Les bandes de compression/contention - Porphyre n° 510 du 25/02/2015 - Revues
 
Porphyre n° 510 du 25/02/2015
 

Savoir

Le matériel

Auteur(s) : Caroline Bouhala

Deux grands domaines d’indications. Qu’elles exercent une contention ou une compression, les bandes sont surtout utilisées dans les épisodes aigus des pathologies veineuses et articulaires. Surface, capacité d’étirement, dimensions et entretien sont à connaître pour bien délivrer.

Définition

Les bandes de compression, élastiques, ou de contention, inélastiques, sont de longues pièces de textile de consistance suffisante pour assurer une force de pression lors de l’application sur un membre. Ce sont des dispositifs médicaux principalement utilisés en phlébologie et en orthopédie/traumatologie/rhumatologie.

Classification

Selon le type de surface

• Bandes sèches : uniquement textiles (tricotées, tissées, non tissées), réutilisables. Exemples : Biflex, Comprilan…

• Bandes adhésives : auto-adhérentes et adhérentes à la peau, textiles enduits d’une substance collante, type colle acrylique. Exemples : Tensoplast, Urgostrapping…

• Bandes cohésives : auto-adhérentes mais non adhérentes à la peau. La cohésion est assurée par des microbilles de latex naturel ou des matériaux synthétiques (« latex free »). Exemples : Coheban, Lastopress…

À noter : il existe des bandes sèches ou adhésives enduites de pâte à l’oxyde de zinc, qui, à concentration ≥ à 12 %, ont une action anti-inflammatoire, apaisante et cicatrisante. Exemples : Varolast, Veinopress A3 et A4…

Selon l’allongement maximal

C’est le pourcentage d’étirement de la bande par rapport au repos, l’élasticité étant apportée par des fils de type élasthanne ou élastodiène.

• À allongement long : allongement maximal > 100 %.

• À allongement court ou moyen : allongement maximal entre 10 et 100 %.

• Inélastiques : allongement maximal < 10 % (bandes 100 % coton).

Selon le sens d’étirement (bandes élastiques)

• Bandes élastiques en un sens (longueur).

• Bandes élastiques en tous sens (longueur et largeur), dont l’impact médical n’est pas jugé supérieur mais plus faciles à poser.

Selon la force de compression

Elle correspond à la force nécessaire pour allonger à 30 % une bande élastique après trois cycles de fatigue (test usuel d’usure des textiles). Les bandes sont classées par force croissante allant de 1 à 4.

Mécanisme d’action

Principe

Bien que les deux termes soient souvent confondus, compression et contention sont deux mécanismes différents.

• La compression est la force exercée par un textile élastique qui agit à l’effort et au repos ; le membre est « comprimé ».

• La contention est la force exercée par un textile inélastique qui n’a une action que sur le muscle en mouvement. Le pic de pression exercé lors de la contraction musculaire est plus important qu’avec les bandes élastiques.

Addition des effets

Soit on utilise un seul type de bande (bandage « monotype »), soit les effets peuvent être additionnés dans les bandages multitypes (au moins deux types de bandes différentes).

Facteurs de variabilité

La pression exercée varie selon plusieurs critères donnés.

• Le rayon de courbure du membre : plus il est faible, plus la pression exercée est élevée. Un individu obèse nécessitera donc une compression plus importante pour un effet équivalent.

• La technique de pose : technique de recouvrement, tension exercée sur la bande.

Principales indications

Bandages « monotypes »

• En orthopédie/rhumatologie /traumatologie, pour résorber un œdème, soulager une douleur et/ou limiter un mouvement, en particulier en situation aiguë. Les bandes adhésives ou cohésives sont les plus employées (voir tableau ci-dessous).

• En phlébologie, pour améliorer le retour veineux, diminuer l’œdème et rétablir une bonne oxygénation des tissus nécessaire à la cicatrisation. Les bas de compression sont généralement préférés car plus simples d’utilisation et de pression non « opérateur-dépendante » (identique quel que soit celui qui les met). Ainsi, les bandes sont plutôt réservées à des situations particulières et/ou transitoires : œdème (volume du membre qui varie rapidement), dysmorphies, prise en charge hospitalière…

Bandages « multitypes »

• Dans le traitement de l’ulcère ouvert : kits Profore, Urgo K2, Coban 2.

Choix

• Type de bandes : le choix est conditionné par la pathologie rencontrée (voir tableau ci-dessous), l’expérience du praticien, l’acceptabilité du malade…

• Taille : de nombreuses tailles existent, de 2 à 20 cm en largeur et de 1 à 14 m en longueur non étirée. Côté largeur, en l’absence de précisions, une largeur de 10 cm convient dans la majorité des cas. Côté longueur, 5 mètres sont nécessaires pour un bandage jusqu’à la cuisse, 3 à 4 mètres jusqu’au genou.

