laxatifs stimulants, agressifs pour la muqueuse intestinale.

6 Je conseille

Utilisation

→ De manière générale, augmenter progressivement les posologies en fonction de l’efficacité et boire suffisamment lors de la prise de laxatifs de lest.

→ Ne pas prendre les laxatifs lubrifiants juste avant de se coucher.

Mesures hygiéno-diététiques

• Elles sont à la base de la prise en charge de la constipation, notamment chez l’enfant : enrichir son alimentation en fibres (fruits, légumes verts, céréales complètes) et penser à bien s’hydrater tout au long de la journée (eau, infusion, jus de fruits, soupes…). Un grand verre d’eau le matin à jeun peut avoir une action bénéfique sur le transit.

• L’immobilisation favorise la constipation. Une activité physique régulière active le transit en douceur en stimulant les muscles abdominaux.

• Ne pas repousser le moment d’aller à la selle. Essayer de s’y présenter à horaire régulier chaque jour, en prenant son temps.

Le condiv

→ La constipation est un symptôme perçu comme une diminution de la fréquence des selles, plus ou moins associée à des difficultés d’exonération et/ou à des selles dures. Il n’y a pas vraiment de définition absolue. Toutefois, elle est définie habituellement par moins de trois selles par semaine. Elle devient chronique lorsque les troubles évoluent depuis au moins six mois. Outre un transit ralenti, des ballonnements, une sensation de lourdeur, voire des douleurs abdominales, peuvent être présents.

→ Causes : les erreurs diététiques (apports en fibres et hydratation insuffisants), les changements d’habitude de vie (stress, voyage, régimes qui perturbent les habitudes alimentaires), se retenir transitoirement, les modifications hormonales, notamment la progestérone qui influe sur le transit (grossesse, ménopause), certaines périodes du cycle menstruel, maladies neurologiques (Parkinson…), psychiatriques, endocriniennes (hypothyroïdie…), certains médicaments (opiacés, fer, anticholinergiques…).

→ Complication éventuelles locales : rectorragie, aggravation d’une maladie hémorroïdaire. Chez les personnes âgées ou alitées, un durcissement progressif des matières fécales peut être à l’origine d’un fécalome (accumulation de matières fécales dans le rectum, parfois le côlon, avec absence d’évacuation depuis plusieurs jours, et dont l’expulsion spontanée est impossible).

Vous sentez-vous régulièrement en insécurité dans vos officines ?


Décryptage

NOS FORMATIONS

1Healthformation propose un catalogue de formations en e-learning sur une quinzaine de thématiques liées à la pratique officinale. Certains modules permettent de valider l'obligation de DPC.

Les médicaments à délivrance particulière

Pour délivrer en toute sécurité

Le Pack

Moniteur Expert

Vous avez des questions ?
Des experts vous répondent !