Savoir
l’ordo
Auteur(s) : Anne-Gaëlle Harlaut
Consulté quatre jours plus tôt pour Léo, 5 ans, le médecin a diagnostiqué une varicelle et prescrit un traitement symptomatique et un antiseptique.
Aujourd’hui, le praticien ajoute un antibiotique par voie orale en raison d’une légère fièvre (38 °C) et de pus au niveau des lésions croûteuses de la nuque. Il prescrit à nouveau un flacon d’antiseptique.
Dr B.
Généraliste
Léo P.
5 ans, 1,20 m, 22 kg
Aerius 0,5 mg/5 ml sol. buvable
2,5 ml 1 fois par jour si démangeaisons.
Doliprane 300 mg sachets
Si fièvre, 1 sachet par prise, à renouveler si besoin après 6 heures.
Diaseptyl
En application locale, 1 fois par jour.
Amoxicilline/acide clavulanique 100 mg/12,50 mg par ml Enfants
Une dose 22 kg matin, midi et soir pendant 7 jours.
L’ordonnance est conforme.
Cette ordonnance prend en charge la varicelle chez un enfant immunocompétent avec des signes de surinfection localisée des lésions. La varicelle est la primo-infection due à l’herpès virus VZV (varicella zoster virus). Hautement contagieuse, l’infection se transmet par voie respiratoire (gouttelettes de salive) ou par contact direct avec les lésions. Principalement infantile, elle est contractée par 90 % des enfants avant l’âge de 10 ans.
La varicelle débute par une fièvre en général inférieure à 38 °C, avec éventuellement des céphalées et/ou douleurs abdominales qui précèdent de 24 à 48 heures l’éruption souvent prurigineuse. Les papules érythémateuses évoluent en quelques heures en vésicules séchant en quelques jours ; les croûtes tombent après sept jours environ. L’éruption, d’étendue variable, évolue par poussées, souvent d’abord localisées à la tête et au visage, puis au corps (torse, parties génitales…).
La varicelle est généralement bénigne avec une guérison spontanée en dix jours environ, mais des complications peuvent survenir dans 2 à 4 % des cas : cutanées (infections bactériennes), neurologiques (méningo-encéphalites, cérebellite, syndrome de Reye qui est une encéphalopathie aiguë favorisée par la prise d’aspirine), pneumopathies.
Le risque de complications augmente chez le nourrisson, l’adulte et l’immunodéprimé. Si une femme enceinte non immunisée est infectée, il existe un risque de foetopathie grave ou de varicelle néonatale. Sur 700 000 cas de varicelle par an en France, on recense 3 000 hospitalisations et 20 décès.
L’anti-histaminique lutte contre les démangeaisons qui altèrent souvent le sommeil et provoquent des lésions de grattage susceptibles de se surinfecter.
Le paracétamol est prescrit notamment si la fièvre est supérieure à 38 °C et mal supportée.
L’antiseptique local prévient les surinfections. Si ces dernières sont traitées par un antibiotique oral, il n’est pas systématiquement préconisé.
Une antibiothérapie orale à la fois antistaphylococcique et antistreptococcique est recommandée pour traiter les surinfections cutanées locales bénignes.
Cet antihistaminique H1 d’action prolongée non sédatif s’oppose aux effets de l’histamine sans diffuser dans le système nerveux central. Il est prescrit ici pour son effet antiprurigineux.
Analgésique et antipyrétique d’action centrale et périphérique prescrit ici pour lutter contre la fièvre, si besoin.
Antiseptique local bactéricide à large spectre efficace sur les germes Gram+, à moindre degré sur les Gram- et fongicide sur Candida albicans, prescrit ici pour éviter les surinfections des lésions.
Association antibiotique couvrant la majorité des infections cutanées et des tissus mous contenant une pénicilline (amoxicilline), qui inhibe la biosynthèse de la paroi cellulaire bactérienne, et un inhibiteur de la bêta-lactamase (acide clavulanique), qui évite l’inactivation de l’amoxicilline par les bêta-lactamases produites par les bactéries résistantes.
Rappeler les règles et chasser les réflexes inappropriés, notamment les AINS.
Poursuivre l’antibiotique oral même en cas d’amélioration. Mettre en garde contre l’emploi d’antiseptiques locaux sur une peau lésée (risque d’allergie) et de tout autre topique.
S’assurer qu’aucun membre de l’entourage non immunisé n’est à risque de varicelle grave et aiguiller en conséquence. Informer sur les mesures en collectivité
« Le médecin a prescrit un antibiotique car les lésions grattées ont dû se surinfecter. Il faudra le prendre une semaine » et « N’appliquez pas Diaseptyl sur les lésions surinfectées ». « Avez-vous dans votre entourage des personnes qui n’ont pas eu la varicelle ? » permet d’informer sur la contagiosité et /ou la vaccination.
