Les chambres d’inhalation - Porphyre n° 509 du 28/01/2015 - Revues
 
Porphyre n° 509 du 28/01/2015
 

Savoir

Le point sur…

Auteur(s) : Anne-Gaëlle Harlaut

Pour faciliter l’observance. Optimiser et faciliter l’administration des médicaments inhalés est l’objectif d’une chambre à inhaler. Matériau, encombrement, accessoires et âge du patient sont des critères à connaître pour trouver celle qui améliorera le contrôle de la maladie respiratoire.

Définition

Les chambres d’inhalation sont des dispositifs médicaux qui permettent d’optimiser l’administration de médicaments inhalés par aérosol-doseur dans les affections respiratoires (asthme, BPCO, bronchiolite…).

Les aérosols-doseurs sont des sprays contenant un ou plusieurs médicaments en suspension dans un gaz propulseur : les bêta-2 stimulants de courte durée d’action (Ventoline), les corticoïdes inhalés et/ou bêta-2 stimulants de longue durée d’action (Alvesco, Atimos, Formoair, Bécotide, Beclospray, Flutiform, Formoair, Formodual, Innovair, Qvarspray, Seretide, Serevent), les anticholinergiques (Atrovent). À noter : Beclojet contient sa propre mini-chambre d’inhalation.

Description

Le corps de la chambre comprend un réservoir de volume variable en matière plastique (polycarbonate), métallique ou en silicone. Il est doté d’un côté d’un orifice où se loge l’aérosol-doseur et de l’autre d’un embout buccal, éventuellement complété par un masque facial. Une valve anti-retour uni- ou bidirectionnelle s’ouvre à l’inspiration et se ferme durant l’expiration.

Principe

La pression manuelle sur l’aérosol-doseur propulse une dose de médicament qui diffuse dans le réservoir. Le produit est inhalé par le patient alors qu’il respire amplement et tranquillement dans l’embout buccal ou le masque. En passant dans la chambre d’inhalation, le gaz propulseur s’évapore davantage, la vitesse des particules en suspension est ralentie et leur taille est réduite.

Avantages

L’usage d’une chambre à inhaler :

• pallie le défaut de coordination entre pression (main) et inspiration (bouche) responsable de la perte de produit, notamment chez les enfants et les personnes âgées ;

• diminue le dépôt oropharyngé du produit, en particulier les corticoïdes, responsables d’effets indésirables locaux (voix rauque, candidose…) ;

• augmente le dépôt intra-pulmonaire, donc l’action thérapeutique, car plus les particules sont fines, plus elles atteignent les poumons ;

• facilite l’utilisation lorsque le débit inspiratoire est insuffisant (en cas de crise d’asthme…).

Inconvénients

Encombrement, entretien, et charge électrostatique de certains matériaux plastiques, qui provoque une rétention de produit sur les parois et pourrait réduire l’inhalation du principe actif.

Modèles

Les chambres à inhaler existantes se distinguent par leur matériau et leur compatibilité avec les aérosols-doseurs disponibles sur le marché. Elles proposent des masques et embouts variables et sont d’un encombrement plus ou moins important (voir ci-dessous).

Conseil Porphyre : penser à en proposer une en cas de suspicion de mauvaise observance.

Choix du modèle

• Le matériau. Les chambres en métal (Vortex, où l’air circule en tourbillon) et en silicone (Itinhaler) sont présentées comme ayant moins d’effet électrostatique, donc générant moins de rétention de produit que celles en plastique. Les chambres et les masques commercialisés sont dépourvus de latex afin de limiter le risque d’allergie.

• La spécialité aéorosol. La majorité des chambres sont universelles, compatibles avec tous les aérosols-doseurs. Seule Babyhaler ne s’utilise qu’avec les produits du laboratoire GSK : Ventoline, Bécotide, Flixotide, Serevent et Seretide.

• L’âge du patient. Il oriente vers un masque ou un embout car, généralement, le corps de la chambre est le même quel que soit l’âge. Chez l’enfant dès 6 ans et l’adulte, on choisit l’embout buccal. Pour faciliter l’utilisation, un masque facial étanche est recommandé jusqu’à 6 ans ; il couvre nez et bouche chez ceux qui ne savent pas inspirer uniquement par la bouche. Il existe différentes tailles selon l’âge et des modèles ludiques (coccinelle…) pour favoriser l’acceptation.

Certains modèles proposent des masques pour les adultes qui ne peuvent serrer convenablement l’embout buccal. Vortex Trachéo propose de plus un embout adapté aux trachéotomies.

• L’encombrement. Des chambres souples et compactables (ex. : Intihaler) ou de petite taille (ex. : Pocket Chamber) sont particulièrement adaptées aux patients « nomades ».

Utilisation

• Nettoyer la chambre d’inhalation avant la première utilisation (voir Entretien).