Pose

La qualité de la pose conditionne l’efficacité du traitement et limite le risque de complications parfois graves (nécrose tissulaire…). Il est préférable qu’elle soit réalisée par un professionnel de santé formé.

• Les bandes à allongement court sont posées à étirement maximal de la bande.

• Les bandes à allongement long sont en général posées avec un étirement de 50 %. Elles sont appliquées en spirale ou en forme de « 8 », les deux techniques pouvant être jumelées, en débutant à la racine des orteils et en remontant jusqu’au jarret ou à la cuisse. Les bandes sèches se fixent à l’aide de crochets ou de sparadrap.

• Les étalonnées : certains fabricants proposent des bandes étalonnées avec repères afin d’assurer un étirement optimal et constant (Biflex +, Dupraflex…) et/ou un système d’étrier facilitant la pose (Biflex Pratic).

En pratique

Posologie

Les bandes de contention peuvent être maintenues la nuit. Celles de compression, qui compriment le membre en permanence, sont habituellement mises en place le matin au réveil et retirées la nuit. Les bandes multitypes peuvent être gardées jusqu’à sept jours (selon exsudat).

Entretien

• Les bandes sèches élastiques perdent leurs propriétés au fur et à mesure des lavages. Elles sont garanties pour au moins cinq lavages dans des conditions normales : à la main, sans assouplissant, séchage à plat. En revanche, les 100 % coton peuvent être passées à la machine à haute température.

• Les bandes cohésives sont « théoriquement » garanties pour un nombre limité de lavages, mais les microbilles de latex se dénaturent vite.

• Les bandes adhésives ne sont ni lavables, ni réutilisables.

Surveillance

Le port de bandes est un traitement en soi dont l’efficacité dépend de l’observance. L’apparition de douleurs, fourmillements, engourdissements impose une consultation rapide.

Législation

Prescription

Sur ordonnance séparée d’un médecin, d’un kinésithérapeute ou, uniquement pour les bandes inscrites comme sparadraps, d’une infirmière ou d’une sage-femme. Allongement, longueur, largeur, force, éventuellement marque, informations d’application et nombre d’unités sont à préciser. Il n’y a pas de quantité maximale prescrite. Substituer un nom de marque est interdit.

Inscription à la LPP

L’inscription des bandes à la liste des produits et prestations (LPP) est pour le moins confuse, certaines étant inscrites sous lignes génériques, d’autres en nom de marque, certaines dans le matériel de compression vasculaire, d’autres dans les sparadraps… Sans compter que la LPP parle de façon impropre de bandes de « contention » pour les bandes élastiques ! En bref, seules les bandes sèches à allongement court ou inextensibles ne sont pas remboursées.

• Bandes sèches élastiques à allongement long et cohésives : inscrites sous lignes génériques dans DM pour traitements, aides à la vie, aliments et pansements > Matériels de contention et de compression vasculaires > Bandes élastiques de contention, qui distingue en deux paragraphes les bandes « élastiques en un sens » et « élastiques en tous sens ».

• Trois kits de bandes multitypes : inscrits en nom de marque au paragraphe « Système compressif multicouche » : Profore, Urgo K2 et Coban 2. Elles sont prises en charge dans le traitement de l’ulcère d’origine veineuse ou à composante veineuse prédominante.

• Bandes adhésives : sous lignes génériques comme sparadraps élastiques dans les articles pour pansements.

Prise en charge à la LPPR

Le matériel est proposé à l’achat sans prix de vente réglementé ; un dépassement à faire payer au patient est possible.

Le tarif LPP varie selon les modèles et la taille, de 1,15 à 8,09 € pour les adhésives, de 1,15 à 28,25 € pour les élastiques sèches et cohésives et de 14,22 à 26,48 € pour les kits multitypes.

Remerciements au Dr Vin, médecin vasculaire à l’hôpital américain de Paris, directeur du DU de phlébologie de Paris VI.

Des produits associés

Des dispositifs de capitonnage ou de protection, type bandes en mousse (type ouate Cellona ou bande Komprex) ou coussinets (Komprex, Varico…), peuvent être associés aux bandages compressifs afin de protéger la peau et/ou d’optimiser la répartition de la pression. Ils sont inscrits à la LPP titre 1, section 2, sous-section 2.

Mémento de la délivrance

→ Produits réservés en général à des situations aiguës et transitoires.

→ Pas de limitation en nombre d’unités prescrites.

→ Pas de substitution si prescription en nom de marque, sauf autorisation du prescripteur.

→ Largeur et longueur choisies selon indication et surface à couvrir.

→ Prise en charge pour les bandes sèches à allongement long, les adhésives, les cohésives et les kits de bandes multitypes.

→ Pas de prix de vente maximal au public, donc dépassement possible.

→ Système d’étalonnage préférable pour une pression constante.

→ Insister sur l’intérêt médical et la nécessité d’une bonne observance.

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