→ L’antibiotique soigne la surinfection probable des lésions par une bactérie et doit être poursuivi pendant sept jours.
→ Aerius calme les démangeaisons et Doliprane lutte contre la fièvre. Ils ne sont nécessaires que si ces signes persistent.
→ Le spray prévient les surinfections des lésions. Il n’est pas absolument nécessaire puisqu’un antibiotique oral est prescrit. En tout cas, éviter de l’appliquer sur les lésions surinfectées.
→ Aerius : 1 pipette de 2,5 ml au coucher si les démangeaisons persistent.
→ Doliprane : diluer 1 sachet dans un peu d’eau, de lait ou de jus de fruits, remuer, puis faire boire. À renouveler si besoin au bout de 6 heures, sans dépasser quatre sachets par jour.
→ Diaseptyl : pulvériser directement sur les lésions non surinfectées, après lavage et séchage, une fois par jour.
→ Amoxicilline/acide clavulanique : ajouter de l’eau non gazeuse jusqu’au trait, bien agiter. Employer la pipette graduée en respectant une dose 22 kg trois fois par jour, au début d’un repas. Conserver au réfrigérateur après reconstitution ; agiter à chaque utilisation.
→ Aerius : en usage ponctuel, diarrhée, fièvre, insomnie surtout chez les moins de 23 mois.
→ Doliprane : rares.
→ Diaseptyl : risque d’allergie locale (eczéma de contact), voire générale, majoré lors d’emploi sur peau lésée comme les lésions surinfectées de Léo.
→ Amoxicilline/Acide clavulanique : nausées, vomissements, candidoses, selles molles, douleurs abdominales, voire allergies (éruptions, oedème de Quincke…).
→ Si les lésions sont suintantes, se creusent, s’étendent ou si la fièvre persiste, reconsulter. Idem en cas de diarrhée importante, de douleurs abdominales, voire de sang dans les selles qui impose l’arrêt de l’antibiotique (risque de colite pseudomembraneuse ou hémorragique).
→ Toilette : deux fois par jour pour éliminer les matières organiques. Préférer la douche pour éviter la macération. Sécher en tamponnant avec un linge propre à ne pas partager avec la famille. Couper les ongles courts pour éviter les lésions de grattage et surinfections.
→ Soin des lésions : aucun topique hormis l’antiseptique sur les lésions non infectées. Ne pas se gratter pour éviter les cicatrices.
→ Automédication : pas d’aspirine, qui favorise la survenue du syndrome de Reye, rare mais grave, ni d’AINS, dont l’ibuprofène, mis en cause dans l’apparition de complications graves comme la fasciite nécrosante.
→ Collectivité
→ Contagion : le contact avec les enfants immunodéprimés et les adultes non immunisés à qui l’on recommande une vaccination (voir encadré), ainsi que les femmes enceintes sans antécédents de varicelle et les nourrissons. En cas de contact, inciter ces populations à consulter un médecin.
Conseiller un syndet avec tensio-actifs préférables aux savons : Aderma, Xémose syndet, Lipikar surgras…
(1) Guide des conduites à tenir en cas de maladie transmissible dans une collectivité d’enfants, Conseil supérieur d’hygiène publique de France, mars 2013.
« J’ai eu la varicelle, est-ce que je peux faire un zona ? »
Non, le zona ne s’attrape pas au contact d’un enfant qui souffre de varicelle, mais correspond à une réactivation du virus, qui reste « caché » dans l’organisme et vous confère une immunité durable. Cette réactivation est un phénomène qui intervient notamment en cas de baisse d’immunité.
« Mon père, qui a fait un zona, a eu des antiviraux. Pourquoi pas Léo ? »
Dans la varicelle, les antiviraux ne sont indiqués qu’en injectable et pour les patients à risque de complications graves comme les femmes enceintes ou les personnes à l’immunité défaillante, ce qui n’est pas le cas ici.
La vaccination généralisée contre la varicelle des enfants à partir de l’âge de 12 mois n’est pas préconisée.
Les recommandations de vaccination concernent les personnes suivantes sans antécédent de varicelle ou dont l’histoire est douteuse : les 12-18 ans ; les femmes en âge de procréer mais non enceintes, contre-indication vaccinale ; la postexposition à partir de 12 ans ; les professionnels de santé et/ou en contact avec la petite enfance ; toute personne en contact étroit avec des immunodéprimés et enfants candidats à une greffe d’organe.
Le schéma vaccinal (Varilrix, Varivax) comprend deux doses espacées de quatre à huit semaines ou de six à dix semaines selon le vaccin utilisé et l’âge du patient.
Source : Calendrier des vaccinations et recommandations vaccinales 2014.
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