• Monter la chambre d’inhalation en emboîtant l’embout buccal ou le masque et, si elle existe, la bague de raccordement. Placer l’aérosol ouvert dans l’orifice opposé après l’avoir agité fermement pour remettre le produit en suspension.

• Tenir la chambre à l’horizontale, appliquer le masque facial sur la bouche et le nez chez les enfants en bas âge, de façon hermétique, ou placer l’embout buccal en l’entourant des lèvres.

• Presser une fois l’aérosol puis inspirer doucement et profondément une fois ou, plus facile chez les enfants, respirer calmement dans la chambre ; laisser en place le temps de cinq cycles à dix inspirations/expirations en comptant les mouvements de la valve. Si possible retenir sa respiration quelques secondes après la ou les inspirations.

Attention : ne pas inspirer trop vite ni trop fort, aucun sifflement ne doit être perceptible au cours de l’inspiration. Certains modèles proposent un système de signal sonore lorsque l’inspiration est trop brutale (voir tableau). Vérifier que les valves sont bien mises en place à plat et en mouvement lors de l’inspiration, et expiration si valve bidirectionnelle.

• Si la posologie est de deux bouffées, ne pas presser deux fois l’aérosol mais renouveler l’opération après quelques minutes d’attente. De même si un autre aérosol doit être utilisé. Conseil : si bêta-2 mimétique de courte durée d’action, le faire avant un corticoïde ; s’il est de longue durée, cela n’a pas d’importance.

• Enlever l’embout buccal et le nettoyer avec un chiffon propre et doux, puis remettre les éléments dans la boîte ou sacoche de rangement fournie. Tenir hors de portée des enfants.

• Rincer la bouche et le visage si usage d’un masque après utilisation d’un corticoïde, ce qui évite des effets indésirables locaux.

Entretien

Rythme

Nettoyer en moyenne une fois par semaine chambre et masque/embout. Remplacer régulièrement les valves, notamment lorsqu’elles sont déformées ou moins souples ; selon les fabricants, un jeu de rechange est fourni et/ou des valves de rechange sont vendues séparément.

Méthode

Détacher les parties et, si c’est possible, ouvrir le corps de la chambre en deux (Able Spacer, Tips- Haler…), puis laisser tremper 15 minutes l’ensemble dans de l’eau tiède avec du produit vaisselle sans frotter les parois, ce qui augmenterait la rétention des particules. Des études montrent que les tensio-actifs du produit vaisselle diminuent l’effet électrostatique des chambres en plastique ; il est donc conseillé de ne pas les rincer à l’eau claire mais de les laisser sécher à l’air libre puis de les ranger à l’abri de la poussière (pas de torchon pour les mêmes raisons). Certains fabricants préconisent une stérilisation occasionnelle à froid par pastilles (L’espace) et/ou par ébullition (Vortex) ; se reporter à la notice fournie. À noter : les chambres en plastique s’opacifient au fur et à mesure des lavages sans que leur efficacité soit remise en cause.

Législation

Prescription

Seul un médecin peut les prescrire.

Inscription à la LPP

Les chambres d’inhalation, masques et valves de rechange sont des dispositifs médicaux inscrits à la LPP : DM pour traitements, aides à la vie, aliments et pansements → DM, matériels et produits pour le traitement de pathologies spécifiques → DM pour traitement des maladies respiratoires et oto-rhino-laryngologiques → Autres DM pour le traitement de l’insuffisance respiratoire → Chambres d’inhalation.

Prise en charge LPPR

Le matériel est proposé uniquement à l’achat. Il n’y a pas de prix de vente limite au public, un dépassement à faire payer est donc possible. Les montants pris en charge sans entente préalable sont les suivants.

• Chambre d’inhalation, respiratoire, pour enfant avant le sixième anniversaire (avec masque) : 18,14 € ; au-delà (sans masque) : 8,84 €.

• Valve de rechange : 5,03 €.

• Masque avec ou sans embout : 6,86 €.

Pour une nouvelle prise en charge (renouvellement), un délai de six mois minimum est nécessaire, y compris pour les valves.

Mémento de la délivrance

→ Substitution de marque interdite sauf autorisation du prescripteur.

→ Vérifier la compatibilité de l’aérosol avec la chambre (Babyhaler).

→ Choix du bon modèle : type et taille de l’embout buccal selon l’âge du patient ou ses capacités physiques.

→ Première délivrance : expliquer le montage de la chambre et son utilisation avec un aérosol factice.

→ Une seule bouffée d’aérosol par prise, à renouveler si besoin après quelques minutes.

→ Informer sur l’entretien (règles et rythme).

→ Prise en charge : selon tarif de la LPPR, pas de prix de vente réglementé ; renouvellement chambre et accessoires dans un délai minimum de six mois.

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